Longtemps perçu comme un militaire courageux et un père de famille aimant, le prince Andrew se retrouve définitivement banni du clan Windsor après plusieurs scandales sexuels. Acculé de toutes parts, il a été contraint de renoncer à son titre de duc d’York.

Tout prédestinait le prince Andrew à occuper une place de premier plan au sein de la famille royale britannique, comme l’aurait souhaité sa mère, la défunte reine Elizabeth II, dont il était le préféré. Mais son passé trouble a fini par le rattraper. Ce 17 octobre, le cadet de Charles III a annoncé qu’il renonçait à ses titres, dont celui de duc d’York, après des années d’allégations et de soupçons concernant son amitié avec le pédocriminel Jeffrey Epstein et des accusations d’agressions sexuelles portées par Virginia Giuffre. Un énième scandale lié à des rencontres avec un espion chinois a finalement scellé son inexorable chute. À 65 ans, le prince Andrew est définitivement banni du clan Windsor.

Selon de récentes informations du Sunday Times, le prince William aurait été «consulté» avant qu’il n’annonce sa décision. Furieux contre son oncle qu’il perçoit comme une «menace» pour l’image et la stabilité de la monarchie, le futur roi d’Angleterre envisagerait d’aller plus loin pour l’écarter définitivement, notamment en l’excluant «des événements royaux publics et privés, y compris de son couronnement». La rupture avec le prince Andrew est donc actée, un retour en arrière désormais impossible. Avant que de premières révélations compromettantes n’émergent dans les tabloïds britanniques en 2010, le fils d’Elizabeth II avait toujours été en odeur de sainteté et jouissait d’une réputation irréprochable, soigneusement construite au fil des années.


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Enfant jovial et rieur

L’ancien duc d’York s’est lancé dans la vie avec un solide avantage : l’amour inconditionnel de sa mère Elizabeth II. Dès sa naissance, en 1960, le prince Andrew, deuxième dans l’ordre de succession au trône, conquiert le cœur de la souveraine qui s’impliquera ensuite particulièrement dans son éducation et ses activités, bien plus qu’elle ne l’a fait pour son fils aîné Charles, pourtant destiné à lui succéder. Enfant, le prince Andrew est jovial, rieur, facile à vivre. Des qualités appréciées et valorisées par Elizabeth II et son époux, Philip, qui s’imaginent déjà leur petit garçon s’épanouir dans son rôle au sein de la monarchie.

Membre incontournable de la Royal Navy

Après des études au pensionnat de Gordonstoun, en Écosse, où son père et son frère aîné Charles ont également été scolarisés, le prince Andrew rejoint directement la Royal Navy. Il n’a alors que 19 ans mais est déjà animé par l’envie de servir son pays. Ce qu’il fait trois ans plus tard, en 1982, pendant la guerre des Malouines où il est mobilisé en tant que pilote d’hélicoptère à bord du porte-avions HMS Invincible, et participe à l’évacuation des blessés. À son retour au Royaume-Uni, il est perçu comme un héros, admiré par les Britanniques et adoré par ses parents, si fiers de lui. Après le conflit, le jeune homme de 22 ans, promu lieutenant, poursuit ses engagements militaires. 

Côté cœur, le prince Andrew hérite du surnom «Randy Andy (Andy le chaud lapin, NDLR)» car il multiplie les conquêtes, et les soirées où il est entouré de jeunes femmes.

Père dévoué

Mais, en 1985, le fils d’Elizabeth II tombe fou amoureux de l’espiègle et solaire Sarah Ferguson lors d’un déjeuner au château de Windsor, en marge des courses d’Ascot. Les deux se connaissaient déjà depuis l’enfance, le père de «Fergie» étant le professeur de polo du prince Charles. Ce jour-là, l’évidence les frappe : ils sont faits l’un pour l’autre.

