Le troisième volet de la saga TRON, intitulé TRON : Ares, confirme son statut d’échec commercial. Produit par Disney, ce film de science-fiction, réalisé par Joachim Rønning et porté par Jared Leto, accuse des pertes estimées à plus de 132 millions de dollars. Au-delà des chiffres, cet insuccès interroge sur les défis des franchises historiques et les choix de production dans un marché cinématographique volatile.

Les contours d’un budget sous-estimé

Les coûts de production nets de TRON : Ares s’élèvent à 220 millions de dollars, bien au-dessus des estimations initiales de 170 à 180 millions. Tourné à Vancouver avec des crédits d’impôt canadiens, le film a également engendré 102,5 millions en dépenses publicitaires mondiales, incluant des activations spectaculaires comme des cascades au Comic-Con de San Diego, des expositions de motos lumineuses et un concert laser de Nine Inch Nails à la première de Los Angeles, qui a fermé Hollywood Boulevard. Ajoutez 10,8 millions en frais divers et 14,2 millions en redevances, pour un total de 347,5 millions de dollars investis.

Courtoisie de Disney

Face à cela, les recettes projetées, sur une base d’un box-office mondial final de 160 millions, ne couvrent que 214,8 millions : 72,2 millions en locations théâtrales, 37,6 millions en divertissement à domicile, près de 100 millions en télévision mondiale et 5 millions via les compagnies aériennes. Le déficit net s’établit ainsi à 132,7 millions. Le premier week-end a été maussade. À la fin de sa deuxième semaine d’exploitation, le cumul mondial atteint 103 millions, avec un week-end domestique de 11,1 millions aux États-Unis – une chute de 67 % par rapport à l’ouverture de 33,2 millions, inférieure aux 40 millions espérés.

Une franchise en perte de vitesse

La saga TRON, née il y a 43 ans, peine à retrouver son élan. L’original des années 1980 avait été un flop en salles avant de gagner un statut culte en vidéo. Le revival de 2010, TRON : L’Héritage, avait rapporté 400 millions mondialement, un an après AVATAR, premier du nom, mais sans éclat spectaculaire. Pour Ares, les critiques pointent un manque de vision claire. Un représentant de talents cité anonymement qualifie de « folie »  l’investissement d’un quart de milliard dans un film avec Jared Leto, sur une franchise inactive depuis quatre décennies.

Le scénario apparaît comme le maillon faible. Initialement prévu comme suite directe de L’Héritage avec Joseph Kosinski, il a évolué vers une invasion du monde réel par des programmes. Rønning, connu pour des films à budget modéré comme Kon-Tiki ou des blockbusters Disney tels Maléfique : Le Pouvoir du Mal ou Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, a poussé pour un nouveau script de Jez Butterworth (Le Mans 66), complété par des reshoots supervisés par Billy Ray (Captain Phillips). Malgré un CinemaScore de B+ (identique à L’Héritage) et 57 % de recommandations sur PostTrak, l’attrait reste limité : 70 % du public a plus de 25 ans, mais seulement 6 % entre 13 et 17 ans. Les 18-24 ans recommandent à 44 %, contre 71 % pour les Gen-X.

Des leçons tirées des échecs passés

Dans le genre sci-fi hors Star Wars ou Star Trek, les ouvertures se cantonnent souvent à 24-40 millions ; dépasser 50 ou 100 millions est rare. TRON : Ares illustre comment un bon scénario peut transcender ces barrières – comme Pirates des Caraïbes pour les films de pirates ou la saga Dune de Denis Villeneuve (1,1 milliard cumulé) après l’échec de 1984 (31,4 millions domestiques). En revanche, Blade Runner 2049 (2018, avec Leto également, 185 millions de coûts, 278 millions mondiaux) avait floppé malgré son pedigree.

Le casting, incluant Grace Lee et Jeff Bridges, n’a pas suffi à attirer les foules, bien que les controverses autour de Leto n’influencent pas les achats de billets. Proche du projet, certains y voient une promotion pour les attractions Disney : les attractions TRON attirent les plus longues files à Shanghai et Orlando, après Pirates des Caraïbes. La franchise n’est pas morte pour autant ; les sci-fi rebondissent souvent après des pauses, comme Alien ou La Planète des Singes. Mais ces deux dernières licences ont l’avantage de toucher peut-être davantage de public depuis leurs débuts.

Cet épisode souligne les risques pour Disney dans la relance de propriétés intellectuelles anciennes. Sans un récit captivant, même un univers visuellement innovant comme TRON peut s’éteindre en salles.

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