Présidente de l’université Lumière-Lyon 2 depuis juillet 2024, Isabelle von Bueltzingsloewen a été confrontée à une année agitée notamment marquée par l’affaire Balanche. « Le 1er avril, le cours d’un enseignant, a été envahi par des étudiants cagoulés, qui ont insulté le collègue et l’ont traité de sioniste », a-t-elle rappelé ce jeudi lors de la conférence de presse de rentrée. Si elle assure que l’université a réagi « avec les dispositions prévues », elle a déploré « le retentissement important » de l’événement

Relations tendues avec la Région

« Notre université a servi de terrain de jeu politique », estime-t-elle. Dans la foulée, la Région, par la voix de son conseiller spécial Laurent Wauquiez, avait annoncé supprimer ses subventions à Lyon 2, accusée de « dérives islamo-gauchistes ». « On parle de 19 millions dédiés à l’achèvement du chantier de La Ruche », précise la présidente de Lyon 2. Le chantier du nouveau bâtiment de 13000m2, qui abritera entre autres la bibliothèque, doit s’achever en 2026. Le projet s’inscrit dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. La Région réclame « un audit indépendant » sur ce qu’il s’est passé à Lyon 2. Une demande qui n’a pas été suivie par le ministère de l’Enseignement supérieur et Lyon 2. Dans un courrier à la Région ce 22 octobre, l’université fait un petit pas. « On a mis à plat toutes les procédures de l’établissement en termes de sécurité des personnes et des biens », dit Isabelle von Bueltzingsloewen, qui répète que « la Région est un partenaire essentiel ».

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Une situation financière « extrêmement fragile »

Cette affaire a mis au second plan « la situation financière extrêmement fragile » de l’université. « 10 universités, dont la nôtre, ont dû présenter un plan de conditions de retour à l’équilibre. On peut parier qu’il y en aura une vingtaine d’autres en 2026. Le modèle économique des universités est à bout de souffle », alerte la présidente.

Depuis décembre, le ministère a défini des nouveaux critères de soutenabilité financière. Les universités doivent avoir un fonds de roulement supérieur à 15 jours de fonctionnement, leur trésorerie doit dépasser le seuil de 30 jours et la masse salariale rapportée à l’ensemble de leurs ressources ne doit pas franchir le seuil de 85 %. C’est ce dernier critère que ne respecte pas Lyon 2 qui atteint 85,6 %. « L’État fait peser sur nous des charges nouvelles qu’on n’a pas les moyens de financer », insiste Isabelle von Bueltzingsloewen, qui cite par exemple l’incidence « mécanique » de la hausse du point d’indice sur la masse salariale.

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4 millions d’économie sur la masse salariale

Critiqué en interne, le plan de conditions de retour à l’équilibre qui s’étale jusqu’en 2028 doit permettre plus de 5 millions d’économies dont 4 sur la masse salariale. Cela passe par « une campagne d’emploi quasiment blanche » cette année. 10 postes d’agents administratifs et techniques et 5 postes d’enseignants-chercheurs seront supprimés. L’université mise aussi sur une diminution de ses dépenses de fonctionnement et va reporter des investissements. L’offre de formations sera revue à la baisse à la rentrée 2027. Lyon 2 compte développer ses recettes avec la formation continue et l’alternance.

La présidence de Lyon 2 le sait : la moindre nouvelle charge, sans compensation de l’État, compromettra son plan. Or de nouvelles mesures sont prévues comme la mise en place de la protection sociale complémentaire des agents qu’elle chiffre entre 500 000 et 800 000 euros par an. « La discontinuité ministérielle est un vrai problème. On est dans l’incertitude tant qu’on n’aura pas de budget », dit Isabelle von Bueltzingsloewen.