« À ce prix, le vendeur ne pouvait être honnête »

La représentante du ministère public relate : « Monsieur s’est rendu au commissariat de Mouscron pour dénoncer l’arnaque dont il venait de faire l’objet, car une notification était apparue sur l’iPad signalant que celui-ci avait été volé. Il s’agissait d’un modèle d’exposition dérobé à Bruges. Il fallait bien se douter qu’à ce prix-là, le vendeur ne pouvait pas être honnête. Le prévenu a affirmé qu’il s’y connaissait en informatique, donc il devait être au courant de la valeur d’un tel objet. » La magistrate estime qu’il y a suffisamment d’éléments pour déclarer les faits établis. Toutefois, elle reconnaît que l’homme n’a aucun antécédent judiciaire et qu’il ne s’est plus fait connaître de la police depuis. « De plus, les faits sont relativement anciens… », ajoute-t-elle. Elle suggère au tribunal de ne demander au prévenu qu’une simple déclaration de culpabilité, le condamnant à ne payer que les frais de justice.

Il ne connaissait pas les prix du marché

L’avocat de la défense plaide l’acquittement : « Bien que le montant payé est dérisoire, Monsieur travaillant que pour 30 euros par semaine, 200 euros représentaient une véritable fortune pour lui. Il suivait une formation en néerlandais, il avait besoin de matériel informatique pour ses cours, et c’est quelqu’un du centre qui lui a parlé de cette occasion. Mon client savait que le revendeur était aussi demandeur d’asile et qui, comme lui, n’était pas censé commettre d’infraction, c’était donc un gage de confiance. Sans oublier qu’en vivant dans ce centre et venant de Palestine, Monsieur n’avait pas la moindre idée – et c’était le cadet de ses soucis – de connaître les nouveautés d’Apple et leurs prix. » L’avocat a également insisté sur le fait que son client a collaboré dès le départ avec la police estimant qu’il était la victime d’une escroquerie.

La défense demande au tribunal de ne pas faire payer une deuxième fois ces faits au prévenu. « À cause de cette affaire, lui et son fils n’ont pas pu obtenir la nationalité belge », a ajouté l’avocat. Si l’acquittement ne peut être accordé, le conseil s’accorde subsidiairement sur la simple déclaration de culpabilité.

Le président du tribunal rendra son jugement le 24 novembre.