Par
Gabriel Kenedi
Publié le
24 oct. 2025 à 7h12
C’est sans doute l’un des spectacles les plus attendus de l’année à Toulouse. Le groupe Indochine revient dans la Ville rose pour donner deux concerts à guichets fermés, vendredi 24 et samedi 25 octobre 2025 : 11 000 personnes se masseront chaque soir pour assister à la performance scénique de Nicola Sirkis et ses musiciens. Et à chaque spectacle à très forte affluence, le constat est un peu toujours le même : chaque show débute et se termine… par un concert de klaxons et des bouchons parfois interminables, la circulation devenant particulièrement difficile aux abords de la salle de spectacles, et plus largement, dans le quartier de la Cartoucherie, Purpan et sur les entrées et sorties du périphérique. Alors, comment expliquer cette situation et comment y faire face ? On fait le point.
Un Zénith installé dans un quartier en pleine mutation
« C’est un gros enjeu pour nous, même s’il n’est pas nouveau », reconnaît Gaëtan Brochard, le directeur de la salle.
Installé à la Cartoucherie, le Zénith est dans une zone qui a profondément changé en l’espace de dix ans. Tout un quartier a été construit (et ce n’est pas terminé, car la troisième et dernière tranche du projet a démarré en 2024) et plusieurs équipements structurants ont vu le jour, comme les Halles de la Cartoucherie, qui ont accueilli plus de 3 millions de visiteurs depuis leur ouverture en 2023.
« C’est une zone qui était vierge il y a quelques années et où il n’y avait pour ainsi dire que le Zénith. Les gens qui ont connu le Zénith il y a dix ans, en exagérant un peu… se garaient quasiment devant ! », explique Gaëtan Brochard. Une époque révolue ? Si les problématiques de circulation étaient déjà prégnantes il y a une décennie, celles-ci se sont largement amplifiées depuis.
70% des spectateurs n’habitent pas à Toulouse
Alors que le Zénith programme cette saison les concerts de Gims, Soprano, Gojira, Clara Luciani, Orelsan ou Louane, tous ces spectacles attirent du monde… dont la majeure partie n’habite pas Toulouse.
« 70% de notre public habite à l’extérieur de Toulouse, constate Gaëtan Brochard. Un spectateur qui va venir au Zénith parcourt en moyenne 140 km aller-retour. Il s’agit de la distance moyenne issue d’une enquête publique qu’on avait réalisé en 2019, et que l’on va relancer en 2026. Ce public-là vient de plus en plus en tramway et en métro et on ne peut que l’encourager… Mais quoi qu’on en dise, une grande partie de notre public est obligé de prendre la voiture pour accéder au Zénith, ou du moins pour venir à Toulouse ».
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Et des places de parking qui ont diminué
Or, justement, en dix ans, le nombre de places de parking gratuites situées devant le Zénith, a – pour plein de raisons différentes (application du plan vigipirate, construction de bâtiments, aménagements routiers…) – drastiquement diminué, passant « de 4 500 à 2 000 places ». Le problème serait-il insoluble ?
« Fluidifier l’accès aux abords du Zénith, c’est un enjeu majeur pour nous et on y travaille avec la collectivité sur ce dossier : il y a des travaux sur le parking qui ont débuté pour sécuriser les accès afin, demain, d’ouvrir plus d’accès et de sorties pour fluidifier les entrées et les sorties. »
Gaëtan Brochard
Directeur du Zénith de Toulouse
Un système de portiques mis en place
L’idée n’est donc pas de rajouter des places, mais de mettre en place un nouveau système afin d’éviter les intrusions illicites et de fluidifier les accès.
« Le parking va être refait entièrement, sécurisé sur les entrées et les sorties pour éviter le stationnement illicite (des gens du voyage sont installés depuis plusieurs années non loin du Zénith, et il y a parfois eu des intrusions sur le parking du Zénith, comme lors de la venue d’Indochine en mars 2025, NDLR) et le parking va être couvert en quasi-totalité de panneaux photovoltaïques. Pendant un an et demi, ces travaux vont se faire par tranches », note le directeur du Zénith.
