Un mois après la catastrophe aérienne évitée d’extrême justesse à l’aéroport de Nice, l’hypothèse d’une erreur humaine se précise, selon le rapport préliminaire diffusé par le BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile). Il confirme les témoignages des passagers et les premiers éléments qui avaient orienté les soupçons vers une erreur de piste du pilote du vol Nouvelair.
Ce 21 septembre, il s’en était fallu de trois mètres pour que l’Airbus A320 de la compagnie tunisienne, en provenance de Tunis, ne percute l’Airbus A320 d’easyJet qui s’apprêtait à décoller pour Nantes. Ce dernier se trouvait sur la piste de décollage (04R), située au sud de l’aéroport. La piste d’atterrissage (04L), elle, se situe au nord de l’aéroport. C’est pourtant sur la piste de décollage que l’avion de Nouvelair a failli se poser et percuter l’avion d’EasyJet. La catastrophe a été évitée à quelques dixièmes de secondes près ; 358 personnes se trouvaient à bord des deux avions.
A cinq reprises, la tour de contrôle précise au pilote la piste d’atterrissage
Les conversations rendues publiques par le BEA confirment que la tour de contrôle a demandé à cinq reprises au pilote de Nouvelair de se poser sur la piste d’atterrissage (04L) entre 21h21 et 21h32 min05 s. Soit 18 secondes avant que l’Airbus de Nouvelair ne frôle celui d’EasyJet, sur la piste de décollage (04R).
Les pistes d’atterrissage (plus proche des habitations) et de décollage à l’aéroport de Nice présentent des dispositions particulières. Afin de « diminuer l’impact des nuisances sonores des vols au départ sur les zones urbanisées », leur sens est inversé par rapport à la pratique courante. « En raison des contraintes environnementales », l’éclairage y est particulier. « De nuit, la brillance des balisages de la piste 04R est bien plus importante que celle des balisages de la piste 04L », souligne le BEA.
Ce soir-là, les conditions climatiques étaient défavorables et la visibilité au sol mauvaise. « Le temps était perturbé entre Cannes et Antibes », à ce moment-là, précise le BEA. L’aéroport de Nice – Côte d’Azur présente un certain nombre de caractéristiques topographiques, climatologiques et environnementales qui ont conduit à des choix de procédures et de méthodes d’exploitation. « Il existe quatre procédures d’approche pour la piste 04L », précise le BEA. Celle choisie par le pilote de Nouvelair était conforme aux conditions météorologiques. Juste avant lui, deux avions exploités par Tunisair (atterrissage à 21h19) et Lufthansa (atterrissage à 21h27) avaient demandé la même approche.
Notre dossier sur les catastrophes aériennes
L’enquête ne fait que débuter. Le BEA précise également avoir « eu connaissance d’autres d’événements au cours desquels des équipages auraient confondu les pistes 04L et 04R ainsi que les pistes 22R et 22L. Le recueil et l’étude de ces cas précédents sont en cours. Les premiers éléments semblent indiquer que la différence de perception de la brillance entre les deux pistes pourrait contribuer à ce type de confusion. »