Selon des sources proches du dossier, citées par le Financial Times, la coalition dirigée par le chancelier Friedrich Merz cherche désormais à obtenir des garanties américaines afin que ces raffineries allemandes ne soient pas concernées. Car ces mesures interdisent aux institutions financières et entreprises occidentales de commercer avec l’entité, ce qui compliquerait les activités allemandes. Reuters précise que cette démarche fait suite à l’avertissement de plusieurs banques, qui ont indiqué que les sanctions pourraient les empêcher de traiter avec leur fournisseur. Aucune banque spécifique n’a toutefois été mentionnée.

« Les prix du pétrole ont fortement grimpé après que les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre les deux géants russes »

La semaine dernière, le Royaume-Uni avait également renforcé ces sanctions contre Rosneft et Lukoil. Toutefois, Londres a accordé une licence spéciale autorisant les entreprises à poursuivre leurs activités avec les filiales allemandes.

« Découplées de leur société mère russe »

« Le gouvernement est en contact avec les autorités compétentes à Washington », a confirmé un porte-parole du ministère de l’Économie. Berlin plaide en effet, que les filiales allemandes de Rosneft ont été « découplées de leur société mère russe » et ne devraient donc pas être pénalisées par les sanctions.

L’Allemagne avait pris le contrôle des raffineries pour sécuriser l’approvisionnement en énergie après l’invasion russe, via un dispositif juridique appelé « tutelle », qui doit toutefois être renouvelé tous les six mois. Cette tutelle permet donc au gouvernement allemand de gérer les participations de Rosneft dans des raffineries clés, notamment PCK Schwedt, MiRo et Bayernoil. Pour donner un ordre d’idée de leur importance, le Financial Times rapporte que la raffinerie de PCK Schwedt représente à elle seule 12 % de la capacité nationale de raffinage.

Malgré les sanctions occidentales, les exportations d’hydrocarbures russes se portent à merveille

Cette « tutelle » est toutefois plutôt une solution temporaire car elle limite la possibilité pour l’État d’investir dans la modernisation des installations par exemple.

Une filiale sous tutelle

Au lendemain de l’invasion russe en Ukraine de 2022 des premières séries de sanctions contre la Russie, l’Allemagne a dû affronter sa réalité : les filiales des géants russes Rosneft et Gazprom constituent des acteurs clés des infrastructures énergétiques du pays. Mais quelques mois plus tard, le gouvernement allemand doit prendre des sanctions et décide donc de prendre temporairement le contrôle de la filiale allemande de Gazprom. Le ministre de l’Économie, cité par l’AFP, invoque alors en 2022 « des enjeux d’ordre public et de sécurité nationale ».

Mais sa dépendance à la Russie est évidente. Le réservoir de Rehden, détenu par Gazprom, en Basse-Saxe, représente à lui seul environ 20 % de la capacité totale de stockage de gaz de l’Allemagne et est présenté comme le plus grand d’Europe. Appartenant jusqu’en 2015 au groupe allemand BASF, il avait été cédé à la société Astora, filiale de Gazprom. Le groupe russe avait alors été soupçonné d’avoir délibérément maintenu son stockage à un faible niveau pendant l’été précédant l’invasion de l’Ukraine, toujours selon l’AFP. Même son de cloche au niveau du pétrole, la filiale Rosneft, revendique en 2022 assurer un quart de toutes les importations allemandes de pétrole brut.

L’Europe s’attaque à 200 navires de la flotte fantôme russe

Le FT ajoute que Rosneft ne veut toutefois pas revendre sa participation, alors que le Qatar et son fonds souverain (Qatar Investment Authority) se seraient montrés intéressés. Selon le groupe russe, ces actifs auraient d’ailleurs davantage de valeur si l’Allemagne ne les avait pas saisis.