Le gouvernement britannique fait face à un nouvel avertissement budgétaire. Selon des chiffres publiés mardi par l’Office national des statistiques (ONS), le déficit public du Royaume-Uni s’est encore creusé en septembre, accentuant la pression sur la chancelière de l’Échiquier Rachel Reeves à quelques semaines de la présentation de son premier budget, attendu le 26 novembre.

Entre avril — début de l’exercice budgétaire — et septembre, le déficit cumulé atteint près de 100 milliards de livres sterling (115 milliards d’euros), un niveau supérieur aux prévisions de l’Office for Budget Responsibility (OBR). L’ONS souligne qu’il s’agit là du « deuxième plus haut niveau d’emprunts » sur la période « depuis le début des relevés mensuels en 1993, après celui de 2020 », année marquée par la pandémie.

Sur le seul mois de septembre, le trou s’est encore élargi à 20,2 milliards de livres (23 milliards d’euros). Dans le même temps, la dette publique atteint 95,3 % du PIB, selon le rapport mensuel de l’ONS.

Une équation budgétaire à haut risque

Pour Rachel Reeves, la tâche s’annonce particulièrement ardue : équilibrer les comptes sans étouffer une économie en perte de vitesse. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement travailliste de Keir Starmer en juillet 2024, plusieurs mesures de rigueur ont déjà été engagées, incluant des hausses d’impôts sur les entreprises et des coupes drastiques dans les dépenses publiques.

Le ministère des Finances assure néanmoins maintenir son cap : « Nous réduisons le gaspillage, améliorons l’efficacité et transformons nos services publics », a-t-il affirmé mardi dans un communiqué.

Mais les chiffres suggèrent une situation budgétaire plus dégradée que prévu. Selon Kathleen Brooks, analyste chez XTB, « Le Royaume-Uni n’est peut-être pas encore dans la situation de la France, mais il s’en rapproche. Le déficit budgétaire du Royaume-Uni s’élevait à 5,38 % au deuxième trimestre, contre 5,8 % pour la France ».

L’inflation, un fardeau pour la dette

Une part importante du dérapage s’explique par le bond des paiements d’intérêts sur la dette, en hausse de 66 % sur un an. Cette flambée s’explique par la structure même de la dette britannique, dont une partie est indexée sur l’inflation, repartie à la hausse depuis le début de l’année.

Le ralentissement économique complique encore la tâche du Trésor. La croissance, quasi stagnante depuis le printemps, ne permet pas d’espérer un redressement spontané des recettes fiscales.

Rachel Reeves a d’ailleurs reconnu, la semaine dernière, que le gouvernement « examine, bien entendu, la question des impôts et des dépenses », signe que de nouvelles hausses fiscales ou coupes budgétaires pourraient être à l’ordre du jour du budget de novembre.

Un test politique pour Keir Starmer

À un an des prochaines élections locales et dans un contexte de moral économique fragile, le budget Reeves s’annonce comme un test politique majeur pour le Premier ministre Keir Starmer. Entre exigences de rigueur et impératif de relance, le Royaume-Uni s’avance vers une fin d’année sous haute tension budgétaire.