Par
Valentine Gaxieu
Publié le
21 oct. 2025 à 19h48
Dans un entretien publié le vendredi 12 septembre 2025, le maire de Castanet-Tolosan, Xavier Normand (les Écologistes), affirmait à Voix du Midi Lauragais que « le collectif citoyen » dont il fait partie comptait se représenter aux municipales de 2026, bien qu’une liste n’ait pas encore été constituée. Mais ces derniers jours, une nouvelle candidature s’est dévoilée par le biais d’une distribution de tracts : celle de Jordan Puissant. Cet avocat de 31 ans est déjà connu dans le paysage politique local. En 2020, il avait intégré la liste Engagé (e) s pour Castanet, conduite par Véronique Maumy, ce qui lui a valu un siège dans l’opposition. Six ans plus tard, il se lance à son tour dans la course. Bilan, liste, projets pour la commune… Il dévoile ses ambitions à la rédaction. Interview.
Qu’est-ce qui vous pousse à être candidat à la fonction de maire de Castanet-Tolosan ?
Jordan Puissant : Un groupe de travail s’est formé pour les municipales de 2026. Il fallait quelqu’un pour superviser, pour concilier tout le monde et j’ai été désigné par l’ensemble du groupe. J’ai accepté avec plaisir cette mission. J’ai envie d’être utile pour la ville, de servir les habitants. Après, je sais que ce n’est pas facile, c’est beaucoup d’investissement et on ne se lève pas le matin en se disant “Super, je vais être maire”. Il faut prendre en compte que c’est beaucoup de responsabilités. Je m’en sens capable et je sens que c’est le bon moment pour le faire.
C’est-à-dire un groupe de travail ? Une liste est-elle en train de se monter ?
J.P. : C’est un projet commun lancé par des élus des deux groupes de l’opposition, avec l’objectif de rassembler. On échange, on partage… Certains sont très investis en politique et d’autres n’ont jamais été élus. Mais l’idée n’est pas d’établir la liste tout de suite. Certains ne comptent pas s’engager mais veulent tout simplement nous aider, nous soutenir. Tout le monde est le bienvenu dans ce groupe de travail. On aimerait aussi l’ouvrir aux jeunes, qui n’osent pas toujours s’investir en politique locale par manque de temps ou parce qu’ils voient ça comme une tâche ardue. À terme, on se mettra d’accord sur les 33 membres de la liste.
Marie-Laure Sicot (élue de l’opposition qui s’engagera auprès de Jordan Puissant en 2026 et était présente lors de cet entretien) : J’ai effectivement appuyé sa candidature car ça fait cinq ans que l’on travaille ensemble, et c’est un très bon candidat responsable et mature du haut de ses 31 ans. Puis il a une formation juridique très poussée, ce qui peut être utile lorsque l’on est maire.
Même si la liste n’est pas constituée, il est clair que certains membres des autres groupes d’opposition y figureront. Avez-vous vraiment envie de travailler ensemble ou est-ce une forme d’alliance pour avoir plus de chances de gagner les élections ?
Pour être totalement transparent, chacune des anciennes listes [de l’opposition] avait commencé à y songer chacune de son côté, car on avait tous la même ambition : celle se servir les Castanéens. C’est en discutant de façon plus concrète entre nous que l’on s’est dit “ne faisons pas la même erreur qu’en 2020, unissons-nous”.
En parlant de 2020, la liste de Véronique Maumy, dans laquelle vous figuriez et qui était soutenue par le maire sortant de l’époque, est arrivée dernière des suffrages au premier et au second tour. Pour vous, qu’est-ce qui vous a manqué et comment comptez-vous convaincre les habitants cette fois ?
Ce qu’il nous manquait ? L’union ! Après, il faut prendre en compte que les élections municipales se sont faites en plein Covid, et le taux d’abstention a dépassé les 50 %. Ce qui est énorme pour Castanet. Par ailleurs, la division ne nous a pas aidés. Ce qui change cette année, c’est que nous sommes dans l’idée de partir unis pour représenter toutes les sensibilités, dont celles oubliées par la majorité.
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La future liste sera-t-elle sans étiquette ?
J. P. : Oui, car on fait l’union avec des personnes aux opinions politiques différentes. Puis souvent, je trouve que lorsqu’on part avec une étiquette politique, des questions politiques nationales cristallisent des oppositions qui n’ont pas lieu d’être. On doit se concentrer sur ce que les Castanéens attendent de nous. C’est exactement ce que l’on retrouve dans des Communautés de communes ou d’agglomération, vous avez des personnes qui dirigent ces instances avec des opinions politiques pourtant très différentes, mais avec une même idée, celle de rassembler.
