Par

Jessie Leclerc

Publié le

23 oct. 2025 à 10h46
; mis à jour le 23 oct. 2025 à 10h49

« 835 000 euros pour vivre l’Histoire de France ». C’est ce qu’affirme Stéphane Bertrem, agent immobilier à Rouen (Seine-Maritime), au sujet d’un appartement au passé remarquable, récemment mis sur le marché dans le quartier Beauvoisine. En plein cœur de la ville, c’est un fragment d’histoire de 305 m2. Un récit où se croisent armateurs, nobles, bonnes sœurs et un adolescent nommé Guy de Maupassant qui écrivait… sur les murs.

Des siècles d’histoire, de mains en mains

« À ma grande surprise, c’est un endroit plein d’histoire. Guy de Maupassant y a vécu et ce n’est pas rien », s’étonne Stéphane Bertrem qui nous fait visiter les lieux.

Commandé au XVIIe siècle par un riche armateur désireux de surveiller ses navires dans le port de Rouen, l’hôtel particulier a connu de nombreux destins. Il passe dans les mains d’un comte à la veille de la Révolution française, « puis est transformé en couvent, détaille l’actuelle propriétaire. Il est ensuite racheté par l’oncle de Guy de Maupassant ».

L’auteur du Horla, de Boule de Suif ou de La Parure y séjourne régulièrement. « Guy de Maupassant étudiait à l’école catholique d’Yvetot, mais il en a été renvoyé car il s’amusait à écrire des petits mots d’amour et des vers sur les murs », explique Stéphane Bertrem. Il poursuit son enseignement au lycée Corneille, à deux pas de là. « C’est pour ça qu’il a fréquenté la demeure de son oncle », ajoute l’agent immobilier.

L’enceinte a connu quelques changements depuis, plus d’écuries, de laverie ni de chambres de bonnes, mais elle reste dans son jus.

« C’est comme un mini Versailles »

L’accès au bien se fait par un grand escalier couvert d’une moquette art déco. « Cet escalier mériterait d’être classé, c’est le même que celui présent dans le musée de la ferronnerie », souligne la propriétaire.

L’appartement se déploie sur deux étages. Le premier niveau s’articule autour de deux ailes de 205 m2, qualifiées de « nobles ». De vastes salons en enfilade, hauts de quatre mètres sous plafond, sous un parquet Versailles et ornés de moulures d’époque sont éclairés par de longues fenêtres.

Dans une plus petite pièce, à l’arrière d’un des plus beaux salons, une bibliothèque en bois massif se tient prête à accueillir de nombreux livres. Plus loin, au détour d’un couloir, un vitrail attire l’œil.

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« C’est comme un mini Versailles », compare l’agent immobilier, avec une touche d’humour.

Dans l’aile secondaire, d’autres pièces garnies de moulures conduisent à une grande cuisine plus moderne, entièrement rénovée et équipée. Avant de prendre l’escalier, « il y a même un dressing », sourit la propriétaire.

La visite se poursuit à l’étage, plus intime. Sur 100 m2, s’alignent des chambres et une salle de bains. « C’est moins napoléonien, sourit l’agent, mais j’imagine très bien des adolescents ou des enfants ici, pendant que les parents profitent des salons. »

La cave comme un bunker

Sous terre une cave voûtée, autrefois reliée à un réseau de galeries, servait d’abris durant la Seconde Guerre mondiale. « Tout le monde descendait ici et se baladait de caves en caves jusqu’à la rue de l’Hôpital », affirme la propriétaire. « C’était très utilisé lorsqu’il y avait des bombardements à tout va », confirme Stéphane Bertrem.

À l’extérieur, un petit jardin à l’anglaise permet d’observer la façade du bâtiment, autrefois en colombage, classée, tout comme ses toitures.

L’émotion d’une famille

Cette vente s’inscrit dans une succession, non sans émotion. « L’appartement appartenait à ma mère qui est récemment décédée. Malheureusement, on ne peut pas le garder. On a déjà une grande maison et les enfants sont partis. C’est une page qui se tourne, mais ça fait un pincement au cœur », confie la propriétaire.

La vendeuse espère attirer un acquéreur sensible à l’âme des lieux, capable d’en préserver l’authenticité : « Ce que je souhaite, c’est quelqu’un qui respecte ce qu’il y a ici, même s’il n’y a aucune obligation ».

L’agent est du même avis : « Il faut trouver un quelqu’un qui aime les arts, la littérature. Quelqu’un qui aime la beauté, pas une personne qui va vouloir coller des spots sous plafond, retirer les moulures… »

Pour moi, il n’y a pas de travaux à faire ici. Que ceux qui veulent du neuf, achètent du neuf et qu’ils ne nous embêtent pas à gâcher de tels lieux. Il faut respecter Rouen !

Stéphane Bertrem
Directeur de l’agence immobilière BIM, à Rouen.

C’est un appartement à habiter comme un roman. En plus du prix d’achat, fixé à 835 000 euros, 750 euros de charges pour le chauffage et l’électricité sont à prévoir chaque mois.

Le bien est proposé par l’agence BIM !.Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok

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