Par

Cédric Nithard

Publié le

22 oct. 2025 à 12h29

Les Écologistes pour Montpellier poursuivent, dans la joie et la bonne humeur, leur étonnante campagne des municipales. Pour ceux qui n’ont pas suivi, ces derniers, membres de la majorité et restant fidèles à celle-ci, ont été suspendus temporairement par leur parti pour justement mener cette campagne tandis que Jean-Louis Roumégas a été choisi par le groupe local pour conduire une liste portée par une stratégie anti-Delafosse. Et s’ils n’ont pas la volonté de présenter un candidat issu de leur groupe, ils continuent de défendre les politiques publiques impulsées durant le mandat et de mettre dans le débat leurs propositions, en « licence libre » comme dit Manu Reynaud qui poursuit « son pari du fond et des idées ».

Capitale de la démocratie alimentaire

Ainsi après « Grandir dehors » et « Marche à l’ombre », la thématique du jour portait sur « Bien manger dans son quartier ». Soit une quarantaine de mesures relatives à l’alimentation, un sujet qui englobe plusieurs enjeux et problématiques pris dans une approche transversale : santé, précarité, lien social, éducation, agriculture et bien sûr écologie. « Au niveau de la Ville et de la Métropole, nous agissons déjà mais nous voulons aller plus loin et développer des axes sur lesquels on est déjà engagés mais aussi de nouvelles propositions pour l’accès à une alimentation de qualité, le bien-vivre ensemble et la qualité de vie dans son quartier » explique Marie Massart pour qui le sujet n’est pas étranger en tant que déléguée à la Politique alimentaire et à l’agriculture urbaine depuis le début du mandat.

Quatre axes se dégagent dans les propositions des Écologistes pour Montpellier : des produits sains et accessibles dans tous les quartiers (création de dix maisons de l’alimentation, ouverture de lieux d’achat en gros pour les particuliers, accompagner les commerçants pour améliorer la qualité de leur offre sans hausse de prix et de coûts, création de 600 nouvelles parcelles de jardins familiaux…), la cuisine au coeur de la ville pour faire de la cuisine un levier de santé et de lien social (organiser un festival de cuisine de rue et des événements festifs avec des food-trucks, déployer des cuisines mobiles, créer des cuisines collectives…), la pédagogie comme levier de démocratie alimentaire (créer un Parlement de l’alimentation, créer de nouvelles habitudes en offrant des bons d’achat en Graine ou Mona lors des naissances et déménagement pour faire connaître les commerces de qualité, généraliser les jardins pédagogiques dans les écoles…) et, enfin, soutenir les paysans et structurer les filières de production locale (atteindre 100% de produits bio et locaux dans les cantines, crèches et Ehpad d’ici 2030, aménager trois agriparcs, créer un plan foncier agricole municipal, déployer un fonds de prêt à taux 0% aux entreprises innovantes de l’alimentaire et l’agroécologie…). Ces propositions seront par ailleurs complétées par le travail continu mené avec les militants, les associations et les chercheurs. Le tout ayant pour but de faire de Montpellier « la capitale de la démocratie alimentaire ».

Une Sécurité Sociale de l’Alimentation

« On ne part pas de rien. Dans ce début de campagne, certains sont au stade de trouver de nouvelles idées, nous on déroule quelque chose qui se passe depuis cinq ans » souligne Grégoire Delforge en rappelant le projet important de Cité de l’Alimentation pour repenser toute la restauration collective, la tarification sociale dans les cantines, l’amélioration de la qualité  des repas scolaires, les évolutions du Marché Gare avec notamment son pôle de transformation alimentaire.., les maisons de l’alimentation solidaire

Les mesures présentées avec « Bien manger dans son quartier » ont ainsi pour but de renforcer et élargir la Caisse Alimentaire Commune pour atteindre une forme de Sécurité Sociale de l’Alimentation. « Si demain, à l’image de la Sécurité Sociale mise en place en 1947, qui ne résout pas tout mais quand même énormément de problèmes autour de la santé, on avait tous une carte vitale avec l’alimentation, qui ne stigmatise pas les personnes comme aujourd’hui quand on va chez le médecin, cela peut être un vrai projet de société » ambitionne Marie Massart.

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À Montpellier, une esquisse de cette sécurité sociale de l’alimentation est déjà menée avec la Caisse Alimentaire Commune, porté par un réseau dont fait partie la Ville et la Métropole, auprès de 600 personnes (1 300 personnes en 2027) cotisant chacun à hauteur de leurs moyens. Un comité de citoyens a déterminé différents commerces où chaque bénéficiaire peut y dépenser l’équivalent de 100€ en monnaie locale (Graine ou Mona) pour une alimentation de qualité. « Derrière l’idée de l’alimentation, il y a celle de pousser de nouveaux droits. La Sécurité Sociale de l’Alimentation et la Caisse Alimentaire Commune sont des expérimentations uniques. C’est ça pousser de nouveaux droits, c’est faire de la politique et s’interroger sur notre modèle de société » souligne Manu Reynaud qui imagine faire de la Sécurité Sociale de l’alimentation un « marqueur dans la campagne mais également pour la Présidentielle ».

