Si elle se réalise, l’opération serait inédite. Les dirigeants de l’UE ont demandé ce jeudi 23 octobre à la Commission européenne d’explorer les moyens de financer l’Ukraine dans sa guerre contre l’invasion russe sur les deux années à venir en laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt s’appuyant sur les avoirs russes gelés, ont fait savoir plusieurs diplomates à l’AFP.
Cette proposition est délibérément formulée en termes très larges afin de prendre en compte les fortes réserves de la Belgique sur le dossier. Celle-ci soutiendrait le projet, a déclaré à Reuters, alors que se trouve sur son sol la société de dépôts et de versement d’actifs Euroclear détenant la majorité des 210 milliards d’euros d’avoirs russes gelés.
Plusieurs heures de négociations ont été nécessaires pour parvenir à cette proposition, qui sera à l’agenda du prochain sommet européen en décembre, selon les sources citées par l’Agence France presse.
Plus tôt ce jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait exhorté les dirigeants européens à utiliser les avoirs gelés russes pour soutenir son effort de guerre, au lendemain de l’annonce de sanctions américaines contre Moscou. «J’espère qu’ils prendront une décision politique, une décision positive d’une manière ou d’une autre pour aider l’Ukraine», avait-il déclaré devant la presse à Bruxelles, en marge du sommet des 27.
Bloqués depuis 2022, ces avoirs de la Banque centrale russe n’en ont pas moins produit des intérêts entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an, que les Européens ont décidé d’utiliser pour financer un prêt de 45 milliards d’euros à l’Ukraine. Plusieurs versements ont déjà été effectués.
Une grande partie de ces avoirs, soit quelque 185 milliards d’euros sont ou vont arriver à maturité cette année. Ils sont donc disponibles sous forme liquide. L’Union européenne veut utiliser une partie de ces liquidités pour financer un nouveau prêt de 140 milliards d’euros à l’Ukraine.
L’idée est d’emprunter cette somme auprès d’Euroclear et de la prêter à l’Ukraine. Celle-ci ne remboursera que si la Russie lui paie des réparations de guerre. Si Moscou s’y refuse, les sanctions ne seront pas levées, les actifs resteront immobilisés et l’Ukraine n’aura pas besoin de rembourser.