L’ancienne secrétaire d’État américaine s’insurge contre le projet pharaonique du président Trump, qui fait démolir une partie de l’aile Est pour construire une salle de bal à 250 millions de dollars.
Lundi 20 octobre, les pelleteuses ont commencé à détruire une partie de l’aile Est de la Maison-Blanche pour faire place à une salle de bal de plus de 8000 mètres carrés, soit la surface d’un terrain de football. Le chantier, estimé à 250 millions de dollars, serait entièrement financé grâce à des fonds privés provenant notamment de «généreux patriotes et de superbes entreprises», tient à rassurer Donald Trump.
Mais pas de quoi éteindre la colère de ses détracteurs. «Ce n’est pas sa maison. C’est votre maison. Et il est en train de la détruire», a fustigé Hillary Clinton ce mardi sur X. L’ancienne candidate démocrate à la présidentielle a accompagné son cri de colère d’une capture d’écran du Washington Post montrant les équipes de démolition à l’œuvre sur la façade de l’aile Est.
À l’instar de Hillary Clinton, d’autres démocrates n’ont pas mâché pas leurs mots. Sur X, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, ironise : « Vous dites que le coût de la vie explose ? Donald Trump ne peut pas vous entendre par-dessus le bruit des bulldozers qui démolissent une aile de la Maison-Blanche pour construire sa nouvelle salle de bal.»
Une première depuis 1948
Entre sa future salle de bal à la Maison-Blanche et ses projets d’embellissement de la ville de Washington, Donald Trump, qui se rêve en président-bâtisseur, a lancé des chantiers d’une envergure inédite. L’ancien promoteur immobilier, qui a écrit son nom en lettres dorées sur moult hôtels de luxe, ne lançait-il pas en juillet «être doué pour construire des choses» ?
La construction de la salle de bal sera, en tout cas, le chantier le plus ambitieux depuis le début du XXème siècle au 1600 Pennsylvania Avenue. Trump justifie ce projet titanesque par la nécessité d’accueillir dignement les chefs d’État étrangers : «Ils ont voulu une salle de bal pendant 150 ans, et j’offre cet honneur à ce merveilleux endroit», a-t-il déclaré lundi lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche. Le président affirme que l’East Room actuelle, d’une capacité de 200 personnes, est insuffisante pour les grandes réceptions diplomatiques.
Depuis la dernière grande rénovation menée entre 1948 et 1952, sous Harry Truman, les présidents successifs se sont contentés de touches personnelles discrètes. Aucun n’a altéré le style cossu, sans ostentation de la Maison-Blanche, censé représenter la simplicité de la République américaine, à l’opposé des fastes des monarchies européennes d’antan.
Une équipe de démolition démonte la façade de l’aile est de la Maison-Blanche, où la salle de bal proposée par le président américain Donald Trump est en construction, à Washington, le 21 octobre 2025.
Jonathan Ernst / REUTERS
La Maison-Blanche à la sauce Trump
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a donné au bâtiment les accents clinquants de sa propriété la plus connue, celle de Mar-a-Lago en Floride. Il a changé la bucolique roseraie en patio couvert de grandes dalles claires, meublé de tables et chaises en ferronnerie blanche, surmontées de parasols à rayures jaunes et blanches – répliques du mobilier de Mar-a-Lago. La raison invoquée est qu’ainsi les femmes portant des talons ne s’enfonceront plus dans la pelouse.
Le président y a aussi fait installer une sono puissante et s’amuse parfois à passer ses tubes préférés à plein volume. Les journalistes à la Maison-Blanche ont ainsi entendu récemment, en pleine journée, les échos de «YMCA». Quant à la décoration rutilante du Bureau ovale, chargé de dorures et tableaux, elle donne lieu régulièrement sur les réseaux sociaux à des montages photo «Avant/Après» qui ravissent ses partisans autant qu’ils horrifient ses opposants.