Au 5 à 7, Olivier Larue revient sur la dernière fin de semaine de course en Formule du côté de Austin et des chances de Max Verstappen de combler l’écart pour le championnat du monde.
En survolant le Grand Prix des États-Unis de A à Z, Max Verstappen ne laisse plus de doute : il est bel et bien de retour dans la course au championnat des pilotes. Un scénario qui semblait complètement utopique lors de la pause estivale, même Verstappen ne semblait plus y croire, mais qui démontre bien qu’il ne faut jamais considérer le quadruple champion du monde comme battu.
Ce qu’on voit aussi, c’est que la gestion du risque devient un aspect important dans cette course au titre. Si Max Verstappen et Red Bull n’ont rien à perdre, chez McLaren, l’équilibre peut être difficile à trouver. D’un côté, les pilotes veulent continuer d’être agressifs alors qu’ils ont tous les deux l’occasion de mettre la main sur le premier championnat de leur carrière. En même temps, un risque mal calculé, comme on a vu cette fin de semaine à Austin, ouvre la porte encore plus grande à Verstappen.
Un travail qui rapporte
Commençons par revenir sur le travail de Red Bull au cours des derniers mois. Derrière le retour spectaculaire de Max Verstappen, il y a aussi plusieurs décisions qui ont été prises en cours de saison, dont celle de montrer la porte de sortie à Christian Horner et le remplacer par Laurent Mekies.
L’une des questions auxquelles les écuries devaient se pencher cette saison, c’était de déterminer quand mettre un terme au développement de la voiture 2025 pour se concentrer sur celle de 2026, puisqu’un changement de règlementation important aura lieu l’an prochain.
Il aurait été facile pour Mekies, à son arrivée chez Red Bull, de laisser tomber la saison 2025 afin de se concentrer sur la prochaine compagne. Après tout, l’échec de la saison 2025 n’aurait pas reposé sur ses épaules, lui qui est arrivé en cours d’année.
Or, il a décidé de faire confiance à son équipe et à son meilleur atout, Max Verstappen. En continuant le développement de la monoplace actuelle, il envoyait non seulement le message qu’il croyait toujours cette équipe capable de se battre à l’avant, mais il a donné un nouveau souffle, une nouvelle motivation, à une écurie qui traversait une des saisons les plus difficiles de son histoire.
D’ailleurs, lors d’une entrevue à Canal+ cette fin de semaine, Frédéric Vasseur a évoqué le choix d’arrêter le développement rapidement chez Ferrari et de l’impact de cette décision sur le moral des troupes. « La situation est un peu frustrante parce qu’on a arrêté le développement de la voiture actuelle très tôt et on a peut-être un peu sous-estimé – j’ai un peu sous-estimé – le côté psychologique de ça, de faire 17 courses sans développement. Ça pèse un peu pour l’équipe, pour tout le monde ici », indique-t-il dans des propos rapportés par motorsport.com.
Bref, c’est l’inverse que Mekies a fait chez Red Bull, et il récolte aujourd’hui les fruits de cette décision. À Monza, l’écurie comptait sur une évolution majeure, notamment concernant le plancher de la voiture. À Singapour, c’est un nouvel aileron avant qui faisait son arrivée sur la monoplace. Les gains de performance sont là, même que Yuki Tsunoda voit aussi ses résultats s’améliorer, lui qui a terminé dans les points dans trois des six dernières courses (il n’avait inscrit aucun point lors des sept courses précédentes).
Pour Verstappen, les résultats sont spectaculaires. En quatre épreuves, dont une course sprint, il a réduit l’écart avec Piastri de 64 points. Son retard, qui était de 104 unités après le Grand Prix des Pays-Bas, n’est plus que de 40 points avec cinq courses à faire et deux sprints. Si la tendance se maintient, Verstappen a tout le temps qu’il faut pour remporter un cinquième titre de suite. Même que certaines cotes de paris sportifs place maintenant Verstappen comme favori, comme c’est le cas pour ESPN BET sportsbook.
Verstappen n’a plus rien à perdre, estimant après la course à Austin que tout ce que l’écurie peut faire, c’est de continuer à tout donner pour réussir la plus grande remontée de l’histoire.