Il est encore tôt pour parler d’un programme mais les grands axes de votre compagne sont probablement déjà réfléchis ?
J. P. : Bien sûr, et ils sont indiqués sur le tract que nous avons déposé dans les boîtes aux lettres. Il y a tout d’abord la question de l’imposition. Les Castanéens payent trop d’impôts [Castanet-Tolosan est la seule commune des 586 de la Haute-Garonne à franchir le seuil symbolique du taux d’impôt sur le foncier bâti à plus de 60 %, NDLR] et il faut réduire les dépenses des charges générales. Elles ont augmenté d’environ 30 % durant les six dernières années. Certaines choses s’expliquent, mais d’autres relèvent d’une légèreté, peut-être, de la gestion financière par la municipalité actuelle. Je souhaiterais aussi renforcer la sécurité des habitants en donnant plus de moyens à la police municipale et en développant la vidéoprotection. Enfin, il y a un réel travail à faire sur la circulation pour faciliter la vie quotidienne des riverains. Il y aura des discussions à avoir avec le Sicoval pour les axes qui relient Labège et Ramonville-Saint-Agne, qui sont toujours bouchés. Puis nous reverrons le plan de circulation mis en place par la majorité, car des sens uniques ont été instaurés au profit de pistes cyclables, et certains riverains sont aujourd’hui impactés. La majorité actuelle a misé sur la mobilité douce, mais a fait une ville comme elle l’entend, et non pas comme les Castanéens la veulent. Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas de piste cyclable, c’est bien d’en faire et d’ailleurs nous continuerons de suivre le schéma intercommunal, mais trop de monde a besoin de la voiture pour se déplacer, aller au travail. Et ce moyen de déplacement ne doit pas être remplacé.
Le contexte économique actuel impose aux collectivités de se serrer la ceinture. Est-ce quelque chose qui peut vous freiner ?
J. P. : D’un côté, je ne suis pas inquiet car quand j’écoute les citoyens, ils attendent que les personnes publiques montrent l’exemple sur la gestion des finances. La population veut qu’on gère son argent avec une extrême précaution. C’est d’ailleurs aussi un axe que l’on mettra en avant lors de la campagne, celui de prioriser l’existant, c’est-à-dire rénover les infrastructures de Castanet, au lieu de créer des dépenses inutiles. Par exemple, le coût de la construction de Castagora [médiathèque et centre social dont l’ouverture est prévue au printemps 2026, NDLR] s’élève à près de 7 millions d’euros. Je trouve ça regrettable que l’on mette une somme d’argent aussi énorme pour une infrastructure à usage limité. On souhaiterait rénover la piscine municipale, qui est un gouffre financier, les services publics qui répondent à l’usage de tous et les voiries car il y a des trottoirs dangereux, des trous et des routes où la mobilité est réduite. D’un autre côté, oui ça peut être inquiétant de savoir qu’il y aura à la fois moins de dotations de l’État et plus de compétences attribuées aux collectivités. Mais il y aura une interrogation de fond à avoir ; est-ce utile d’intervenir partout et dans ces cas-là, d’augmenter les impôts ? Moi, je ne pense pas.
Souhaitez-vous poursuivre certaines initiatives de la majorité ?
J. P. : La majorité a monté une politique d’achat systématique des parcelles en vue de créer un espace naturel, nous trouvons que c’est une bonne idée et nous avons des projets qui pourraient naître là-bas. Elle a aussi l’idée de créer un parc à côté de l’ancienne mairie, en plein centre. On ira aussi dans ce sens en étendant même, un petit peu, le parking qui est déjà existant. La municipalité a aussi travaillé sur la démocratie participative, avec des résultats très contrastés. Nous ne partirons pas sur un abandon pur et simple mais nous souhaitons améliorer certaines choses. Les instances extra-municipales ont été multipliées, ce qui n’est pas un bon message car ça a limité nos capacités de s’exprimer. Les habitants nous ont fait remonter que ces réunions accueillaient toujours les mêmes personnes. On va retravailler tout ça.
Même s’il n’est pas encore terminé, comment avez-vous vécu ce mandat en tant qu’élu de l’opposition ?
J. P. : La majorité gouverne par idéologie. Il n’y a pas de discussions, pas de réponses aux attentes. En tant qu’élu de l’opposition, nous ne sommes jamais écoutés. C’est un rôle difficile car nous sommes une sorte de « caisse de résonance » ; on parle, mais il ne se passe rien. C’est frustrant car nous n’avons aucun impact sur les décisions prises.
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