Espagne, Italie, Portugal, Grèce… Avant la France, d’autres pays européens ont été en difficulté financière, au moment de la crise de la dette en zone euro en 2010, avant de relever la tête au prix de douloureux plans d’austérité. Surnommés à l’époque « les pays du Club Med » par leurs détracteurs, ils jouissent d’une relative bonne santé économique aujourd’hui, malgré des zones d’ombre persistantes. Tour d’horizon des politiques qu’ils ont mises en place.
Espagne. C’est aujourd’hui le pays le plus dynamique parmi les pays avancés sur la planète : l’Espagne table sur 2,7 % de croissance cette année, après plus de 3 % l’an dernier, et suscite l’admiration de ses voisins. L’époque où la quatrième économie de la zone euro était frappée par une lourde crise et la bulle immobilière en 2008, et où le chômage a frôlé les 27 % début 2013, paraît lointaine. Il a fallu passer par une cure d’austérité drastique : coupes dans les dépenses de santé, hausse d’impôts, gel des salaires des fonctionnaires, tandis que des dizaines de milliers de propriétaires ont perdu leur logement, incapables de rembourser des banques qui, elles, ont bénéficié en 2012 d’un plan de sauvetage européen de 41 milliards d’euros.
Le dynamisme de l’Espagne vient aujourd’hui surtout de l’investissement des entreprises, la consommation des ménages et le tourisme, une santé qui lui permet d’afficher un taux de chômage au plus bas depuis 2008, à 10,29 % au deuxième trimestre, et un déficit tout près des limites autorisées par Bruxelles.
Italie. La troisième économie européenne a quitté le fond de la classe, au moins en matière de déficit, en annonçant début octobre qu’elle reviendrait cette année dans les clous européens – au maximum 3 % de déficit public autorisé. Rome a divisé le déficit public italien par deux en un an, jusqu’à emprunter moins cher que la France sur les marchés ces derniers jours. La dette du pays reste toutefois très élevée, à 135 % du PIB, contre 114 % pour la France.
L’amélioration des finances s’est faite lentement et par étapes. Le début du mieux remonte à l’arrivée au pouvoir de Mario Monti en 2011, avec des mesures d’austérité draconiennes. Plusieurs gouvernements ont ensuite stabilisé l’économie, avant un nouveau tour de vis avec Mario Draghi à partir de 2021. Le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni a continué sur cette lancée en ralentissant notamment les investissements dans le système de santé et la culture. L’Italie a aussi bénéficié du large plan de relance européen post-Covid. Ses perspectives sont toutefois maussades, avec une faible productivité et une population vieillissante.
En Grèce, un des niveaux de vie les plus bas de l’UE
Portugal. Lisbonne devrait dégager des excédents publics cette année et l’an prochain, selon son projet de budget, qui prévoit aussi une augmentation des pensions de retraite des plus modestes et une baisse de l’impôt sur le revenu. La trajectoire d’assainissement des comptes a débuté en 2011 quand le pays a été contraint d’appliquer une sévère cure d’austérité pour bénéficier d’une aide internationale. Le Portugal avait obtenu un prêt de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI en échange d’un plan de rigueur, notamment la réduction du nombre de fonctionnaires, des coupes dans les salaires du secteur public et dans les retraites, des hausses d’impôts…
Le Portugal a ramené en 2016 son déficit à 2 % du PIB. Entre-temps, l’État a toutefois dû voler au secours de plusieurs banques en difficulté.
Grèce. La Grèce a retrouvé un puissant dynamisme après une décennie de crise économique, avec une croissance de 5,6 % en 2022, 2 % en 2023 et 2,3 % en 2024. Athènes s’attend à 2,5 % cette année, selon les projections de la Banque de Grèce. Le pays a aussi vu son taux d’endettement diminuer de façon graduelle et devrait afficher un budget à l’équilibre cette année, d’après le FMI.
La Grèce revient de très loin : trois programmes d’aide totalisant environ 300 milliards d’euros, accordés par ses créanciers en échange de réformes particulièrement lourdes, passant par exemple par un gel des pensions, une hausse de la TVA et la baisse des salaires publics. Malgré l’amélioration macroéconomique dynamisée par le tourisme notamment, de nombreux Grecs souffrent aujourd’hui de la flambée des prix des produits alimentaires et de l’énergie, alors que les salaires continuent d’être bas. Le niveau de vie en Grèce reste l’un des plus bas dans l’UE.