Raúl Fernández était très attendu à ses débuts en MotoGP en 2022. Son unique saison en Moto2 avait marqué les esprits, avec huit victoires en 18 départs, et un titre perdu pour seulement quatre points face à Remy Garder. La saison de l’Espagnol en catégorie reine, chez Tech3, n’a pas été très convaincante mais il a pu rebondir chez RNF, l’équipe satellite d’Aprilia, en 2023… toujours sans briller.
Malgré des déconvenues régulières, Fernández est resté dans l’équipe quand elle s’est muée en Trackhouse l’an passé, plus sur la foi d’un potentiel que de ses résultats. Les coups d’éclat sont restés rares, malgré une première ligne au Sahsenring l’an passé, et il est resté un abonné aux dernières positions en début de saison, avant d’amorcer sa progression au printemps.
À partir du GP de France, Fernández est devenu un candidat régulier au top 10, dans lequel il est entré à dix reprises lors des 14 dernières cours principales. Sa progression s’est accélérée lors de la tournée outre-mer, avec la troisième place lors du sprint de Mandalika, la deuxième dans celui de Phillip Island, et surtout la victoire le lendemain en course principale, en se montrant dominateur après les long-laps de Marco Bezzecchi.
La progression de Fernández trouve de multiples explications, entre une Aprilia avec laquelle il est de plus en plus familier, le regain de forme de la machine italienne, mais aussi une évolution personnelle. Pendant l’été, Fernández a mis en avant ses discussions avec Davide Brivio et ce dernier a perçu des changements chez son pilote.
« Je dois dire que dans les dernières courses, sa confiance a grimpé avec les résultats », a confié le patron de l’équipe Trackhouse au site officiel du MotoGP. « En améliorant les positions, les résultats, il a pris confiance en lui. C’est la cerise sur le gâteau dans ce chemin ! »
Raúl Fernández
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Petit à petit, au Mans nous avons commencé à être dans le top 10, nous sommes restés à ce niveau pendant plusieurs courses », a ajouté Brivio. « Nous avons essayé d’atteindre le top 7, puis tout à coup, il a été sur le podium lors des deux derniers week-ends. »
« Je suis content parce qu’il peut montrer son talent, et [dimanche], il a montré qu’il peut aussi être intelligent, bon dans une gestion de course. Il est arrivé ici très enthousiaste après le podium de Mandalika donc il a probablement pris confiance. Cela l’a aidé à gagner en confiance en lui et à progresser. »
Une confiance mutuelle importante
C’est également parce qu’il a toujours senti de la confiance dans les yeux des membres de l’équipe Trackhouse que Raúl Fernández a pu construire la sienne. « Je crois encore que je suis dans l’une des meilleures équipes au monde », a expliqué le pilote après sa victoire en Australie. « Ils n’ont jamais cessé de croire en moi. »
« Quand on rentre au garage avec un problème, je n’ai jamais vu de doutes sur leurs visages. Dans les moments difficiles, on sent qu’on est une famille, on sait qu’Aprilia me soutient. Je suis très heureux. L’équipe a fait un très bon travail. »
Davide Brivio et Raúl Fernández
Photo de: William West – AFP – Getty Images
En conférence de presse, Fernández a décrit des moments « très durs » au cours des quatre dernières saisons, mais aussi un soutien sans faille de Trackhouse : « Ce qui est bien, c’est que je suis très bien entouré et qu’ils m’ont beaucoup aidé. L’an dernier, quand j’ai décidé de rester dans l’équipe, je pense que c’était le meilleur choix, rester ici avec une moto d’usine. »
« Ça m’a beaucoup aidé à enlever la pression, à rester concentré sur moi, essayer de travailler à ma façon. Je pense que ça a été la clé. Après quatre années très difficiles, je retrouve la victoire – je n’y crois toujours pas. »
Brivio a toujours cru au talent de Fernández
Et pendant que certains doutaient que Fernández puisse atteindre le sommet, Brivio était convaincu qu’il fallait simplement créer le bon environnement et mettre en place les bonnes méthodes. « Simplement, il ne fait aucun doute qu’il a un immense talent », a souligné celui qui avait mené Suzuki et Joan Mir au titre en 2020. « L’an dernier, quand nous avons décidé de le conserver dans notre équipe, nous pensions qu’il pouvait être le leader, tout en faisant grandir Ai Ogura, qui a aussi un gros potentiel. »
« C’est un grand talent, il fallait juste résoudre des choses, qu’il croie en lui, qu’il soit concentré sur le travail, essayer de trouver des méthodes de travail : comment travailler dans le garage, donner de l’importance à ce qui compte, être concentré sur ce qui compte, ce genre de choses. »
Davide Brivio et Raúl Fernández
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Le début de saison a été assez difficile, nous avions du mal à marquer des points. Nous avons continué à discuter pour moi ce que nous pouvions améliorer. Il a aussi travaillé sur sa préparation physique pendant l’hiver, ce qui faisait un peu défaut l’an dernier. »
Fernández a également tenu à souligner le soutien de ses proches, à commencer par celui de son frère, Adrian Fernández, engagé en Moto3 depuis 2023 : « Si je dois dire une chose, c’est que je pense que je suis là grâce à ma famille et mon frère. Il m’a toujours aidé. L’équipe m’a aussi aidé, mais il est la personne la plus importante dans ma vie et quand je traverse une situation difficile, il me soutient toujours. »
Il fallait trouver une solution parce que je n’étais pas heureux.
Fernández a probablement touché le fond après un début de saison chaotique, pendant lequel il ne cachait pas son mal être et le besoin de retrouver le sourire. « Il y a eu un moment où je ne pensais plus à rester en MotoGP, mais à être heureux, et je ne prenais pas de plaisir », a détaillé Fernández au micro de DAZN, qui diffuse le MotoGP en Espagne. « C’est là que l’aspect humain de l’équipe et ma famille sont entrés en jeu. »
« Après la course de Jerez, qui a été un moment difficile pour moi, mon chef mécanicien, mon coach, on a mangé une pizza avant le test et j’ai dit que si on améliorait la situation, c’était bien, mais sinon il fallait trouver une solution parce que je n’étais pas heureux. Les choses ne fonctionnaient pas et je ne me levais même pas avec le sourire. À partir de là, ils m’ont aidé à me calmer, Davide Brivio et ma famille aussi. On a décidé de power des fondations, petit à petit, mais sincèrement sans penser que ce moment arriverait cette année. »
Raúl Fernández
Photo de: Robert Cianflone / Getty Images
Ce test a justement amorcé les progrès de Fernández, en lui offrant une nouvelle direction technique : « Pour moi, le gros changement été le test de Jerez. On a eu beaucoup de temps pour travailler. Je pense que j’ai fait une très grosse erreur en début d’année quand je suis tombé à Sepang et que je me suis blessé. Je suis revenu assez vite et ça ne m’a pas aidé à trouver les réglages sur la moto. »
« En fait, le gros changement est que l’on a eu des tests dans lesquels on a eu le temps de travailler sur nous. On a trouvé quelque chose qui m’a aidé à mieux piloter. »
Avec Oriol Puigdemont
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