À moins d’un mois désormais de la conclusion du championnat, Pecco Bagnaia doit compter les courses qu’il lui reste à disputer avant de pouvoir souffler, sachant la souffrance que semble être à présent chacune de ses apparitions en piste. Le plus surprenant, cependant, n’est pas tant que l’Italien n’ait pas réussi à inverser la tendance d’une saison mal embarquée, mais qu’à ce stade, au bout de 19 Grands Prix, personne ne semble encore avoir compris ce qui le met à ce point en difficulté.
Bagnaia lui-même s’évertue à pointer une origine technique à ses mauvaises sensations sur la version 2025 de sa moto. Chez Ducati, bien qu’une autre explication ait été timidement évoquée, on continue à promettre le maximum d’efforts de la part des ingénieurs pour tenter de faire la lumière sur des difficultés profondes.
Cette semaine, c’est Valentino Rossi qui a été interrogé sur la question dans une interview accordée à la chaîne italienne Sky Sport MotoGP. Et il est intéressant de noter que lui-même se dit perplexe, tout en insistant sur les efforts déployés par la VR46 Riders Academy pour venir en aide à celui qui a tant gagné ces trois dernières années avant de soudainement s’effondrer cette saison.
« Pecco est trois fois champion du monde, dont une fois avec notre équipe en Moto2 », rappelle Valentino Rossi. « Il sort de saisons durant lesquelles il a été très rapide et gagné des titres, mais malheureusement, cette année il est un peu en difficulté. Nous essayons d’être à ses côtés et de l’aider au maximum pour lui permettre de revenir devant, où il mérite d’être. »
Il a été associé dans le stand à un coéquipier encombrant et rapide comme Márquez.
« Ces trois dernières années, Pecco s’est toujours battu pour le titre. Il en a gagné deux et le troisième, l’année dernière, il l’a malheureusement perdu à la dernière course. En tout cas, il a toujours beaucoup gagné et il a tout le temps couru aux avant-postes, donc il a montré sa valeur. »
« Cette année, à cause d’un ensemble de choses, il ne s’est pas très bien senti avec la nouvelle version de la Ducati », observe le fondateur de l’académie de pilotes à laquelle Bagnaia a adhéré il y a 12 ans, lorsqu’il courait en Moto3. Et Rossi de nommer de lui-même l’éléphant au milieu de la pièce : « Il a commencé à avoir un peu de mal, d’autant qu’il a été associé dans le stand à un coéquipier encombrant et rapide comme Márquez. »
« Donc on est dans un moment difficile. Nous essayons de l’aider toujours à 100%, de comprendre comment faire pour résoudre cela. Franchement, pour le moment, nous n’y sommes pas arrivés ! Nous non plus, nous n’avons pas encore bien compris ce qui se passe. Mais je suis convaincu que Pecco retournera devant et qu’il recommencera à gagner. »
Des difficultés qui pourraient s’étendre aux autres Ducati ?
La situation de Pecco Bagnaia surprend d’autant plus qu’en dehors de performances très en deçà de son potentiel sur certaines pistes, il a aussi réussi à réapparaître ponctuellement tel qu’on le connaît. Le scénario des dernières semaines est emblématique de cette extrême versatilité, puisqu’il a tout raflé au GP du Japon, mais n’a marqué aucun point lors du week-end précédent et des deux suivants.
Bagnaia, qui a beaucoup détaillé ses mauvaises sensations sur la GP25, a été questionné sur ce que peuvent ressentir les autres pilotes Ducati. Et il a alors détaché la problématique de sa propre personne, en alertant : « Sincèrement, en début de saison j’étais plus ou moins le seul avec ce genre de soucis, mais Frankie Morbidelli commence maintenant à avoir la même chose. On essaie de comprendre pourquoi parce que si tous les pilotes commencent à avoir les mêmes soucis, ça peut être un problème pour Ducati. On essaie de travailler d’une façon différente pour trouver une solution. »
Puis, questionné sur les propos de Valentino Rossi, Pecco Bagnaia y répond à sa manière, en insistant sur le message qu’il souhaite faire passer : « Je dis seulement que c’est une situation difficile à comprendre pour nous tous. Ça n’est facile ni pour moi, ni pour les techniciens. Donc on essaye de comprendre comment faire parce que ce problème peut se présenter aussi pour les autres pilotes Ducati et c’est une situation qui pourrait être problématique. »
Pecco Bagnaia cherche inlassablement une solution.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
De toute évidence lassé par les théories du complot et les rumeurs qui se multiplient de la part des spécialistes des réseaux sociaux, le pilote Ducati ajoute : « J’ai remarqué que dans les moments les plus compliqués, on fait plus attention à ce qui se dit. On voit un tas de conneries, vraiment. Mais en général, j’ai toujours réussi à m’en extraire, j’ai toujours démontré que quand je me suis senti bien, j’ai réussi à être performant. On est arrivés à la conclusion que ça n’est plus une question d’adaptation mais de fonctionnement, et on cherche donc à comprendre ce qui peut provoquer cette situation. »
Lorsqu’il lui est enfin demandé s’il pense avoir lui-même fait une erreur quelque part, Pecco Bagnaia assume : « Certainement. Personne n’est parfait. Il y a certainement eu des situations dans lesquelles j’aurais pu faire plus, mais malheureusement quand on est à ce point en difficulté ça n’est pas facile de faire plus. J’aurais certainement pu faire plus. »
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« De bonnes idées » pour Sepang
C’est dans ce contexte que débute le GP de Malaisie, cette semaine, et le pilote italien dit avoir, avec son équipe, « de bonnes idées pour entamer le week-end ». Il apprécie le circuit de Sepang et ne peut qu’espérer y retrouver les sensations et les performances auxquelles il est habitué ici, mais on sent aussi que les multiples revers subis cette année entretiennent sa grande prudence.
« J’aimerais juste apprécier le week-end et pour apprécier le week-end, j’aimerais commencer avec de bonnes sensations sur la moto. Lors du test ici, j’étais performant, super performant. Je crois que j’ai fini le test à la deuxième place, si je ne me trompe pas, et les sensations étaient bonnes. Je suis prêt à commencer. »
« Dans cette situation, il ne faut pas être trop gourmand et prendre les choses plus calmement et voir, séance après séance, si on peut progresser, parce que sur les pistes comme celle-ci, qui sont bonnes pour nous, on a plus de marge pour essayer des choses. À Phillip Island, les conditions n’aident pas ; à Mandalika, le grip augmente beaucoup au cours du week-end, donc rouler sur une piste comme ça, où beaucoup de pilotes ont roulé, c’est mieux parce que ça donne le temps de tester des choses. Dès la première séance, la piste est performante donc c’est bien pour nous. »
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
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