Vous avez les cheveux gris ? Ne vous lamentez pas, cela pourrait être au contraire une bonne nouvelle pour votre santé. D’après les conclusions d’une récente étude publiée dans Nature Cell Biology, le processus derrière le grisonnement des cheveux pourrait avoir un lien avec l’apparition du cancer.

En effet, ce phénomène permettrait d’éliminer des cellules potentiellement nocives pour l’organisme. Ainsi, le grisonnement des cheveux pourrait être une réaction de défense naturelle de notre corps face au risque de cancer et, plus particulièrement, de mélanome.

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Au cours de notre vie, nos cellules sont exposées à des facteurs environnementaux qui peuvent endommager l’ADN. Ces dommages sont reconnus comme des éléments qui contribuent au vieillissement et à l’apparition de cancer. Mais la manière dont les cellules souches endommagées influencent la santé tissulaire à long terme reste incertain.

15 513 cas de mélanome

Cette nouvelle étude a été réalisée sur des souris. Comme l’explique le site internet de Top Santé, les cellules souches responsables de la couleur des cheveux peuvent soit vieillir et disparaître ou se multiplier de façon anormale dans le corps. Dans ce deuxième cas, ce phénomène pourrait favoriser l’apparition de mélanome. En France, pour l’année 2018, le nombre estimé de nouveaux cas de mélanome de la peau était de 7 886 chez les hommes et 7 627 chez les femmes d’après les chiffres de Santé publique France.

Les chercheurs ont utilisé le traçage de lignée in vivo à long terme et le profilage de l’expression génétique chez la souris pour étudier la manière dont les cellules souches mélanocytaires réagissent à différents types de dommages à l’ADN. Ces cellules sont responsables de la pigmentation de nombreuses espèces.

Des lésions de l’ADN

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont identifié une réponse spécifique aux cassures double brin de l’ADN : « la différenciation couplée à la sénescence (un processus physiologique entraînant une lente dégradation des fonctions, ndlr.), un processus au cours duquel les cellules souches hématopoïétiques (qui produisent toutes les cellules du sang, ndlr.) se différencient de manière irréversible avant d’être perdues, ce qui entraîne le grisonnement des cheveux », notent les auteurs de l’étude dans le communiqué.

Les auteurs de cette étude précisent que quand les cellules souches sont exposées à certains cancérogènes, elles contournent ce programme de différenciation protecteur. En présence de lésions de l’ADN, ces cellules conservent leur capacité d’auto-renouvellement et se multiplient. Ce signal rend les cellules souches vulnérables face aux tumeurs. Le grisonnement des cheveux pourrait donc être un moyen de protéger l’organisme. Les cellules abîmées sont alors éliminées ce qui réduirait le risque qu’elles se transforment en cellules cancéreuses. Avoir les cheveux gris pourrait alors être le signe d’une bonne stabilité génétique.

Éliminer les cellules nocives

« Ces résultats révèlent qu’une même population de cellules souches peut connaître des destins antagonistes – épuisement ou expansion – selon le type de stress et les signaux microenvironnementaux. Cela permet de repenser le grisonnement des cheveux et le mélanome non pas comme des événements indépendants, mais comme des résultats divergents des réponses des cellules souches au stress », rapporte le professeur Emi Nishimura de l’Université de Tokyo au Japon qui a co-dirigé l’étude.

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Les conclusions de cette étude n’affirment pas que le grisonnement des cheveux prévient le cancer, mais plutôt que la sénodifférenciation permettrait d’éliminer les cellules potentiellement nocives pour l’organisme.