«Affront », « décision incompréhensible »… Les réactions étaient vives jeudi au sein de la communauté juive après la condamnation, sans reconnaissance d’un motif antisémite, de deux frères ayant abattu un arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune juif torturé à mort en 2006.

« Refuser de voir l’antisémitisme quand on abat l’arbre en hommage à Ilan Halimi, c’est faire affront à tous ceux qui luttent contre la haine des Juifs », a affirmé sur X Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « Avec cette décision, non seulement la justice n’apporte pas de réponse à l’antisémitisme mais elle aggrave le problème », a-t-il ajouté.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné mercredi des frères jumeaux, l’un à huit mois de prison ferme, l’autre à huit mois de prison avec sursis, pour avoir abattu cet arbre mi-août à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).

« A qui veut-on faire croire cette fable » ?

Le tribunal les a déclarés coupables de destruction du bien d’autrui aggravée. Mais il les a relaxés du fait de violation d’un monument dédié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion. Il a estimé qu’il n’y avait pas assez d’éléments permettant d’établir que les deux hommes avaient conscience qu’il s’agissait d’un monument en la mémoire d’Ilan Halimi.

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Pour l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), « ce jugement est incompréhensible » car tronçonner l’arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi « c’est porter atteinte sa mémoire et c’est par nature un acte à caractère antisémite ».

« Cette triste décision ne peut pas en rester là », a affirmé Philippe Meyer, le président en France de l’ONG historique juive Bnai Brith, en s’interrogeant : « A qui veut-on faire croire cette fable » que l’arbre aurait été choisi « par pur hasard » ? Le rabbin de Levallois-Perret Chalom Lellouche, également indigné par ce jugement, a rappelé les mots d’Emmanuel Macron en août 2025 : « Abattre l’arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois ».