C’est stupide de critiquer un livre sans savoir ce qu’il y a entre ses pages. Mais deux maisons d’édition québécoises ont choisi d’attaquer le nouveau livre de Mathieu Bock-Côte, avant même la parution, alors que le livre est sous embargo et sort seulement jeudi en France.

Venant de maisons d’édition qui devraient défendre la liberté de penser, c’est à la fois stupide, mesquin et honteux.

L’ensemble de l’œuvre

Mathieu Bock-Côté (MBC) a un nouveau livre, Les deux Occidents: de la contre-révolution trumpiste à la dérive soviétique de l’Europe occidentale, qui paraissait jeudi aux Presses de la Cité.

Mathieu m’a confirmé que personne n’a pu lire le livre avant jeudi… même pas ses amis les plus proches.

Or, sur sa page Facebook, la maison d’édition Lux qualifie le livre de «nouveau roman de l’extrême droite».

Vous n’êtes pas sans savoir qu’en 2025 associer un auteur à l’extrême droite, c’est lui mettre une cible dans le dos.

Après cette accusation grave, la maison Lux écrit un résumé ridiculisant le livre et diabolisant son auteur. Et conclut en disant: «Voilà un auteur qui met son imagination au pouvoir!».

J’ai parlé jeudi à Mark Fortier, éditeur de Lux. Il m’a affirmé qu’il avait lu «pas au complet, mais en partie» le livre de Mathieu. Quand je lui ai demandé comment il se l’était procuré, il m’a d’abord répondu «c’est pas de vos affaires» puis «c’est pas important».

Je vous rappelle que même les amis proches de Mathieu n’ont pas eu accès au livre, mais passons. Monsieur Fortier m’a ensuite affirmé qu’il «rebondissait sur le quatrième de couverture». Quand je lui ai demandé s’il trouvait professionnel de critiquer un livre en se basant uniquement sur le petit résumé à l’arrière, il m’a répondu: «Ce n’est pas juste ça, c’est l’ensemble de l’œuvre». Puis, après m’avoir dit qu’il n’avait rien à ajouter, il a mis fin à la conversation.

Mark Fortier a pondu il y a quelques années un bouquin dans lequel il racontait avoir lu du MBC pendant un an. Pourquoi se pencher sur le nouveau livre de Mathieu? Il suffit d’avoir lu les autres, et voilà, hop, bingo, on peut cracher sur MBC sans se fatiguer!

Et ça se prétend des éditeurs sérieux? Et ça se dit des auteurs rigoureux?

Ce qui me chicote, c’est la réaction de certains acteurs du milieu du livre qui ont réagi à cette entrée Facebook.

L’«autrice» Josiane Cossette, qui chronique dans Le Devoir, a ainsi commenté: «On dirait qu’il a mis des concepts dans un petit sac et qu’il a pigé dedans, comme au Scrabble. Et dire ça s’en prend à la prétendue novlangue de la gauche…!». Madame Cossette n’a pas lu le livre de Mathieu. Mais elle a lu le texte du gars qui parle du livre de Mathieu sans l’avoir lu. J’imagine que c’est comme l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.

De quoi tu parles?

Une autre maison d’édition québécoise, Écosociété, a aussi publié une critique du livre de Mathieu: «L’idéologue, faux rebelle et victime devant l’Éternel, Mathieu Bock-Côté, s’apprête à forcer dans nos gorges sa nouvelle chimère». Eux non plus n’ont pas lu le livre. Mais ils l’attaquent. Et nous annoncent que dans leur prochain livre sur le fascisme, un chapitre est consacré à Mathieu!

Fascisme, extrême droite: tout ce qui est exagéré est ridicule…