Elles ont dû appeler la police pour être « délivrées » du centre de loisirs, où elles se sont retrouvées enfermées seules pendant de très longues minutes. Ce mardi 21 octobre, deux fillettes de 9 ans ont été oubliées par mégarde au centre de loisirs Pierre-Alexandre-Richard de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), lors de la pause méridienne.
Il est environ 11h30 lorsque les animateurs quittent les lieux avec tous les enfants gardés au centre pour se rendre à la cantine du groupe scolaire des Boutours, le centre de loisirs n’en étant pas doté. Tous les enfants… ou presque. En effet, deux filles scolarisées en CM1 ont été tout bonnement laissées derrière et se sont retrouvées coincées dans le centre, livrées à elles-mêmes.
« Leur premier réflexe a été d’ouvrir les fenêtres pour appeler au secours »
« Un peu plus tôt dans la matinée elles ont demandé l’autorisation d’aller lire seules dans la bibliothèque. Elles ont fermé la porte pour s’isoler du brouhaha ambiant, mais au bout d’un moment elles ont compris qu’elles étaient seules. Leur premier réflexe a été d’ouvrir les fenêtres pour appeler au secours. Elles se sont ensuite demandé si elles devaient escalader la grille, mais elles ont eu le bon réflexe de chercher s’il y avait un téléphone fixe dans le centre et ont fini par en trouver un », retrace Matthieu, le papa de l’une d’entre elles.
Sa fille compose le 17 et parvient à joindre la police. Les forces l’ordre interviennent pour sortir les deux enfants du centre de loisirs, qui auront finalement passé une bonne vingtaine de minutes toutes seules. Elles sont ensuite amenées au commissariat, où leurs parents sont venus les chercher.
« Pendant tout ce temps les animateurs ne se sont rendu compte de rien, la police a contacté la mairie à 13h30 qui a appelé la directrice du centre ! », s’indigne Solenn Piron, représentante des parents d’élèves élue FCPE pour l’école du Centre, l’une des deux à dépendre du centre de loisirs.
Une erreur dans le comptage des enfants serait à l’origine de ce gros raté. À la suite de cet incident, une procédure a été ouverte par la brigade des mineurs du commissariat de Rosny-sous-Bois pour « mise en danger d’autrui » et les parents des deux jeunes filles ont décidé de porter plainte contre la municipalité.
Nouveau raté un mois après qu’une fillette est rentrée seule chez elle à pied
« C’est choquant que des animateurs oublient des enfants ! Le matin on pense les laisser en sécurité au centre de loisirs alors qu’ils ne le sont pas », s’émeut Matthieu, qui assure que sa fille n’a pas été traumatisée. Insuffisant cependant pour le faire renoncer à déposer plainte.
« C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y a six mois déjà, j’étais arrivé en avance pour récupérer mon fils de 5 ans après le temps périscolaire. Je me suis assis un peu plus loin et au bout d’un quart d’heure, je l’ai vu passer aux bras de deux passantes, qui l’avaient retrouvé en pleurs en train d’errer devant son école. Lors de l’appel au talkie-walkie, l’animateur l’avait confondu avec un autre garçon au prénom ressemblant », raconte, outré, le papa.
« La situation aurait pu mal tourner et les enfants auraient pu paniquer ou se blesser. On peut s’interroger sur la quantité et la qualité de recrutement et de formation des encadrants de nos enfants. Compter les effectifs à chaque déplacement c’est quand même la base ! », s’insurge Solenn Piron.
Cette négligence constitue à nouveau un gros couac pour l’accueil périscolaire et de loisirs de la ville de Rosny-sous-Bois. Il y a un peu moins d’un mois, une fillette de 3 ans était rentrée seule à pied chez elle à vingt minutes de là, après que les animateurs du centre de loisirs Françoise-Dolto l’ont laissée sortir par erreur, la confondant avec un autre enfant portant le même prénom. Ses parents avaient également porté plainte et une enquête interne avait été ouverte.
« Une faute humaine grave qui fera l’objet de sanction »
« Cette dernière n’est pas encore close, mais nous avons corrigé le problème structurel en mettant en place des zones d’attente faisant office de sas, pour éviter que des enfants échappent à la vigilance des animateurs près des entrées où s’agglutinent beaucoup de parents et d’enfants aux heures de sortie », explique Jean-Paul Fauconnet (LR), le maire de Rosny-sous-Bois.
Le premier magistrat plaide cette fois-ci l’erreur individuelle isolée. « Apparemment les enfants n’ont pas été comptés avant de partir et l’alarme qui aurait pu détecter le mouvement de ses deux jeunes filles n’avait pas été mise en route. C’est inadmissible, il s’agit d’une faute humaine grave qui fera l’objet de sanctions ! », assène Jean-Paul Fauconnet, qui évoque la possibilité de ne pas renouveler le contrat de l’animatrice si l’enquête interne de la ville confirme ses manquements.
Selon le maire, il y avait un animateur de plus que ce qui est prévu que le nombre requis pour respecter le taux d’encadrement légal et tous les animateurs présents ce jour-là étaient diplômés.