Créée en 1848, la Suisse réunit vingt-six cantons dotés d’une grande autonomie, pour près de 9 millions d’habitants, vivant avec 4 langues nationales. Son système politique repose sur un fédéralisme prononcé, un gouvernement collégial, et l’usage régulier du référendum, qui donne aux citoyens un droit de veto législatif pour le moins original. Pays neutre depuis le congrès de Vienne, elle n’appartient ni à l’OTAN ni à l’Espace économique européen, mais elle affiche l’un des PIB par habitant les plus élevés de la planète grâce à une spécialisation dans la finance, l’horlogerie, la pharmaceutique et les technologies de pointe. Et cette identité institutionnelle et économique influence fortement son rapport aux organisations supranationales…
La Suisse fait-elle partie de l’Europe et de l’espace Schengen ?
Géographiquement et culturellement, la Suisse est pleinement européenne : environ 60 % de ses échanges extérieurs sont réalisés avec les États membres de l’UE, et des milliers de frontaliers traversent chaque jour ses frontières. Sur le plan juridique, elle appartient à l’Association européenne de libre-échange (AELE) depuis 1960, et elle participe à l’espace Schengen, qui a vocation à faciliter la libre circulation des personnes, depuis 2008. En revanche, elle n’appartient ni à l’Union douanière ni au marché intérieur au sens strict : les relations commerciales et réglementaires sont régies par plus de 100 accords bilatéraux négociés au cas par cas, ce qui crée un cadre certes complexe, mais adapté à ses spécificités nationales.
Alors, pourquoi la Suisse ne fait-elle pas partie de l’Union européenne ?
Plusieurs raisons expliquent cela. En premier lieu, la neutralité militaire traditionnelle pousse les autorités à maintenir une distance vis-à-vis des blocs politiques. Par ailleurs, le principe de souveraineté populaire est central : lors du référendum de 1992, 50,3 % des votants ont rejeté l’adhésion à l’Espace économique européen… La fiscalité attractive et la politique de concurrence réglementaire sont également jugées plus faciles à préserver hors de l’UE. Enfin, le gouvernement fédéral redoute de devoir harmoniser des champs sensibles comme l’agriculture, les services financiers ou la politique migratoire. Résultat : la fameuse « voie bilatérale » est devenue la formule préférée.
Pourquoi les Suisses n’utilisent-ils pas l’euro ?
Le franc suisse (CHF) reste un symbole de l’indépendance économique suisse. Géré par la Banque Nationale suisse, il permet au pays de définir sa politique monétaire sans être lié aux décisions de la Banque centrale européenne. Cette autonomie est jugée indispensable pour stabiliser une monnaie refuge souvent sollicitée en période de crise. Dans les faits, les commerces proches des frontières acceptent fréquemment l’euro, mais la parité est moins avantageuse que dans un pays membre. Ainsi, le maintien du franc suisse montre bien la volonté helvète de conserver ces leviers stratégiques, tout en restant un partenaire économique incontournable de l’Union européenne.
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