Il précise encore :
« Le système de sécurisation avec portiques est en train d’être installé. Avec ces portiques on va fluidifier les entrées et les sorties, avec l’ouverture de nouvelles entrées. Au-delà du stationnement, il y a un enjeu de circulation, tant au niveau des entrées que des sorties ! Courant 2027, les travaux du parking seront finis. Le parvis du Zénith sera aussi réhabilité pour amener plus de végétation à cette zone qui reste très bitumée, sans pour autant enlever des places de parking ».
Gaëtan Brochard
Directeur du Zénith de Toulouse
Un chantier financé par Toulouse Métropole et la mairie de Toulouse, et évalué à 8,1 millions d’euros.
« Il faut que le public change ses habitudes »
Gaëtan Brochard, directeur du Zénith de Toulouse. (©A.A. / Actu Toulouse (archives))
Pour le reste, le Zénith de Toulouse a largement adapté sa communication pour pousser le public à prendre davantage les transports en commun.
« Il y a un principe de réalité : avec le dynamisme de cette ville, la construction qu’il peut y avoir dans cette zone de la Cartoucherie, il faut absolument changer ses habitudes. C’est un gros enjeu ! », estime le directeur du Zénith.
Qui ajoute encore : « On n’est évidemment pas les seuls en France concernés par ces problèmes de circulation : on le voit dans toutes les métropoles. Mais il faut que le public change aussi ses habitudes sur ce type de spectacles, en venant plus tôt et en prenant au maximum les transports en commun. On ne peut qu’inciter fortement les gens à se garer sur les parkings relais. On a quand même la chance d’avoir le tramway qui passe devant le Zénith et d’avoir un métro situé à 15 minutes à pied« , reprend Gaëtan Brochard.
Dans le même temps, à chaque concert à forte affluence, Tisséo déploie désormais son ticket événement. Au prix de 3 euros, ce titre vous permet de réaliser deux déplacements le jour d’un spectacle au Zénith ou d’un match au Stadium ou à Ernest Wallon.
Le plan d’accès au Zénith de Toulouse en transports en commun. (©DR)Des showcases dans le hall, davantage de restauration
Pour inciter les spectateurs à venir avant le concert, le Zénith s’attache aussi depuis plusieurs années à améliorer l’offre de restauration et « l’expérience client ».
« Cet automne, on a prévu d’installer un bar extérieur à l’extérieur du Zénith, avec une restauration chaude (burgers et autres) et surtout, on installe une terrasse en dur, réalisée par un collectif toulousain et bordelais, afin de rendre l’espace extérieur du Zénith beaucoup plus agréable. L’idée, c’est d‘améliorer le confort des spectateurs et d’inciter les gens à venir les gens un plus tôt ! »
En parallèle, et c’est une nouveauté, une petite scène a été installée dans le hall, en septembre, pour accueillir des showcases. « On a créé une scène fixe dans le hall du Zénith sur laquelle on va faire une vingtaine de dates dans l’année. L’idée, c’est de mettre en avant les artistes régionaux, occitans qui joueront dans le hall avant la première partie et le concert. On veut mettre en avant cette scène et que le public qui va venir voir un artiste très connu dans la salle, puisse aussi, autour d’un verre, découvrir un artiste en devenir ici », souligne encore Gaëtan Brochard.
Offrir « un temps toulousain »
Et pour inciter les gens à venir plus tôt, le Zénith dispose d’un autre atout : la présence des Halles de la Cartoucherie à proximité immédiate. « Plutôt que de se retrouver au milieu de nulle part, on a une expérience quartier qui est un vrai plus pour nos spectateurs ! Et effectivement, entre les Halles et le Zénith, il y a des échanges de public« , se réjouit Gaëtan Brochard.
« On a également mis en place des partenariats avec des hôtels. Cela peut permettre à celles et ceux qui le peuvent de venir en train, par exemple. Il faut inciter les spectateurs à vivre un temps toulousain : en venant à Toulouse dès le début de l’après-midi, en profitant du spectacle le soir et en repartant le lendemain. C’est un projet long à mettre en place, mais c’est un gros enjeu pour nous », conclut le directeur du Zénith.
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