Selon le Financial Times, l’expatriation n’est plus un projet marginal aux États-Unis : sous la présidence Trump, de plus en plus d’Américains, souvent hautement qualifiés, envisagent un départ.
Ainsi, 2 194 demandes de citoyenneté britannique ont été faites au deuxième trimestre 2025, soit une hausse de 50 % sur un an et un record depuis le début des statistiques. Celles de passeports irlandais ont culminé à 4 327 en février, leur plus haut niveau en dix ans. Pour les experts interrogés, ces chiffres révèlent une tendance nouvelle : “Au lieu de voir partir les gens peu qualifiés, ce sont désormais des personnes bien installées professionnellement qui quittent le pays”, constate Jen Barnett, cofondatrice de la société de conseil Expatsi.
Le quotidien britannique décrit des trajectoires concrètes. Sam Facas, un analyste de 33 ans, a quitté Washington pour Londres, convaincu que son avenir professionnel était menacé par les coupes budgétaires fédérales :
“Je savais que même si j’aimais mon travail et la voie que j’avais choisie, il serait plus sage de chercher d’autres débouchés professionnels. Je n’avais pas encore perdu mon emploi [mais] je devais regarder ailleurs si je voulais garder le contrôle sur ma vie.”
Le découragement face au climat politique domine. Vanessa, 39 ans, spécialiste de conformité financière à San Francisco, confie : “J’adore mon métier et je suis très fière de la carrière que j’ai bâtie… Mais les actions de l’administration actuelle sont très perturbantes et effrayantes.” Elle redoute particulièrement les politiques d’expulsion massive et le recours à la garde nationale dans plusieurs grandes villes.
La dimension économique complique cependant les projets. Le journal rappelle que “le salaire annuel moyen aux États-Unis avoisinait 83 000 dollars [70 600 euros] l’an dernier, contre 61 000 dollars [52 000 euros] en France”. Une différence qui surprend les candidats à l’expatriation, souligne Jen Barnett :
“Ils sont choqués à chaque fois : ils n’arrivent pas à croire à quel point les salaires sont plus bas.”
Reste que pour beaucoup, la sécurité et les valeurs l’emportent sur la rémunération. Omar, résident permanent venu de Tunisie, prépare un départ vers le Canada malgré la perspective de pertes financières : “Il y a des aspects positifs et négatifs à tout… Je suis prêt à accepter une baisse de salaire pour me sentir en sécurité.”
À travers ces témoignages, le Financial Times montre comment l’expatriation est devenue pour une partie des classes moyenne et supérieure américaines une stratégie de protection personnelle autant que de carrière professionnelle.