C’est une visite hors du commun, de celles qui marquent l’Histoire. Mardi en fin d’après-midi, Charles III et la reine Camilla ont atterri en Italie, début d’étape d’un voyage qui les mènera dès le lendemain au Vatican pour une visite officielle de deux jours. Le couple royal est évidement familier des lieux et des audiences papales. Mais cette fois est différente.
Sur le tarmac, Charles III est accueilli par Mgr Javier Domingo Fernández Gonzalez, chef du bureau du protocole de la Cité du Vatican, et Mgr Francesco Canalini, nonce apostolique à la retraite et ancien diplomate papal. © Arthur Edwards/The Sun/PA Wire
Au Saint-Siège, Léon XIV et Charles III célébreront l’année jubilaire – ou Année Sainte – de l’Église catholique. Elle a lieu tous les 25 ans et attire des millions de pèlerins au Vatican. Dans la prestigieuse chapelle Sixtine, sous les fresques de Michel-Ange, ils prieront ensemble lors d’un service religieux œcuménique. Un événement.
Ce qui rend l’occasion historique, c’est que Charles III, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, deviendra ainsi le premier monarque britannique à prier lors d’un office public avec le pape, chef de l’Église catholique, depuis la Réforme. Ce moment de prière partagé est donc un symbole important du dialogue entre les deux confessions chrétiennes autrefois ennemies. Une première depuis cinq siècles, avant la rupture d’Henri VIII avec Rome.
Le palais de Buckingham a fait savoir que le roi était « fier que sa visite officielle au Vatican symbolise le cheminement vers l’unité entrepris par les anglicans et les catholiques dans un monde troublé ». « Sa Majesté se réjouit vivement de rencontrer le pape Léon et de célébrer ensemble l’importance historique de cette visite, qui marque un tournant dans les relations entre l’Église d’Angleterre et l’Église catholique, ainsi qu’entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège ».
Pour cette visite historique, le roi a été notamment accueilli par Christopher Trott, ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège. © Arthur Edwards/The Sun/PA Wire
Ce recueillement en commun est vu comme un « rempart contre ceux qui encouragent les conflits, les divisions et la tyrannie » et la preuve d’un « travail commun en harmonie pour protéger la nature, la création de Dieu ».
À son arrivée à l’aéroport militaire de Ciampino 31st Wing à Rome, le couple royal a été accueilli par des représentants du Saint-Siège, le gouvernement de l’Église catholique romaine au Vatican. Jeudi 23 octobre, le roi et la reine rencontreront pour la première fois le pape Léon XIV depuis son élection. Une visite d’État était prévue au Saint-Siège en avril, mais les problèmes de santé du pape François l’avaient reporté. Les souverains avaient pu le rencontrer en privé, avant que celui-ci ne décède moins d’un mois plus tard.
Le mercredi 9 avril 2025, soit douze jours avant son décès, le roi Charles III et la reine Camilla rencontraient le pape François à Rome, lors d’une rencontre privée. © UPI/Newscom/SIPAUn programme chargé
Jeudi, la messe qui se déroulera dans la chapelle Sixtine sera axée sur l’environnement et la nature, plus exactement, « la sauvegarde de la Création », deux thèmes particulièrement chers à Charles III. Une autre messe se tiendra à la basilique Saint-Paul-hors-les-murs de Rome, lieu historique lié à la monarchie britannique. Le roi y sera fait « confrère royal » de l’abbaye bénédictine attenante, en reconnaissance d’une « communion spirituelle » entre les deux Églises.
Parmi les autres visites du programme, Sa Majesté assistera à une réception au Pontifical Beda College, un séminaire qui forme des prêtres de tout le Commonwealth. Il rencontrera aussi des sœurs catholiques de l’Union internationale des supérieures générales, qui œuvrent à travers le monde au niveau local pour lutter contre la violence envers les femmes et les filles.
Le couple royal a été officiellement accueilli par des représentants du Saint-Siège, le gouvernement de l’Église catholique romaine au Vatican, à sa descente de l’avion à la base militaire de l’aéroport Ciampino 31st Wing à Rome, le 22 octobre. © AP Photo/Alessandra Tarantino/ Sipa
En pleine tempête familiale, face aux multiples rebondissements impliquant son frère Andrew, sa décision de renoncer à ses titres royaux et la sortie des mémoires posthumes de Virginia Giuffre, accusatrice du pédocriminel Jeffrey Epstein, le souverain trouvera peut-être en ces lieux saints et auprès du pape Léon XIV, un peu de paix et de tranquillité. Un peu de silence pour le moins.
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