Par
Margot Nicodème
Publié le
23 oct. 2025 à 18h36
Les adeptes de TikTok ne sont pas passés à côté de la vidéo d’Ellie, qui a affiché l’homme qui vient régulièrement se masturber à côté de son école, à Lille (Nord). Des années d’agissements impunis, jusqu’à ce que la dénonciation publique de la jeune femme de 21 ans ne devienne virale, le 14 octobre dernier. Plus de 5 millions de vues plus tard, le maire de Lille Arnaud Deslandes annonçait des mesures pour sécuriser le pont sur lequel l’individu se livrait à ses délits. Et ça n’en est pas resté là : Ellie a été convoquée au tribunal de Lille, le 17 octobre, pour faire face à cet exhibitionniste de 33 ans. La justice l’a condamné à une peine de prison avec sursis, mais des étudiantes sont certaines de l’avoir déjà vu roder à nouveau dans les parages de l’école.
Elle dénonce l’exhibitionniste récidiviste sur TikTok : Ellie lui fait face au tribunal de Lille
Ellie a voulu prévenir sa communauté, et plus largement tous ceux qui ont vu sa première vidéo. Le 20 octobre, elle publiait la suite de l’affaire qu’elle avait portée au grand jour : « Seulement 4 jours après […], j’ai été appelée par le tribunal pour témoigner. Cet homme était là, c’était bien lui, il était juste devant moi », raconte-t-elle dans une seconde vidéo TikTok. Ellie revient sur cette accélération inattendue de la procédure.
« J’ai été appelée vendredi à 12h par le tribunal. On m’a demandé si je pouvais y être à 15h, je travaillais, mais me suis libérée. » L’étudiante se rend seule sur place, alors que sa camarade, victime de l’exhibitionniste début octobre, ne peut être présente. Ellie et son amie, qui se sont constituées parties civiles, sont défendues par une avocate. En face, le prévenu de 33 ans, retrouvé et interpellé entre temps. Lui aussi a son avocate.
Réponse à @elliegenvo Il a été condamné. Mais il est toujours dehors. Ma première vidéo a fait bouger les choses, mais il reste encore tellement à faire. Pour moi, pour toutes les femmes, pour celles et ceux qui ont peur 🤍🫂 #lille
Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés, à savoir ses nombreuses sessions de masturbation en public, toujours au même endroit, sur le pont de Douai. Pour ces délits à répétition, il est visé par « au moins 7 plaintes, rien que dans mon école », précise Ellie. L’audience, sans public, lui a permis de découvrir que le trentenaire avait déjà été condamné par le passé.
Mis à part ses aveux à la barre, « il n’a absolument rien dit ». Il a immédiatement été condamné à 12 mois d’emprisonnement, assorti d’un sursis probatoire de 24 mois, et a pu repartir libre du palais de justice.
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Inscrit au fichier des délinquants sexuels
Sollicité à propos de cette affaire, le parquet de Lille précise que deux plaintes avaient été déposées à l’encontre de cet individu : la première le 13 mai 2024 et la seconde le 7 octobre 2025. Filmé par une victime, il a ainsi pu être identifié.
Interpellé et placé en garde à vue le 16 octobre, il a été déféré vendredi 17 octobre en audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (il a reconnu les faits lors d’un entretien avec un magistrat du parquet).
En plus de sa peine et de diverses obligations (soins, travail et formation notamment), il a interdiction d’entrer en relation avec les victimes et obligation de les indemniser, Ellie et sa camarade, à hauteur de 300 €. L’homme est également inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Condamné à de la prison avec sursis et déjà de retour sur le pont de Douai ?
Pour Ellie, qui n’avait demandé aucun dommage et intérêt, c’est une victoire de le voir reconnu coupable. Cependant, la question se pose déjà de la « leçon » que l’homme tire de sa condamnation, puisqu’il serait déjà revenu sur le secteur.
En effet, il aurait été aperçu par deux étudiantes lundi 20 octobre en fin d’après-midi non plus sur le pont de Douai, mais tout près. Il s’adonnait toujours à des actes de masturbation, selon les témoins, qui ont été en contact avec Ellie et la direction de l’école. Les deux jeunes femmes ont l’intention de porter plainte cette semaine. Ellie précise le 23 octobre qu’elle a eu vent de trois nouvelles plaintes depuis vendredi, « dont deux concernant le même homme. »
Le parquet précise qu’ « en cas de violation d’une ou plusieurs des obligations et interdictions [établies lors du jugement, NDLR], le juge de l’application des peines a la possibilité de faire écrouer la personne et in fine de révoquer tout ou partie de l’emprisonnement assorti du sursis probatoire. »
De son côté, Ellie ne désespère pas. Elle a bien remarqué les voitures de la police municipale en patrouille dans le secteur, mardi après-midi. Mais elle sait aussi que l’homme, d’environ 1m75 et plutôt chétif, peut redoubler d’efforts pour habilement échapper à la vigilance générale. La prudence reste de mise.
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