Du bois importé par des entreprises de l’Union européenne présente un «risque élevé» d’être issu de la déforestation de la partie indonésienne de Bornéo, révèle un rapport mardi, au moment où des ONG pressent Bruxelles de faire entrer en vigueur sa loi contre la déforestation.

Le rapport des ONG britannique Earthsight et indonésienne Auriga Nusantara s’est focalisé sur les plus importants acheteurs indonésiens de bois provenant de la déforestation de l’île. D’après ce document, tous ces acteurs comptent parmi leurs clients des entreprises européennes, et il existe un «risque élevé» pour que les importations de ces dernières contiennent du bois de forêts déboisées. Au total, les principaux clients européens (essentiellement des Pays-Bas, de Belgique et d’Allemagne) ont commandé plus de 23.000 mètres cubes de produits du secteur du bois, comme des terrasses et du contreplaqué, en Indonésie en 2024. Les entreprises citées – Dekker Hout, International Plywood BV, Seiton BV, Kurz KG, Fepco International et Impan GmbH – n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.


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Biodiversité extrêmement riche

Les ONG notent que leur mention «ne signifie pas nécessairement qu’on a confirmé qu’elles utilisent du bois issu de la déforestation, mais plutôt que, selon nous, leur approvisionnement en bois présente un risque élevé et mérite un examen». L’Indonésie fait partie des pays qui abattent le plus de forêts au monde, au profit du commerce du bois, des plantations d’huile de palme et de l’extraction minière. La déforestation s’y est accrue en 2024 pour la troisième année consécutive, selon l’ONG Auriga Nusantara. Les forêts indonésiennes restantes abritent une biodiversité extrêmement riche et constituent des habitats essentiels pour de nombreuses espèces menacées, ainsi que d’importants puits de carbone.

Le mois dernier, la Commission européenne a proposé de reporter à fin 2026 l’entrée en vigueur de sa loi visant à interdire la commercialisation en Europe de produits comme le bois et l’huile de palme quand ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020 – un texte notamment critiqué par l’Indonésie. Pour les ONG à l’origine du rapport, leur travail «démontre» que ce texte est «nécessaire de toute urgence» pour «mettre un terme à la complicité de l’Europe dans la destruction des forêts tropicales».