Le régulateur britannique de la concurrence a désigné Apple comme détenant un « statut de marché stratégique » (SMS) pour iOS et iPadOS. Cette décision capitale donne à l’autorité le pouvoir d’imposer à terme des changements radicaux, comme l’autorisation de magasins d’applications rivaux à l’App Store et de téléchargements directs (sideloading) d’applications sur les iPhone et iPad.
Apple et Google dans le viseur du Royaume-Uni
La Competition and Markets Authority (CMA) a confirmé aujourd’hui cette désignation pour Apple ainsi que pour Google. Cette action fait suite à des enquêtes lancées en janvier, dans le cadre de la nouvelle loi sur les marchés numériques, la concurrence et les consommateurs (Digital Markets, Competition and Consumers Act). Le régulateur a conclu, après consultation de plus de 150 acteurs, qu’Apple et Google disposaient d’un pouvoir de marché substantiel et bien établi.
Selon l’analyse de la CMA, iOS et Android équipent collectivement entre 90 et 100 % des appareils mobiles au Royaume-Uni, et leurs utilisateurs changent très rarement de plateforme une fois qu’ils y sont établis. Cette position dominante contraint les développeurs souhaitant atteindre les utilisateurs britanniques à se plier aux règles et aux canaux de distribution des deux entreprises (App Store et Play Store), ce qui leur confère une importance stratégique incontournable.
Apple brandit la menace d’une expérience utilisateur dégradée
En réponse, Apple a indiqué que les utilisateurs britanniques pourraient se voir privés de nouvelles fonctionnalités. L’entreprise cite en exemple la situation dans l’Union européenne où, selon elle, une réglementation stricte avec le DMA a retardé le déploiement de certaines fonctionnalités d’Apple Intelligence disponibles ailleurs. C’est notamment le cas de la fonctionnalité de traduction en temps réel avec les AirPods.
Dans une déclaration à la BBC, Apple indique :
Apple fait face à une concurrence féroce sur tous les marchés où nous opérons et nous travaillons sans relâche pour créer les meilleurs produits, services et expérience utilisateur. L’adoption par le Royaume-Uni de règles similaires à l’Union européenne saperait cela, laissant les utilisateurs avec une confidentialité et une sécurité plus faibles, un accès retardé aux nouvelles fonctionnalités, et une expérience fragmentée et moins transparente.
Une désignation qui ouvre la voie à des mesures ciblées
Toutefois, la CMA précise que cette désignation ne constitue pas en soi une conclusion de faute. Elle permet simplement d’engager des actions réglementaires ciblées pour ouvrir les plateformes à plus de concurrence. Parmi les mesures possibles figurent l’obligation d’un classement plus juste et transparent dans les boutiques d’applications, l’autorisation pour les développeurs de rediriger les utilisateurs vers des systèmes de paiement externes ou encore la suppression des barrières à l’utilisation de magasins d’applications alternatifs.
Le régulateur britannique a également noté que son action s’inscrit dans une tendance mondiale. D’autres juridictions, notamment les États-Unis, l’Union européenne et le Japon, adoptent des mesures similaires pour réguler les gardiens des plateformes mobiles.