En matière de cryptos, la Russie trace son chemin. Le pays s’apprête effectivement à autoriser l’usage des cryptomonnaies dans ses échanges internationaux.
Cette décision, fruit d’un accord entre le ministère des Finances et la Banque centrale, a pour but de permettre aux entreprises russes d’utiliser des actifs numériques (comme le Bitcoin ou certains stablecoins) pour payer ou recevoir des paiements liés au commerce extérieur.
Il s’agit donc de donner aux sociétés un moyen de continuer leurs échanges malgré les restrictions imposées à leur accès aux réseaux bancaires traditionnels. Il faut dire que les sanctions internationales ne semblent pas près de s’estomper.
Qu’est-ce qui est concrètement au programme ?
Pour faire simple, la mesure vise à pérenniser ce qui a déjà fait l’objet de divers tests sur le plan expérimental.
Les entreprises importatrices et exportatrices pourront utiliser les cryptomonnaies pour le commerce international. Cependant, cela se fera de manière strictement encadrée.
Par exemple, seules certaines monnaies numériques obtiendront une autorisation. Les divers acteurs, quant à eux, devront obtenir une licence, respecter des obligations de déclaration et se plier à des plafonds de montants.
L’idée directrice de telles contraintes est bien de garder le contrôle, tout en offrant de la souplesse aux opérateurs économiques.
LATEST: 🇷🇺 Russia’s Central Bank and Finance Ministry agree to legalize crypto payments for foreign trade as a strategic response to the sanctions. pic.twitter.com/FIONbypBjU
— crypto.news (@cryptodotnews) October 22, 2025
Pourquoi Moscou a-t-il franchi le pas ?
De manière plus large, l’objectif est avant tout pratique. Depuis l’exclusion partielle de la Russie du réseau de paiement international SWIFT, de nombreuses entreprises russes cherchent des solutions pour payer leurs fournisseurs ou recevoir des règlements à l’étranger.
A piori « neutres », les cryptomonnaies offrent justement une alternative rapide et directe, puisqu’elles permettent de transférer de la valeur sans passer par le système bancaire classique. Ainsi, Moscou y voit logiquement un outil pour maintenir ses échanges, notamment avec des partenaires d’Asie.
Comment cela fonctionnera-t-il techniquement ?
Sur le plan technique, plusieurs options sont en phase de réflexion.
L’une d’entre elles consisterait à autoriser directement l’usage de cryptos existantes (comme Bitcoin Hyper, par exemple), ou de stablecoins. Ce serait la solution la plus simple, puisqu’elle serait accessible « clé en main ».
Une autre, cependant, reposerait sur la création d’un système russe de jetons numériques (relié aux comptes bancaires nationaux). Cette éventualité présupposerait un travail bien plus technique et gourmand en ressources (énergétiques, comme humaines).
En revanche, dans les deux cas, les autorités russes insistent sur la nécessité d’un contrôle. Seules des plateformes agréées permettront la conversion rapide entre cryptos, roubles ou devises étrangères, et toutes les transactions devront rester traçables.
Quels sont les risques ?
Si la mesure peut faciliter les échanges et contourner les blocages bancaires, elle n’est pas non plus sans risque. D’un point de vue international, son utilisation pourrait être perçue comme un moyen de contourner les sanctions, entraînant de nouvelles réactions ou sanctions supplémentaires.
Les questions de traçabilité restent également sensibles. Alors que les autorités souhaitent contrôler les flux, des acteurs mal intentionnés pourraient chercher à masquer les transactions via des mécanismes d’anonymisation.
Enfin, la coopération des partenaires étrangers n’est pas garantie. De nombreuses banques et plateformes de cryptomonnaies refusent en effet de traiter avec des entités russes (quel que soit le « medium »). Ainsi, bien qu’étant ingénieux, l’usage des cryptos n’est pas forcément le Saint-Graal qui transfigurerait l’économie russe.
Avertissement : les crypto-monnaies sont une classe d’actifs à haut risque. Cet article est fourni à titre d’information et ne constitue pas un conseil en investissement. Vous pourriez perdre la totalité de votre capital.
Source : Coincu
Pour aller plus loin :
Mathias Gindreau est rédacteur spécialisé dans les cryptomonnaies pour Cryptodnes.
Ancien étudiant en informatique, il a d’abord travaillé dans la cybersécurité avant de découvrir la blockchain, un domaine qui a rapidement éveillé sa passion.
Aujourd’hui, il met à profit ses compétences techniques et sa curiosité pour décrypter l’actualité crypto, analyser les tendances du marché et vulgariser des sujets complexes liés à la technologie et à la finance décentralisée.

