Vétusté, sécurité et polluants… le groupe scolaire accumule depuis longtemps les griefs du personnel et des parents d’élèves. A Saint-Etienne, la réhabilitation de l’établissement « Centre 2 » situé rue Claudius-Buard, à proximité du centre commercial éponyme, va capter, à elle seule, 22 % des 40 M€ consacrés au plan école durant ce mandat qui s’achève. Lors du dernier conseil municipal de Saint-Etienne, quelques détails sur cette lourde rénovation ont été donnés.
La municipalité a communiqué cette esquisse du futur visage de l’école Centre 2, nouvelle version. ©Atelier d’Architecture Rivat
Ce ne sera finalement pas courant 2025 mais à partir du printemps, sinon à l’été 2026. Une rénovation profonde, complète, de l’école Centre 2 rue Claudius-Buard avait déjà été annoncée début 2023, l’état des lieux faisant l’objet de mobilisations successives de la part des parents d’élèves quant aux conditions dans lesquelles leurs enfants évoluent quotidiennement. Manque de personnels (ce qui peut, selon les profils, être là, aussi l’affaire de l’Education nationale), infiltrations, sanitaires et extérieurs dégradés, pollution de l’air intérieure, pannes d’équipements, bâti énergivore, craintes de l’amiante contenue dans le sous-sol… les griefs au tableau sont légion pour ce groupe scolaire datant des années 1970.
La municipalité assure en être consciente tout en arguant que l’accumulation de difficultés dans ses établissements scolaires relevant de ses compétences remonte à un laisser-aller chronique sur l’entretien des écoles durant les années 2000-début 2010… Centre 2 serait justement le cas d’école. Lundi 13 octobre, le conseil municipal de Saint-Etienne avait parmi sa centaine de dossiers à soumettre au vote, deux délibérations consacrées à sa réhabilitation profonde, elle qui accueille environ 300 élèves. La première consiste au dépôt d’une demande de subvention de 800 000 € auprès des fonds européens Feder (naviguant par la Région) pour contribuer à financer les améliorations d’ordre énergétique. La seconde était nécessaire pour le dépôt du « permis de construire » à propos de bâtiments modulaires devant accueillir 15 classes et le personnel durant les travaux.
« C’est pas trop tôt ! »
Il est en effet nécessaire de tout refaire, de fond en comble, et c’est ce qui va se passer pour un coût total de 8,7 M€, indique Dominique Manin, adjointe à l’éducation depuis mi-2024 (et le départ de Robert Karulak de la majorité), soulignant que la lourdeur du dossier, l’obligation d’œuvrer sur site occupé (en utilisant donc les préfabriqués pour au moins une année scolaire complète) expliquent le temps de préparation et de mise en œuvre. Un investissement qui capte une part très importante – près de 22 % – des 40 M€ investis dans le cadre du plan école 2020/26 déployé par la municipalité après le premier s’étant élevé à 20 M€, lors du premier mandat de la majorité Gaël Perdriau. Cette réhabilitation structurelle est espérée achevée pour la fin 2027.
Il vous aura fallu plus de 10 ans de mandat pour réagir.
Julie Tokhi, élue d’opposition écologiste
« C’est pas trop tôt !, taclait en séance publique l’élue d’opposition écologiste Julie Tokhi. Il vous aura fallu la mobilisation des parents d’élèves pour, enfin, vous pencher sur la réhabilitation. Il aura fallu des infiltrations, des pannes de chaudières, des locaux dégradés. A un moment, l’air intérieur de cette école a même été classé comme un des plus pollués des écoles stéphanoises. Il vous aura fallu plus de 10 ans de mandat pour réagir. Combien d’adjoints à l’éducation successifs auront fermé les yeux sur la dégradation progressive des écoles, dont celle de Centre 2 ? Il est vrai que ce n’est pas le poste le plus stable… Les écoles stéphanoises manquent cruellement d’entretien régulier. Et c’est comme ça que l’on arrive à des rénovations de 9 M€. Il nous faut maintenant les réhabiliter, et votre soi-disant grand plan pour les écoles n’est pas à la hauteur des besoins actuels et à venir. »
« Il ne s’agit pas de passer une couche de peinture »
La conseillère d’opposition ajoutait que « la nature doit revenir au cœur des cours d’école. C’est un enjeu sanitaire et éducatif. Sanitaire, car le dérèglement climatique nous impose d’adapter l’espace, de végétaliser pour apporter de la fraîcheur pour les activités des matrus. Et éducatif, car c’est aussi dans la cour d’école que les enfants apprendront à mieux connaître la nature qui les entoure. Espérons que les travaux seront à la hauteur des besoins et permettront aux enfants, aux familles et aux personnels d’avoir une école adaptée, durablement. » Dominique Manin n’a, elle, pas le moindre doute à ce sujet. Pas plus que l’actuelle adjointe à l’éducation n’en a sur la valeur du passif des deux majorités municipales depuis 2014 à propos de leur attention portée aux écoles :
« Les écoles ont été mal entretenues ? Oui, effectivement, elles ont été à l’abandon pendant des années avant que la municipalité précédente et celle actuelle (ce qui signifie depuis 2014, et donc le premier mandat de G. Perdriau, Ndlr) n’y mettent 20 M€ puis 40 M€. Ce n’est certainement pas suffisant, c’est sûr. Mais face à un tel retard pris avant nous, nous essayons de faire de notre mieux. Centre 2 va faire l’objet d’une réhabilitation extrêmement lourde. Et à la suite de l’école Jacquard pour laquelle on vient d’investir 6 M€, de Vivaraize pour 5,8 M€, de l’école Paule-et-Joseph Thiollier. Et donc maintenant, Centre 2, très lourde avec une nouvelle entrée plus sécurisée, la pose d’un ascenseur pour assurer l’accessibilité PMR et des cours de récréation réhabilitées avec oui, une forte augmentation de l’espace végétalisée comme on le fait partout où cela est possible. »
Je ne peux pas vous laisser dire que l’on ne met pas assez d’argent dans les écoles avec ce qui est investi en amélioration ou conservation.
Dominique Manin, adjointe municipale à l’éducation
A Centre 2, donc, la classe se fera bientôt dans du « modulaire ». Seule la restauration scolaire restera à demeure, faisant l’objet de rénovations successives pendant les vacances scolaires. Alors, « certes c’est long, mais cela l’exige, comme de gros moyens car il ne s’agit pas de passer une couche de peinture mais d’aller au fond des choses. Et je ne peux pas vous laisser dire que l’on ne met pas assez d’argent dans les écoles avec ce qui est investi en amélioration ou conservation. Nous quand il y a des problèmes de chauffage, on ne se contente pas demander de mettre des pull-overs, comme à Lyon (allusion à la déclaration récente d’un élu écologiste de Lyon à propos de la situation dans une école). »
Quand la température monte, il est décidément souvent question de Lyon au sein du conseil municipal de Saint-Etienne…