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Le rassemblement toujours espéré

« Nos initiatives sont un peu uniques dans le paysage des précampagnes municipales. Beaucoup parlent de projets sans jamais en annoncer, on parle beaucoup des logos, des alliances… Nous, nous avons fait le pari inverse » pointe Manu Reynaud. Tandis que les Écologistes, version officielle, vogue avec Jean-Louis Roumégas, le président du groupe des écologistes au conseil municipal pose une question aux Verts dont il a été exclu : « Il n’y a pas eu d’écologistes dans les mandats 2008-2014 et 2014-2020 et cela s’est ressenti dans les politiques publiques. Alors comment fait-on pour avoir des écologistes dans la majorité ? ». Et même si en tant que directeur de campagne de Clothilde Ollier puis de Coralie Mantion, les deux candidates écologistes qui se sont succédé lors de la précédente municipale, on ne peut pas dire que la stratégie pour y parvenir soit un modèle du genre, Manu Reynaud et les siens mettent régulièrement en avant leur impact sur les politiques publiques menées.

Un impact qui est par ailleurs tout aussi régulièrement mis en cause par leurs concurrents à gauche présents dans ces municipales. Mais selon lui, tous n’ont pas les mêmes objectifs. « Avec la venue de Manuel Bompard et la désignation de Nathalie Oziol comme tête de liste, La France Insoumise lance une campagne présidentielle. Comme dans toutes les villes de France, LFI a décidé que, quoi qu’il arrive, peu importe les circonstances, les habitants… ils ont des listes autonomes sans aucun échange et aucune discussion. Ils sont très loin des municipales » jugent-ils en observant : « Ce sont des choix stratégiques, cela leur appartient mais il n’y a aucune recherche de volonté de faire quelque chose à l’échelle de la gauche sur le territoire ». Quant à quelques « règlements de compte » pouvant exister entre LFI et le Printemps Montpelliérain de Jean-Louis Roumégas, Manu Reynaud dit « s’étonner que l’on ne puisse pas hausser le niveau. On ne voit pas la ligne et surtout pas le projet ». 

Manu Reynaud et la caravane Isabelle Perrein

Rarement avare d’une petite touche d’originalité, Manu Reynaud a sorti une Simca et sa caravane miniature pour illustrer ses propos sur « l’excellente Isabelle Perrein », se moquant ainsi du local itinérant de la candidate de la liste « Aimer Montpellier ». Cette dernière ayant la semaine dernière lancé la saison des châtaignes en ciblant LFI, accusée d’être « le diable », et tous ceux, de Michaël Delafosse à Mohed Altrad, qui ont un jour « pactisé avec lui », Jean-Louis Roumégas a déjà répliqué la pointant comme « la candidate de l’extrême droite ».
Au tour de Manu Reynaud en expliquant son choix d’illustration : « Isabelle Perrein c’est un peu une vieille voiture avec une vieille caravane, des fois c’est sympathique. Mais, derrière, l’idée est qu’il faut reprendre de la place aux piétons et aux vélos à la voiture. De notre point de vue c’est caricatural mais cela a le mérite du débat. C’est une vraie proposition tranchée contre la gratuité et pour le retour de la voiture sur l’espace publique et de la pollution. Il fallait y penser, Isabelle Perrein l’a fait ». Attaques, réponses… quoi de mieux pour faire parler de soi et mener une campagne sur… le fond.

Alors malgré tous les épisodes, Manu Reynaud veut encore y croire : « Nous voulons rassembler la gauche dans toute sa diversité et nous serons déterminés à le faire jusqu’au 26 février date du dépôt des listes. Vous pouvez compter sur nous pour chercher l’union de la gauche et des écologistes jusqu’au bout ». Et de préciser comme une main tendue : « Rien n’est joué, tout peut changer. Il n’y a pas d’animosité entre nous, ce n’est que de la politique. Si certains doivent prendre sur eux, nous le disons publiquement, nous prendrons sur nous car le plus important est d’arriver, par respect pour nos électeurs et les habitants, à faire le rassemblement ». Un optimisme portée par la décision des Écologistes de Nantes et Rennes de participer à un rassemblement de la gauche, « deux villes cousines de Montpellier qui de notre point de vue donnent l’exemple » souligne-t-il. Si une chose est certaine, c’est qu’en matière d’élection municipale personne ne dira cela de Montpellier…

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