Évidemment, continuer le développement de la voiture actuelle, c’est aussi un risque. Si aujourd’hui, cela semble être une décision judicieuse, il est tout à fait possible, voir probable, que Red Bull en subisse les conséquences l’an prochain. McLaren et Ferrari n’ont pas arrêté leur développement pour rien et plusieurs écuries voient 2026 comme une opportunité de gagner du terrain dans la hiérarchie.
Pour Mekies et Red Bull, ce sera un problème pour plus tard.
Mieux calculer les risques pour Piastri
Si Verstappen se rapproche aussi rapidement, c’est aussi parce qu’Oscar Piastri a commis des erreurs qui ont ouvert la porte au Néerlandais, et également à Norris qui n’a que 14 points de retard.
Au cours des dernières courses, le pilote australien a peut-être été un peu trop agressif dans quelques-unes de ses décisions, comme ce fut le cas lors de la course sprint cette fin de semaine.
En tentant de reprendre l’intérieur à Norris au premier virage de la course sprint, Piastri a pris un risque mal calculé. Ce n’est pas que la manœuvre était particulièrement audacieuse, car on a vu plusieurs pilotes tenter ce type de dépassement au cours du week-end à ce virage. Sauf que de le faire au départ, alors qu’il y avait plusieurs voitures autour de lui, n’était pas la décision la plus sage. Nico Hulkenberg ne pouvait plus faire grand-chose pour l’éviter.
Même Zak Brown, qui a accusé Hulkenberg pour l’incident, s’est ravisé par la suite, offrant des excuses à l’Allemand. Il estime maintenant qu’il ne peut pas mettre la faute du contact sur le pilote Sauber.
Le contexte de la course sprint est aussi à prendre en compte. Au final, si Piastri était parvenu à devancer Norris, il aurait récolté un seul point de plus. Or, un abandon lui a couté huit points, et peut-être même davantage si on considère que le manque de données récoltées dans la course sprint sur les réglages et les pneus peut en partie expliquer son manque de rythme le lendemain, lors de la course régulière.
Sa mauvaise séquence a commencé en Azerbaïdjan, où il a commis plusieurs erreurs. D’abord une en qualification en frappant le mur dans une séance difficile pour les pilotes en raison du vent. Ensuite, il a volé le départ, ce qui l’a relégué en fond de peloton. En tentant de trop en faire pour remonter au classement, il a ensuite terminé sa course dans le mur, toujours au premier tour.
Encore une fois, c’est un peu le même genre d’erreurs. Pour gagner quelques dixièmes de seconde en anticipant le départ, il a glissé au dernier rang. Le risque était encore très grand pour le gain possible.
Je comprends très bien qu’un pilote est d’abord et avant tout un féroce compétiteur et qu’il veut gagner chaque course. L’inverse serait problématique.
Néanmoins, Piastri doit aussi comprendre la position dans laquelle il se trouve, soit celle de leader au championnat. Après l’épreuve de Zandvoort, il comptait une avance de 34 points sur Norris et de 104 sur Verstappen. Même si cela peut sembler contre-intuitif, il doit comprendre qu’il ne peut pas prendre les mêmes risques que Verstappen, qui lui, n’a rien à perdre.
Certains analystes commencent à se demander si McLaren ne devrait pas privilégier un pilote afin de garder Verstappen à distance et d’améliorer les chances de l’écurie de remporter le titre des pilotes. C’est d’ailleurs ce qu’on avait fait l’an dernier en favorisant Norris en fin de saison.
Sauf qu’avec seulement 14 points d’écart entre les deux, ce serait cruel de demander à l’un ou l’autre de renoncer à ses espoirs d’un premier championnat. Ils devront régler ça en piste.
Et le gagnant ne sera peut-être pas simplement le plus rapide. Ce sera celui qui gère le mieux la pression, qui sera le plus constant, et qui prendra les risques les plus calculés aux bons moments.
L’action reprend dès ce week-end au Mexique. À noter que la séance de qualifications sera présentée sur RDS2 samedi, dès 16 heures 30. La course, elle, sera sur les ondes de RDS à 15 heures 30. Comme d’habitude, vous pourrez également suivre les séances d’essais libres sur le RDS.ca.
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