Dans une note envoyée à la veille d’une commission européenne importante réunissant les ministres de l’environnement de chaque pays, France et Espagne demandent à l’UE que l’on ne touche pas à l’objectif de réduction du CO2 à 100 % dès 2035, qui condamnerait de facto le moteur à combustion sous toutes ses formes. Une lettre qui s’oppose frontalement à la stratégie allemande visant à faire bouger les lignes.

La France s’était déjà positionnée l’an dernier en faveur du maintien de la fameuse date butoir européenne : 2035 pour la fin du moteur thermique, sous toutes ses formes. Ou plutôt, une réduction à l’usage des émissions de CO2 de 100 % en 2035 qui condamnerait en fait tous les moteurs à combustion, qu’ils fonctionnent avec des carburants alternatifs ou bien du carburant pétrolier classique. Mais cette fois, la déclaration est un peu plus officielle. France et Espagne auraient en effet écrit à l’Europe en début de semaine selon le média Contexte, pour demander aux instances de ne pas céder à la pression – allemande, et de maintenir l’objectif 2035.

France contre Allemagne, le combat débuteLes Allemands, en particulier dans le premium, ne vendent pas autant d'électriques qu'espéréLes Allemands, en particulier dans le premium, ne vendent pas autant d’électriques qu’espéré© Mercedes

La nouvelle n’est pas vraiment une surprise compte tenu des positions déjà affichées par le ministère des Transports depuis près de deux ans en France. « L’échéance 2035 est un repère essentiel pour le secteur automobile. Il ne faut en aucun cas remettre en cause l’objectif de zéro émission en 2035 », précise la note écrite par les autorités des deux pays.

La rivalité entre France et Allemagne sur le sujet du moteur thermique n’est pas nouveau. Si les Allemands ont, à la sortie du Covid, communiqué sur un passage prématuré au tout électrique dès 2030 pour certains, ils se sont ensuite vite ravisés en constatant le plafonnement rapide des ventes. L’électrique peine à dépasser durablement les 20 % de parts de marché en neuf dans les pays d’Ouest de l’Europe. Et ne parlons même pas de tous ces autres pays plus à l’Est où le pouvoir d’achat et le manque d’infrastructures ne permettent même pas d’accéder à la voiture électrique.

Des distensions même chez les constructeurs

Il n’y a pas que les pays qui s’affrontent sur le sujet brûlant de la fin du thermique. Les constructeurs, entre eux, s’opposent également. Si le trio premium allemand semble unanime sur le fait de repousser l’échéance pour laisser la place à des alternatives telles que les agrocarburants ou carburants de synthèse (toujours sans expliquer comment fera-t-on pour les produire en quantité suffisante et pour les contrôler à l’usage…), d’autres marques ne sont pas du tout du même bord. La récente sortie du patron Europe de Kia avait été le reflet des tensions qui peuvent exister. Pour le camp du thermique, il s’agit de donner un peu d’air dans un marché européen en difficulté qui se retrouve challengé par la Chine. Pour les autres, reporter la fin du thermique reviendrait à remettre en cause des dizaines de milliards d’euros investis jusqu’ici pour développer le véhicule à batterie. Deux visions opposées, mais un seul plan d’action européen que l’on devrait enfin connaitre dans le courant d’année prochaine.

Audric Doche

Journaliste automobile (et un peu bicyclette aussi). Autant passionné par la nouveauté que l’industrie ou l’environnement, mais aussi tout ce qui fera avancer la mobilité.

Publié le 22/10/2025 à 13:00