SAMEER AL-DOUMY / AFP
Daphné Bürki, ici au mois de mai 2025, au Festival de Cannes.
SÉRIES TÉLÉ – Oubliez Loana, Jean-Édouard et Alexia Laroche-Joubert. Dites bonjour à Filip, Adel et Frank. Un an après le carton du feuilleton sur les coulisses de Loft Story sur Prime Video, la série d’anthologie Culte revient, ce vendredi 24 octobre, avec un menu tout aussi croustillant : l’ascension du plus connu des boys bands français, les 2Be3.
L’histoire, certains la connaissent. Les plus jeunes, peut-être pas. C’est celle de trois garçons, trois meilleurs amis originaires de la ville de Longjumeau en banlieue parisienne qui, du jour au lendemain, vont passer du statut de parfaits inconnus à celui de superstars. En cause, une stratégie marketing bien rodée et un hymne baptisé Partir un jour.
Tournées à guichets fermés (dont un Bercy, en 1998), produits dérivés, fans en folie… Le phénomène des 2Be3, indissociable du destin tragique de son leader, que nous raconte la série dresse aussi le portrait d’une époque, et d’une industrie de la musique impitoyable, à l’intérieur de laquelle ne gravitent pas seulement les artistes.
C’est le cas de Salomé, la très ambivalente (et fictive) directrice artistique du trio. Elle est jouée par l’animatrice télé Daphné Bürki qui, loin de ses furtives apparitions sur le grand et le petit écran, vole la vedette avec ce rôle de premier plan. Nous l’avons rencontrée.
Le HuffPost : En quoi cette nouvelle expérience était-elle différente des autres ?
Daphné Bürki : Le rythme. Quand j’ai démarré mes métiers d’image, j’ai très vite tourné au cinéma avec de supers réalisateurs, comme Alexandre Astier (David et Madame Hansen) et Jean Becker (Deux jours à tuer). Mais moi, je suis une petite addict à l’adrénaline. Ça n’allait pas assez vite à mon goût. Alors que là, je peux vous dire que j’ai adoré. Il n’y avait pas de moment de pause. Il ne fallait pas trois prises pour que ce soit la bonne. Ça m’a branchée à ce métier que j’adore. J’aime cette pression.
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Votre personnage, aussi, vit à mille à l’heure. Yaël Langmann, qui vous avait faite tourner dans sa série Chair tendre, l’a écrit sur-mesure pour vous. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une fiction inspirée du réel. Il y a des passages et des personnages qui ont été ajoutés. Le mien est simplement devenu féminin. Son alter égo masculin a existé, et il a bien découvert les 2Be3 et Étienne Daho. Pour les besoins de la dramaturgie, Yaël Langmann trouvait que ça avait du sens d’en faire une femme pour montrer l’univers misogyne et homophobe d’une maison de disques dans les années 1990, bien que cela soit toujours présent aujourd’hui.
À la fois un peu ripoux, mais très protectrice avec ses protégés… Salomé est pleine d’ambiguïtés, n’est-ce pas ?
C’est une femme qui doit se défendre dans un milieu d’hommes, et notamment à un moment charnière : elle risque de perdre son travail, sa femme, son appartement et ses fringues fabuleuses. Elle doit poser sa culotte sur la table. Au début, elle reproduit ce qu’elle subit. La harcelée devient harceleuse. Mais elle a une grande humanité. Ceux qu’elle va chercher et former, elle les aime profondément. On a travaillé sur un personnage qui paraît dur, qui est très habillé, très maquillé, très coiffé. Ce n’est pas moi en réalité. J’adore les fringues, mais pas comme ça !
Jo Voets
Daphné Bürki et les interprètes des 2Be3, ici dans la série.
Vous avez des points communs ?
Le côté tête chercheuse, c’est-à-dire le fait d’aller chercher de nouveaux talents, et les présenter aux autres (comme Daphné Bürki le fait sur France Inter depuis la rentrée dans Nouvelles têtes, ndlr). Là, elle y va à fond, en mode speed dating. En l’écrivant pour moi, je ne sais pas ce que Yaël a projeté. Il y a plein d’endroits où je n’aurais pas réagi comme ça, mais j’ai fait mon travail de comédienne.
Il ne se passe presque pas une scène sans qu’on vous voie fumer une cigarette. C’est aussi de la comédie ?
Je l’annonce officiellement : j’ai arrêté de fumer il y a deux semaines. J’ai envie de crever. Je suis speed, je suis énervée. Et c’est un grand mot avec moi. J’ai arrêté quatre jours avant le début de la promo. La bonne idée. Rires. Plus sérieusement, comme on était sur un plateau de cinéma, c’étaient évidemment de fausses cigarettes. Car pour éviter le tabagisme passif, tu dois respecter des règles. Mais en effet, j’avais toujours une clope au bec. Les années 1990, c’était toute une époque. Ça peut paraître fou, mais oui, tu fumais dans les bureaux, tu fumais partout. On fumait dans les avions, les gars.
En 1996, quand les 2Be3 ont débarqué sur la scène française, vous aviez 16 ans. Vous en étiez fan ?
Je ne suis jamais fan d’un artiste, et je ne perds pas pied en en rencontrant. Par contre, j’aime bien épouser la cause. Celle-ci, je ne suis pas du tout passée à côté. Je suis même allée en plein dedans. À l’époque, je me levais le samedi matin pour regarder le Hit Machine et Fan 2. Comme tout le monde, je faisais mine de pas trop aimer les sons. Or, je faisais déjà beaucoup de fêtes chez moi, et je peux vous dire que je passais toujours Partir un jour.
Prime Video
Namory Bakayoko, Antoine Simony et Marin Judas-Bouissou, ici dans « Culte : 2Be3 ».
Trente ans plus tard, la série a-t-elle changé le regard que vous portiez sur eux ?
C’étaient les premiers à danser, chanter, et occuper une scène pendant tout un spectacle. Ils ont lancé pas mal de choses, et pas que les abdos. J’adore les biopics. Et cette série apporte un regard dur sur cette époque-là, qui n’est pas si éloignée que ça de la nôtre. Il n’y avait pas de réseaux sociaux, mais le système de la célébrité est le même. Comment on la crée ? Comment ça fonctionne ? Comment est-ce qu’on peut faire disparaître des gens du jour au lendemain ?
De votre côté, ce rôle n’est peut-être pas le dernier. Vous avez récemment déclaré vouloir embrasser une carrière dans la comédie. C’est-à-dire ?
Il faut faire ce qu’on ressent dans le ventre. J’ai envie de développer le fait de jouer. Je suis obligée de le dire car en France, ce n’est pas du tout reconnu d’avoir différentes casquettes. Aux États-Unis, tu prends n’importe quel gars dans la rue pour tourner un clip, et il n’y a pas de problème. Ici, quand t’es slasheuse, on te dit : « sla, quoi ? » Oui, je fais plusieurs métiers. Et ça ne veut pas dire que je les fais à moitié. Je m’investis à fond. C’est ma façon de m’exprimer.
Et comment souhaitez-vous l’exprimer : dans la comédie, le drame, l’action ou autre ?
Avant même de choisir le sens, je souhaiterais simplement décrocher des rôles pour des femmes dans la quarantaine. Ce serait déjà super. On en est encore à prendre des femmes de moins de 40 ans pour jouer des femmes de plus de 40 ans. J’ai envie d’investir des projets qui ont du sens. Ça peut paraître présomptueux, mais si le projet peut faire du bien à l’autre dans un endroit, ça me va. De la comédie, du romantisme, de la cascade ou du gore… Peu importe !