Par
Lisa Rodrigues
Publié le
23 oct. 2025 à 15h01
EXCLUSIF. Il a été la deuxième personnalité politique à présenter officiellement sa candidature pour la mairie de Grenoble. Alain Carignon, actuel chef du groupe d’opposition « Société civile, divers droite et centre », vise un troisième mandat à la tête de la capitale des Alpes – il a été maire de 1983 à 1995 sous l’étiquette du RPR.
Avec sa liste « Réconcilier Grenoble », il compte bien prendre la place d’Éric Piolle en 2026. Il présente à actu Grenoble ses premières grandes propositions.
Un seul mandat en cas d’élection en 2026
Actu : Après votre candidature en 2019, pourquoi avoir décidé de repartir en 2026 ?
Alain Carignon : Grenoble traverse une situation de crise financière, sécuritaire, sociale et écologique. Les collectifs qui travaillent avec moi à l’alternance ont estimé qu’il fallait de l’expérience et du courage, quelqu’un qui n’ait pas d’avenir personnel à préparer, tout en mettant en place une équipe diversifiée pour assurer dans la durée.
Donc, si vous êtes élu, vous ne ferez qu’un mandat ?
AC : Oui, au maximum.
Hausse des effectifs de police municipale
Sur la sécurité, les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur montrent une hausse des faits de violence. Si vous êtes élu, que comptez-vous faire à ce sujet ?
AC : 1 000 Grenoblois sont plus agressés que 1 000 Marseillais ou 1 000 habitants de Seine-Saint-Denis. Ramené au nombre d’habitants, Grenoble a le record national de l’insécurité !
Nous avons un plan de développement de la police municipale : on va augmenter les effectifs de 50 policiers par an pendant 3 ans. La police sera armée et reliée à un PC opérationnel. Et évidemment, il faut un réseau de caméras de vidéoprotection développé.
On veut aussi donner un mandat d’assermentation au personnel municipal volontaire pour dresser des procès-verbaux sur le terrain face aux incivilités.

Alain Carignon souhaite augmenter les effectifs de la police municipale, aujourd’hui estimé à une cinquantaine d’agents. (©Illustration / Ugo Maillard / actu Grenoble)
Avez-vous d’autres propositions sur la sécurité ?
AC : L’expulsion des dealers condamnés dans les HLM. D’autres communes le font, comme Valence ou Marseille. Nous laissons perdurer des gens qui vivent avec d’énormes moyens – des revenus occultes – dans des logements sociaux.
On propose aussi un critère de tranquillité publique dans l’attribution des logements sociaux, de manière à éviter d’implanter la gangrène dans les quartiers.
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« Je m’engage à stopper la hausse des impôts »
Comment financer tout ça ?
AC : Nous engagerons entre mars et décembre 2026 une fusion des services en doublon avec la Métropole pour créer des économies de fonctionnement et stopper la hausse d’impôts.
Il n’y aura donc pas de hausse d’impôts si vous êtes élu ?
AC : Je m’engage à stopper la hausse des impôts. Et je précise que Laurence Ruffin et Allan Bruno annoncent une hausse considérable des impôts, parce qu’ils ne veulent pas faire les réformes de structure nécessaires.

Les deux candidats déclarés à gauche pour les municipales de Grenoble – Laurence Ruffin pour la liste de la majorité Piolle et Allan Brunon pour LFI – sont particulièrement visés par Alain Carignon. (©Montage actu Grenoble / Photos actu Grenoble et X)
Cela sous-entend qu’il faut se mettre d’accord avec la Métropole, alors que les relations avec la Ville de Grenoble se sont dégradées dernièrement…
AC : J’ai été président de l’agglomération et président du département, je sais gérer la coopération entre collectivités. Et je m’y attèlerai. C’est un objectif d’apaiser les relations avec la Métropole, de créer une coopération fructueuse et efficace. Tout ce qui a été rompu par la majorité municipale sortante.
Encourager l’action des associations
Que comptez-vous faire pour la jeunesse ?
AC : On veut mettre en place un plan pour qu’aucun jeune Grenoblois ne soit exclu d’une activité culturelle ou sportive, hors temps scolaire. Nous voulons nouer un contrat avec le tissu associatif et socioculturel pour cela. Et tout va passer par la Ville : elle finance à proportion les clubs et finance ses postes pour qu’ils puissent accueillir ces jeunes.
Donc, il faut donner plus de moyens aux associations ?
AC : La municipalité actuelle a coupé le budget des associations, elle a fermé et mutualisé des équipements. Nous allons redonner un souffle à cette diversité associative qui est une richesse extraordinaire. Nous mettrons fin aux obligations idéologiques imposées aux acteurs culturels de la ville pour leur redonner de la liberté.
Condamné et emprisonné dans les années 1990
Alain Carignon est aussi connu pour son passé judicaire : il a été condamné et emprisonné en 1996 pour abus de biens sociaux, corruption et subordination de témoins dans une affaire de financement de journaux.
Un CV que ses adversaires brandissent régulièrement, à commencer par l’équipe d’Éric Piolle. « Les affaires sont derrière moi maintenant, contrairement à la majorité actuelle pour qui elles sont plutôt devant », réplique Alain Carignon. Une référence, notamment à l’enquête en cours sur une potentielle « combine » financière entre Éric Piolle et son ancienne adjointe LFI, Élisa Martin, aujourd’hui députée.
Préparer la ville au réchauffement climatique
Grenoble a été capitale verte européenne en 2022, récompensant ses avancées environnementales. Que comptez-vous faire face au changement climatique ?
AC : Nous voulons que Grenoble se prépare au réchauffement climatique avec l’objectif de la neutralité carbone pour les années 2050. L’année où Grenoble est devenue la capitale verte européenne, c’est aussi l’année où elle est devenue la première grande ville de France pour les îlots de chaleur dus à l’urbanisation !
Il faut mettre en œuvre un plan pour préparer la cuvette au réchauffement climatique. Ça passe par le changement du plan d’urbanisme pour sanctuariser tous les espaces de nature qui demeurent.

