La navette spatiale Discovery, joyau du programme spatial américain, se retrouve au cœur d’un bras de fer politique. Exposé au musée Udvar-Hazy du Smithsonian dans l’État de la Virginie, l’orbiteur est menacé de relocalisation vers Houston, au Johnson Space Center de la NASA, sur décision de l’administration Trump.

Les républicains veulent relocaliser Discovery

Ce transfert, inclus dans le plan budgétaire surnommé « One Big Beautiful Bill », obligerait la NASA et le Smithsonian à préparer le déménagement de la navette dans un délai de dix-huit mois.

Mais le musée s’y oppose catégoriquement. Dans une lettre envoyée au Congrès, ses responsables tirent la sonnette d’alarme : « Discovery devrait être partiellement démontée pour être déplacée, ce qui détruirait sa valeur historique ». En outre, le coût estimé de l’opération, entre 120 et 150 millions de dollars, dépasserait largement les 85 millions initialement prévus dans la loi.

Pour le Smithsonian, cette initiative porte directement atteinte à la patrimoine nationale, Discovery en étant un symbole. Propriété légale du musée depuis son transfert par la NASA en 2012, la navette est décrite comme « l’un des objets les mieux préservés de l’histoire du vol spatial ». Dans ce contexte, plusieurs sénateurs démocrates ont demandé à bloquer le transfert, jugeant qu’il minerait la confiance du public et créerait un précédent dangereux. En face, les républicains Ted Cruz et John Cornyn dénoncent une « campagne de désinformation » du musée et estiment que les chiffres avancés sont exagérés.

Mais au-delà des querelles politiques, la bataille pose une question de fond : le gouvernement peut-il imposer le déplacement d’un artefact appartenant au Smithsonian, institution à la fois publique et indépendante ?

Navette Discovery© Artsiom P / Shutterstock.com Un véritable vestige de la conquête spatiale

Fabriquée entre 1980 et 1983, Discovery fut la troisième navette opérationnelle du programme de la NASA. Elle a effectué 39 missions, 5 830 orbites et passé 365 jours dans l’espace. Véritable pilier de la conquête spatiale, elle a lancé le télescope Hubble en 1990 et servi aux deux missions de retour en vol après les tragédies de Challenger et Columbia. Désormais, la navette est conservée intacte pour permettre aux ingénieurs et chercheurs d’étudier son architecture unique, faite de 25 000 tuiles thermiques et d’une structure allégée de 3,6 tonnes par rapport à ses prédécesseurs.

Pour les défenseurs du musée, la démonter serait une hérésie. Car elle n’a pas été conçue pour être désassemblée : il faudrait retirer ses milliers de tuiles, découper ses ailes, démonter le cockpit et sectionner des kilomètres de câbles et de conduites internes. Comme le résume Joe Stief, fondateur du collectif KeepTheShuttle.org, « même avec un budget illimité, ce ne serait pas la bonne chose à faire ».

Pour l’heure, le sort de Discovery demeure en suspens.

  • Le président Trump veut transférer la navette spatiale Discovery à Houston.
  • Le musée Smithsonian, où elle est exposée, refuse, affirmant que la démonter détruirait sa valeur historique et que le coût réel dépasserait largement les fonds prévus.
  • Symbole majeur de la conquête spatiale américaine, Discovery reste au centre d’un affrontement entre politique, patrimoine et mémoire nationale.

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