Le couperet est tombé en juin : le Conseil d’État genevois ne veut plus des élèves frontaliers dans les écoles du canton. Une mesure dont il escompte des économies importantes mais qui déstabilise bien des familles suisses du Grand Genève qui logent de l’autre côté de la frontière, souligne Le Temps.
Ils sont plus de 30 000 à avoir quitté le canton pour emménager dans l’Ain ou la Haute-Savoie, le “Genevois français”. Parmi eux, nombreux sont ceux qui traversent la frontière tous les matins pour aller au travail. Ils sont “les exilés de la classe moyenne, que l’absence de perspective immobilière a incités à plier bagage pour une maison avec jardin, mais dont le cœur est solidement arrimé au pied du Jet d’eau”.
“Notre logement est en France, mais toute notre vie est en Suisse : le travail, l’école, le club de foot d’un de nos fils, le groupe de théâtre du second et le conservatoire où vont nos filles”, témoigne une mère de famille. “On se sent rejetés par notre pays alors qu’on n’a rien fait de mal. Nous avons tout fait dans les règles”, explique une autre mère qui compte bien “trouver une solution” pour que ses enfants puissent suivre leurs études secondaires en Suisse, “quitte à retourner y vivre pendant quatre ans”.
“À l’évidence, la difficulté du logement et le coût de la vie sur Genève jouent un rôle décisif”, analyse Le Temps. Mais si, au moment de quitter la Suisse, “nous n’avions pas su que nous pourrions placer nos enfants à l’école à Genève, nous ne serions pas partis”, témoigne l’une des frontalières interrogée par le quotidien.
De fait, la plupart avouent une nette préférence pour le système éducatif suisse. “Le système français ne m’inspire absolument pas confiance, sans compter les différences dans les matières enseignées. Se mettre à niveau en arrivant en cours de route ne serait pas simple”, explique une mère.
Dans ces conditions, le Grand Genève va-t-il rester aussi attractif ? s’interroge Le Temps. Après un pic atteint au début des années 2010, le nombre de Genevois qui décident d’aller habiter en France avait déjà commencé à décroître. Le mouvement devrait s’accéler.