La cité de 60.000 habitants avant l’invasion à grande échelle concentre une partie des efforts russes depuis plusieurs mois. Sa perte pourrait ouvrir aux occupants la porte de la partie du Donbass encore sous contrôle ukrainien.

L’armée ukrainienne reconnaît, pour la première fois, des combats en cours dans le centre-ville de Pokrovsk, une ville de 60.000 habitants avant l’invasion à grande échelle, ancien hub logistique et véritable point de fixation depuis plusieurs mois. «Récemment, un groupe de reconnaissance et de sabotage ennemi a réussi à pénétrer dans le centre de Pokrovsk. Au cours de cette opération, les Russes ont, malheureusement, violé le droit humanitaire international et tué quelques habitants de la ville. Cela s’est produit dans le quartier de la gare», explique le 7e corps de déploiement rapide des forces aéroportées ukrainiennes dans une publication sur sa page Facebook, datée d’hier .

Une vidéo montre une frappe de drone sur un bâtiment. L’unité «a identifié l’ennemi et éliminé les occupants qui se cachaient actuellement dans l’un des locaux de la gare», annonce-t-elle. «Des groupes spéciaux effectuent un contrôle continu des points d’infiltration possibles dans la ville et patrouillent intensément dans la ville», ajoute-t-elle. Toutefois, elle reconnaît une situation militaire tendue. Les Russes auraient «considérablement augmenté le nombre de frappes de bombes KAB sur [les sites] logistiques en utilisant l’aviation». «372 bombes aériennes les 13-19 octobre contre 220 bombes aériennes les 6-12 octobre», décompte-t-elle.


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Situation «la plus tendue» à Pokrovsk

Volodymyr Zelensky a reconnu que la situation «la plus tendue» du front pour son armée se situe près des villes de Dobropillia et de Pokrovsk (région de Donetsk), dans son allocution de fin de semaine dernière. «Les Russes ont surtout exercé une pression constante qui commence à payer. Les Ukrainiens seront obligés de reculer s’ils ne veulent pas être enfermés dans une nasse russe. La décision est désormais politique», avance une source militaire, pourtant souvent prudente. Pokrovsk servait de hub logistique pour l’armée ukrainienne dans les combats du Donbass. Les Russes n’ont eu de cesse de progresser depuis plusieurs mois afin de l’encercler. Pour l’heure, la ville se situe dans une «zone grise», un endroit dont la possession est difficile à attribuer tant les combats y sont intenses, bien que parfois irréguliers.

La Russie contrôlait déjà les plaines alentours de Pokrovsk, mais peinait à atteindre le centre-ville, plus facilement défendable en raison des bâtiments et du relief urbain plus propice à la défense. Une situation déjà rencontrée à Bakhmout en 2022-2023. En août, une percée surprise au nord, près de la ville de Dobropilla avait surpris les Ukrainiens, car les Russes entraient alors dans une zone où les défenses étaient moins importantes. Kiev avait dû dépêcher en urgence des unités pour repousser ces différents groupes. Si la situation au nord avait pu être stabilisée, au sud les Russes ont avancé difficilement mais sûrement dans les localités de Pishchane, Zvirove, puis Shevchenko.

Plus généralement, les Russes se concentrent également sur la ville de Kostiantynivka, à cinquante kilomètres au nord. La prise de cette dernière ouvrirait la porte de Kramatorsk et Sloviansk, deux cités de plus de 100 000 habitants avant la guerre, et donc au contrôle de la quasi-totalité du Donbass, un objectif stratégique pour Vladimir Poutine. Dans l’appel téléphonique qu’il a demandé à Donald Trump jeudi, il a proposé un accord. Les exigences russes sont sévères : Kiev doit abandonner tout le Donbass qu’elle contrôle encore en échange d’un gel de la ligne de front au Sud. Les deux présidents ont prévu de se retrouver à Budapest, ville où fut signé un mémorandum en 1994 où la Russie s’engageait à respecter les frontières ukrainiennes.