Par
Anaelle Montagne
Publié le
23 oct. 2025 à 19h02
« Aucun remord », « aucune remise en question », « aucune information [révélée] concernant l’endroit où se trouve le corps de son épouse ». Autant de raisons qui ont poussé le jury populaire à condamner Cédric Jubillar à 30 ans de prison pour le meurtre de son épouse Delphine, née Aussaguel. Ces motivations ont été rendues publiques ce jeudi 23 octobre 2025, six jours après le verdict.
« Delphine est décédée suite à l’action d’un tiers »
Dans son arrêt, la cour est formelle, Delphine Jubillar n’a pas seulement disparu : elle est décédée. « Jeune mère de famille très investie », elle se projetait de toute évidence dans les jours et les semaines à venir : « elle avait participé quelque heures avant sa disparition à l’achat de bouteilles de vin pour fêter sa future vie commune avec Donat-Jean M. », elle préparait les repas et les cadeaux de Noël…
Elle n’a « par ailleurs jamais exprimé de pensées suicidaires » et n’est pas non plus partie faire le djihad, comme l’avait théorisé son époux. Enfin, elle a quitté son domicile sans son sac, ni ses papiers, sa carte bleue ou sa voiture. « Delphine Aussaguel n’a pu disparaître volontairement, n’a pu être victime d’un accident et n’a pu se suicider », conclut la cour. Elle est donc « décédée à la suite de l’action d’un tiers ».
La « fragilité de l’enquête » n’a pas été retenue
Le jury n’a pas retenu les doutes de la défense concernant la fragilité de l’enquête. Au contraire : pour la cour, les enquêteurs ont creusé toutes les pistes possibles, dans l’entourage de Delphine, ou concernant un potentiel rôdeur. Et de nombreux éléments démontrent « l’existence d’un contexte compatible avec un passage à l’acte » de son époux.
Pourquoi Cédric Jubillar est-il coupable (selon l’arrêt) ?
Il y a d’abord « la séparation inéluctable », qu’il avait du mal à accepter. Et puis, le père de famille « suspectait son épouse d’avoir une relation extra-conjugale ». Il avait d’ailleurs « multiplié les surveillances et investigations » les semaines précédant sa mort.
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La cour détaille les éléments qui soutiennent l’existence d’une scène de violence au domicile conjugal le soir du drame, étaye ceux qui prouvent le déplacement de la voiture durant la nuit. Autre élément qui appuie la culpabilité de Cédric Jubillar : les menaces proférées avant la disparition, et les révélations qu’il aurait faites après. Et puis, selon la cour, « la personnalité du père de famille tarnais est compatible avec les faits reprochés ».
Les raisons qui expliquent une peine si lourde
L’arrêt reprend les mots peu flatteurs de l’enquêtrice de personnalité, qui « a souligné que Cédric Jubillar apparaissait comme un homme arrogant, vantard, séducteur, impulsif, manipulateur, mais également travailleur ». La cour retient aussi que les faits sont « aggravés par le lien entre l’auteur et la victime, dans un contexte de vie conjugale marquée par les insultes, l’humiliation et le rabaissement de la victime ».
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Autre élément de taille : le Tarnais conteste avoir tué sa femme.
Ce positionnement établit qu’il n’a pas pris la mesure de la gravité de ses actes, ni encore des raisons de son passage à l’acte. Il n’a exprimé aucun remord, restant autocentré sans aucune remise en question. Il n’a également eu aucune réaction à l’évocation de la souffrance et des questionnements de ses enfants. Il n’a donné aucune information concernant l’endroit où se trouve le corps de son épouse, privant la famille de cette dernière d’un lieu de recueillement.
Arrêt de la cour d’assises du Tarn
Actions délibérées et réfléchies
« Il agit en connaissance de cause, délibérément et de manière réfléchie », conclut l’arrêt, reprenant les termes d’un des psychiatres qui a rencontré Cédric Jubillar à cinq reprises. « Ces éléments conduisent au prononcé d’une peine de 30 ans de réclusion criminelle. »
Pour rappel, les avocats du mari Tarnais ont fait appel de sa condamnation. Le procès devrait se tenir dans un délai d’un an, d’ici fin 2026.
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