L’annonce a été faite mercredi après-midi, vers 17 h 30, aux résidents du camp. Certains ont alors déménagé avant l’intervention policière, visiblement aidés par des voitures de particuliers. D’autres ont été orientés vers des hébergements d’urgence à Rennes ou transférés vers Fougères, avec le soutien des services municipaux. Mais une quarantaine de mineurs isolés se retrouvent dans la nature.
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Ce campement d’ « exilés » s’était formé en septembre 2023, après l’évacuation de celui des Gayeulles, et il était clairement mentionné depuis mars 2025. Installé au beau milieu d’un quartier résidentiel, face au collège de l’Assomption et à proximité d’écoles et de crèches, il s’était progressivement étendu. En juin 2025, la mairie recensait environ 200 migrants. En octobre, l’association Interrogation en comptait 300, dont une centaine d’enfants. Un migrant présent sur le camp évoquait même jusqu’à 400 personnes, originaires d’Europe de l’Est et d’Afrique.
Un parc dégradé, un quartier lassé
Des associations telles que Utopia 56 Rennes ou la Croix-Rouge ont aidé ces personnes à se maintenir sur les lieux en leur fournissant notamment du matériel de campement. Dans ce cadre, les questions de sécurité et de salubrité, responsabilités de la municipalité, étaient devenues des problèmes récurrents. Les abords du parc étaient semés de déchets, parfois d’excréments, rendant le lieu impraticable pour les habitants. Il n’était pas rare que des hommes urinent en public. Le jardin chinois financé à grands frais était très apprécié des visiteurs du parc. « Un jour, j’ai constaté des jeunes en haut d’un érable du Japon en train de le saccager. Quand l’un d’eux m’a vue, il est descendu en me menaçant, pensant que je prenais des photos », raconte une riveraine.
« On ne va plus dans le parc », confie cette habitante de Maurepas, qui y vit depuis quinze ans. Membre d’un collectif de quartier créé cet automne, elle dit avoir retrouvé « des blisters de médicaments, des tentes isolées », indices flagrants de trafics en tout genre, dans lesquels le proxénétisme a certainement sa place. La proximité avec le secteur du Gros-Chêne, déjà connu pour son trafic de stupéfiants, aurait renforcé l’activité. Elle raconte à Valeurs actuelles qu’il y a eu une tentative de laisser le parc ouvert le soir quand il n’était plus occupé, pour que les habitants puissent en profiter, mais cela s’est vite transformé en échec. « C’est très vite redevenu propice aux trafics », déplore-t-elle.
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Pour Thomas Rousseau, du mouvement L’Espoir Rennais, la situation était devenue intenable. Face à une telle urgence humanitaire, il regrette « l’inaction persistante de la municipalité ». Le « manque de courage des élus » est selon lui catastrophique, compte tenu du climat d’insécurité autour du parc, de la dégradation de la qualité de vie ou des problèmes d’hygiène.
Deux ans plus tôt, un campement similaire avait déjà été évacué au même endroit, également à cause d’une tempête, avant de retrouver, au printemps, une nouvelle population. Ainsi ce jeudi matin les tentes ont disparu, mais la question reste la même : quel sursis avant que le parc de Maurepas ne redevienne le théâtre des mêmes urgences et des mêmes impasses ?