Le couple se marie seulement un an plus tard, en 1986, et accueille, dans la foulée, ses deux filles, Beatrice, en 1988, et Eugenie, en 1990. Sur les photos, la petite famille semble épanouie, le prince Andrew pleinement investi dans son rôle de père. En coulisses, le duc d’York et son épouse ne se comprennent plus, leur union se déchire. Sarah Ferguson ne supporte plus les absences répétées de son mari pour ses engagements militaires ni d’être constamment comparée à sa belle-sœur Lady Diana, dont elle est pourtant très proche. Ils annoncent leur séparation en 1992, et divorcent officiellement quatre ans plus tard, en 1996.

Le scandale Epstein

En 1999, le prince Andrew rencontre pour la première fois l’homme d’affaires et criminel sexuel Jeffrey Epstein par l’intermédiaire de sa compagne et complice, Ghislaine Maxwell, une Britannique devenue une figure mondaine incontournable à New York. Les trois se lient rapidement d’amitié et, en juin 2000, Epstein et Maxwell sont invités au château de Windsor pour célébrer les 40 ans du prince Andrew.


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Leurs liens sont exposés au grand jour en 2010, lorsqu’une photo du duc d’York se promenant dans Central Park avec l’homme d’affaires, condamné en 2008 à 18 mois de prison pour incitation à la prostitution de mineures, fait la Une du tabloïd News of the World, qui titre : «Prince Andy et le pédophile». En pleine polémique, le fils chéri d’Elizabeth II quitte son poste de représentant spécial pour le Royaume-Uni, qu’il occupait depuis 2001, année où il a quitté la Royal Navy.

L’affaire prend un tournant bien plus grave en 2015, quand une dénommée Virginia Giuffre engage une procédure judiciaire contre Jeffrey Epstein en Floride. Dans ces documents, la trentenaire assure que l’homme d’affaires et sa compagne Ghislaine Maxwell l’ont recrutée et utilisée comme «esclave sexuelle» au début des années 2000 alors qu’elle avait 17 ans. Elle les accuse de l’avoir forcée à avoir des relations sexuelles avec le prince Andrew, à trois reprises. À l’époque, le prince Andrew fait profil bas et reste silencieux, attendant sans doute que la polémique soit rapidement éclipsée par une autre actualité.

Naufrage médiatique

Mais, en 2019, Jeffrey Epstein est de nouveau arrêté et inculpé pour «exploitation sexuelle et conspiration liée à une exploitation sexuelle», et se suicide en prison. Le prince Andrew n’a d’autre choix que de briser le silence. Dans une interview catastrophique accordée à la BBC, le duc d’York défend son amitié avec Jeffrey Epstein et assure n’avoir jamais rencontré Virginia Giuffre, malgré une photo dévoilée dans la presse qui indique le contraire. Ses déclarations, jugées «insensibles», choquent le Royaume-Uni. Buckingham Palace réagit en annonçant qu’il se retire de tous ses engagements publics.

Deux ans plus tard, Virginia Giuffre dépose officiellement plainte contre lui devant un tribunal de Manhattan. Afin d’éviter un procès à New York, le prince Andrew lui verse des millions de dollars.

Le 25 avril 2025, l’accusatrice du duc d’York met fin à ses jours à l’âge de 41 ans, un drame qui fait ressurgir le scandale. «Elle s’est suicidée après avoir souffert tout au long de sa vie des agressions sexuelles et du trafic sexuel. assurent ses proches. Il n’y a pas de mots qui puissent exprimer la grave perte que nous ressentons aujourd’hui avec le décès de notre douce Virginia (…) Il lui est devenu insupportable de supporter le poids des agressions». Avant sa disparition, l’Australienne avait travaillé pendant quatre ans sur ses mémoires, Nobody’s Girl, publiées à titre posthume le 21 octobre.


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Dans cet ouvrage, Virginia Giuffre accuse une nouvelle fois le prince Andrew d’avoir eu des relations sexuelles avec elle à trois reprises, dont une fois lors de ce qu’elle qualifie d’«orgie» avec Jeffrey Epstein et huit autres jeunes femmes, rapporte la BBC. À son sujet, elle écrit : «Il était plutôt amical, mais il avait toujours un droit – comme s’il croyait qu’avoir des relations sexuelles avec moi était son droit de naissance». Des déclarations fracassantes qui font une nouvelle fois trembler la couronne, forcée de stopper l’hémorragie en évinçant définitivement Andrew.