Pour pallier aux îlots de chaleur cet été 2025, la Ville de Grenoble a relancé des « lieux de fraîcheur », dont plusieurs fontaines comme celle de la place Victor-Hugo. (©Illustration / Lisa Rodrigues / actu Grenoble)
Le mot d’ordre serait donc “moins de béton, plus d’arbres” ?
AC : Plus d’arbres et d’absorption, oui. Et relancer les transports en commun pour que ce mode de déplacement continue à progresser.
Réinvestir dans les transports en commun
Sur les transports en commun justement, il y a ce débat sur la gratuité porté par Éric Piolle. Y êtes-vous favorable ?
AC : Dans son programme de 2014, il y avait la gratuité pour les 18-25 ans. Aujourd’hui, avec Laurence Ruffin, ils veulent faire le transport gratuit le week-end : ils ne le feront jamais.
La gratuité totale des transports en commun, c’est 70 millions d’€ par an. Le président du SMAAG leur a répondu. Des réseaux comme Montpellier – qui ont fait la gratuité – sont 10 fois plus petits que les nôtres et sont très récents, ils n’ont pas besoin d’investissements. Nous, on a un réseau très développé qui nécessite énormément d’investissements.
Mais il faut bien sûr des tarifications solidaires pour permettre à ceux qui ne peuvent pas d’emprunter les transports.
Quels seraient ces investissements ?
AC : Il n’y a pas eu un kilomètre de tramway créé depuis 12 ans. C’est la première fois ! On verra à l’échelle de la Métropole comment on peut relancer et développer les transports en commun, dans une situation financière et syndicale des transports très tendue.

L’équipe d’Alain Carignon souhaite encourager les investissements dans le réseau de transports en commun grenoblois. (©Illustration / Lisa Rodrigues / actu Grenoble)La place du vélo
Concernant les modes de déplacement doux, le vélo a fait un bond énorme à Grenoble…
AC : Le vélo doit continuer à être favorisé. Mais à l’échelle de Grenoble, c’est 12 % des déplacements. Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas considérable. Le premier mode de déplacement écologique, c’est la marche à pied : 40 % des déplacements environ. On peut faire beaucoup mieux si on a une signalétique correcte, des trottoirs praticables et réparés. Et si on a plus de sécurité et de propreté !
Sur les 12 dernières années il y a eu des politiques de piétonnisation du centre-ville. Est-ce que ça doit continuer ?
AC : Elle a été mal faite et ce n’est pas une vraie piétonnisation, parce que ce n’est pas réservé qu’aux piétons. Il y a un mélange des modes de déplacement qui fait que c’est très inconfortable pour les piétons. Cette cohabitation n’existe pas, parce qu’il y a pas assez de policiers pour la faire respecter.
« Une écologie punitive et une politique bête »
Concernant la voiture, est-elle encore la bienvenue à Grenoble ?
AC : La question n’est pas là : 50 % des Grenoblois n’ont pas de voiture. La question, c’est qu’on est le centre d’une métropole de 500 000 habitants. Une partie de l’accès se fait par la voiture, avant d’être cycliste ou piéton, ou de prendre les transports en commun.
Mais cette municipalité a supprimé des parkings relais, comme à l’Esplanade. Il manque d’après le SMMAG 1 500 places de parking pour mettre en place la ZFE. Et nous, on en supprime 800 ! C’est une écologie punitive et une politique bête qui produit les effets contraires des objectifs qu’elle dit s’être fixée. Nous devons y mettre fin.
Cette problématique de stationnement et d’accessibilité est soulevée par des commerçants du centre-ville. Que ferez-vous pour les aider ?
AC : On peut avoir des zones mixtes ou de rencontres. On est train d’étudier ça très finement. C’est important pour le commerce, pour la convivialité et la sécurité.
Il y a les habitants qui font fonctionner les commerces, mais ça ne suffit pas, il faut aussi du passage, sans créer des autoroutes dans la ville.
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