Des responsables allemands s’inquiètent de questions posées par l’AfD sur des sujets jugés sensibles pour la sécurité nationale.

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), en plein essor, se voit mercredi accusé d’espionnage au profit de la Russie et d’autres États autoritaires, des adversaires politiques pointant du doigt ses demandes parlementaires «problématiques».

«L’AfD  abuse du droit parlementaire de poser des questions pour enquêter manifestement sur nos infrastructures critiques», a affirmé Georg Maier, le ministre de l’Intérieur du Land de Thuringe, partageant son «inquiétude croissante» avec le journal économique Handelsblatt. «L’impression qui se dégage est que l’AfD travaille, avec ses questions, à partir d’une liste commandée par le Kremlin», selon lui.


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«L’AfD a formé une alliance avec plusieurs États autoritaires  et collabore avec la Russie, la Chine et la Corée du Nord pour nuire gravement à notre pays», affirme dans une réponse à l’AFP le député Konstantin von Notz, vice-président de la commission de contrôle des services secrets au Bundestag.

En avril 2024, lors d’un débat à la chambre des députés, des «questions parlementaires problématiques» de l’AfD avaient été signalées, avec le soupçon qu’elles soient posées au nom «d’États autoritaires», souligne Konstantin von Notz. Et ce, selon lui, «afin de les aider délibérément à affaiblir notre pays, à espionner nos infrastructures critiques et à les saboter».

«Principal adversaire»

D’après Georg Maier, issu du parti social-démocrate (SPD), l’AfD en Thuringe a posé ces 12 derniers mois 47 questions sur les infrastructures critiques, avec «une intensité et une précision croissantes». Infrastructures de transport ou numériques, approvisionnement énergétique ou en eau… Le parti montre notamment «un intérêt particulier pour les technologies et équipements de la police, notamment dans le domaine de la détection et de la défense antidrones», mais aussi pour l’armée et la protection civile, souligne Georg Maier.

Georg Maier a «peur des questions» et remet en question «un pilier fondamental du contrôle démocratique», a répliqué Ringo Mühlmann, un porte-parole du groupe parlementaire régional AfD. Le premier secrétaire du groupe AfD au Bundestag, Bernd Baumann, a qualifié ces accusations d’«absurdes», insistant sur la responsabilité de ses opposants qui ont, au pouvoir, «laissé nos infrastructures allemandes se dégrader pendant des décennies». «Avec nos questions, nous mettons en lumière ces lacunes dans l’intérêt des citoyens», a-t-il ajouté.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a désigné lundi l’AfD comme son «principal adversaire» à l’aube d’une année électorale chargée. Fondée en 2013, cette formation, arrivée deuxième aux législatives de février dernier, distance désormais dans plusieurs sondages la CDU de M. Merz.