Cinq heures de chirurgie d’urgence n’y ont rien fait. Spike, croisé border collie de 4 ans, a succombé à ses blessures le 11 juin dernier sur la table d’opération de la vétérinaire de la SPA Marseille Provence, dans le 11e arrondissement de Marseille. Et depuis, les bénévoles de l’association de protection animale de La Valentine ne décolèrent pas.
Quatre mois plus tard, Yvan, responsable communication et enquêteur à la SPA de Marseille, ne se remet pas de cette « affaire d’une cruauté inqualifiable », survenue à Allauch au printemps dernier, qu’il n’hésite pas à qualifier « d’exécution commanditée » et qui sera jugée devant le tribunal correctionnel de Marseille en janvier prochain.
Le 11 juin dernier, des agents forestiers débroussaillent aux abords de la route des Termes lorsqu’ils ont entendu deux détonations avant d’apercevoir un chien, manifestement blessé, détaler dans les fourrés et deux hommes, fusil à la main, remonter précipitamment dans un véhicule. Les agents relèvent la plaque d’immatriculation, découvrent « la scène de crime initiale » – une laisse accrochée à un arbre – et préviennent la police municipale qui alerte à son tour la SPA.
Criblé de chevrotine
Vingt minutes plus tard, c’est terré dans les ronces qu’Yvan découvre un chien blessé, criblé de balles. Plus tard, la vétérinaire et ses assistants comptabiliseront plus de 250 plombs de chevrotine dans la tête et la colonne vertébrale de Spike.
La SPA dépose plainte contre les deux tireurs suspectés et identifie la propriétaire du malheureux animal grâce à sa puce. De son côté, la police, qui a retrouvé et entendu les deux hommes, manifeste son intention d’assister à la visite de la propriétaire à la SPA. Yvan se rappelle avoir vu arriver à la Valentine « une quinquagénaire ‘madame-Tout-le-Monde’, bonne situation, directrice de projet dans une grosse entreprise, éplorée en apprenant la mort de son chien qu’elle nous a dit avoir perdu deux jours plus tôt, lors d’une balade dans le parc de Pichauris. On l’a même prise dans nos bras pour la consoler ! ».
De l’affaire, récupérée par le commissariat du 12e arrondissement de Marseille, les bénévoles de la SPA n’entendent plus parler pendant plusieurs mois. Jusqu’à ce coup de fil du policier référent « maltraitance animale » qui leur révèle « l’impensable » : la propriétaire de Spike est passée aux aveux, elle aurait commandité l’assassinat de son chien par deux braconniers, parce qu’il l’avait mordue.
« Les border collies sont une race de chiens réputés adorables, c’est peu crédible, estime Yvan. Et quand bien même il aurait mordu sa maîtresse, il y a une centaine d’associations de protection animale dans les Bouches-du-Rhône auxquelles le chien aurait pu être confié. J’aurai préféré qu’elle l’attache au portail en bas de la SPA, plutôt que de mettre au point toute une organisation pour faire abattre un pauvre chien qui était gentil comme tout ».
Les prévenus seront jugés en janvier
Le 8 octobre dernier, la quinquagénaire et un ami qui aurait joué le rôle de coordinateur, devaient être jugés en comparution immédiate pour sévices graves et actes de cruauté sur un animal domestique ayant entraîné la mort.
Mais les prévenus ont demandé un délai pour préparer leur défense et ce sera finalement le 8 janvier prochain que le procès aura lieu, « cette fois-ci en présence des 4 personnes impliquées dans la mort de Spike », espère Yvan dont l’association sera représentée par Camille Morin. L’avocate ne manquera pas de rappeler que la propriétaire de Spike et ses complices suspectés encourent jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.