Un nouvel atelier de maintenance rutilant de « 3 voies sur fosses et passerelles » pour les grosses réparations est sorti de terre, d’un côté du site. Un autre atelier incroyablement long (250 m !) a été construit de l’autre côté pour les opérations de maintenance plus légères qui peuvent être réalisées entre les périodes de pointe du matin et du soir.
Entre les deux, de nouveaux bâtiments accueillant des bureaux, des vestiaires pour les 150 agents de maintenance du site ou des locaux de stockages de matériel ont également vu le jour. Le hangar de dégraffitage et les voies de garage ont été modernisés. Et l’ensemble de ces équipements industriels ont été dotés d’outils de dernière génération, notamment dans le domaine de la maintenance prédictive…
« Une vitrine symbolique »
Bienvenue à Bagneux (Hauts-de-Seine) dans le nouveau centre de maintenance des trains de la ligne N, qui dessert les Yvelines et relie la gare Montparnasse aux terminus de Rambouillet, Mantes-la-Jolie et Dreux (en Eure-et-Loir). Un centre curieusement dénommé d’ailleurs « Technicentre de Trappes-Montrouge » par la SNCF.
Ce nouveau site industriel, qui a officiellement été inauguré ce mardi, fait office de « vitrine symbolique » du plan de renforcement des lignes ferroviaires desservant la grande couronne qui a été mis en place par Île-de-France Mobilités (IDFM, l’autorité organisatrice des transports régionaux). C’est en tout cas la façon dont Laurent Probst, le directeur général d’IDFM, a présenté l’achèvement du programme de modernisation de la ligne N que l’autorité organisatrice des transports franciliens a financé en totalité.
1,1 milliard d’investissement
Avec une fréquentation quotidienne de plus de 125 000 voyageurs, la ligne N avait besoin d’un « coup de jeune ». Lancé dès 2018, le programme de modernisation est d’abord passé par le renouvellement de l’intégralité du matériel roulant. Les anciennes rames ont progressivement été remplacées par un total de 73 Régio2N (des trains à 2 étages), déployés sur la ligne entre fin 2020 et début 2023.
Le programme d’adaptation des 5 ateliers de maintenance de la ligne aux nouvelles rames (dont des nombreux organes « vitaux » sont situés en toiture) avait été lancé simultanément. La mise en service, l’été dernier, de l’atelier de 250 m de long construit à Bagneux pour accélérer les « petites réparations du quotidien », a marqué la fin des opérations. Elles auront nécessité un investissement de 1,1 milliard d’euros (dont 800 millions pour l’achat des nouveaux trains et 110 millions pour la métamorphose du technicentre de Bagneux).
Les nouveaux ateliers sont adaptés aux nouvelles rames, notamment pour faciliter les interventions en toiture qui accueillent de plus en plus d’équipements.
Même si la ligne N rénovée avait connu quelques difficultés durant les premiers mois de fonctionnement des nouveaux trains, le « retour sur investissement » semble désormais au rendez-vous. « La ligne N est une référence pour nous », résume Christophe Fanichet, le PDG de SNCF-voyageurs.
Rappelant que la ligne a affiché un taux de ponctualité de 95,4 % en septembre dernier qui la place dans le peloton de tête des lignes les plus fiables du réseau. « C’est une régularité digne d’une ligne de métro », enchaîne Laurent Probst. « On peut même dire que la ligne N est maintenant plus ponctuelle que les trains suisses », conclut le directeur d’IDFM avec enthousiasme.
Ouverture à la concurrence
La maîtrise d’ouvrage de la (re) construction du technicentre de Bagneux a été assurée par SNCF-Voyageurs. Mais l’opérateur de transport n’est pas assuré de pouvoir exploiter ce « petit bijou » industriel ainsi que la ligne au 95,4 % de régularité pendant des années. Comme toutes les autres lignes ferroviaires d’Île-de-France, la ligne N (qui sera associée à la nouvelle micro-ligne V assurant la liaison Versailles-Massy) va prochainement être ouverte à la concurrence.
Selon le calendrier communiqué la semaine passée par IDFM, le futur opérateur choisi pour exploiter le lot « ligne N-ligne V » prendra ses fonctions en 2029. À partir de cette date, les Régio2N équipant la ligne V seront entretenus à Bagneux. Mais quid des quelques TER de la région Centre-Val de Loire pour l’instant entretenus au technicentre de Bagneux, si la SNCF perd le marché ? « Il faut demander à IDFM. Pour l’instant, nous n’avons pas le cahier des charges », note Christophe Fanichet, confiant dans les capacités de SNCF-Voyageurs à conserver la gestion de sa ligne « référence ».