Publié le
24 octobre 2025
Il n’est pas rare de voir fleurir des semaines de la mode dans d’autres villes que Milan ou Paris. Mais toutes ne sont pas aussi anciennes et singulières que la Toulouse Fashion Week (TFW). Organisée par l’association Institut des arts et de la mode, elle réunit depuis 2019 plusieurs centaines de visiteurs et une dizaine de stylistes du monde entier dans des lieux emblématiques de la Ville Rose, autour de la mode et du spectacle.
Tenue issue d’une collection de la marque Jenia Gala – Toulouse Fashion Week
Son édition 2025 se tiendra les 28 et 29 novembre sous le thème “Héritage”, en référence à la diversité stylistique des pays du monde. Organisée dans la très attendue salle Interférence – Balma, la Toulouse Fashion Week semble avoir franchi un cap, selon son président, Fabrice Sauriat. “C’est une concrétisation”, explique-t-il. “Je n’avais pas réalisé, mais les gens n’en revenaient pas !”. Le lieu met à disposition 1.000 mètres carrés et un podium de 45 mètres en forme de U, assortis d’une remise sur la location. La salle, pouvant accueillir entre 400 et 600 personnes, devrait afficher complet: “L’année dernière, nous avons accueilli 500 personnes par soir. Cette année, on devrait atteindre les 600”, anticipe Fabrice Sauriat.
Participer pour le plaisir
Pour mettre l’événement sur pied, l’Institut des arts et de la mode compte sur le travail de 300 bénévoles, qu’ils soient modèles, photographes, maquilleurs, coiffeurs ou communicants. La Toulouse Fashion Week dispose également du soutien de semaines de la mode internationales (Pologne, Berlin, Guyane, Brésil et Centre Afrique). Ce soutien, centré sur la communication, a permis à la TFW d’être approchée par des stylistes de tous les continents. “Les stylistes nous contactent désormais”, souligne Fabrice Sauriat. “Mais ils participent par plaisir, pas par gain financier.” Le président estime qu’environ 20% des stylistes prévus ne défilent pas pour vendre, mais pour offrir une représentation artistique de leur travail.
Tenue issue d’une collection de la marque ADN Street – Toulouse Fashion Week/Johan Photographie
C’est là que la singularité de l’événement s’exprime. Les défilés s’accompagnent parfois de danse, de musique, d’un décor, et accueillent l’univers de chacun des créateurs. En résulte un spectacle vivant et une autre approche de la mode que celle des défilés de capitales, “où il n’y a que les têtes qui bougent”, selon les mots de Fabrice Sauriat. Attiré par cette dimension pluridisciplinaire, le public de la TFW est hétérogène. Les curieux peuvent devenir acheteurs l’espace d’une soirée, après avoir applaudi pour une tenue à leur goût, dont le prix est toujours abordable.
Une croissance constante et organique
C’est d’ailleurs le public qui finance presque entièrement la réunion artistique, en payant des billets dont le prix oscille entre dix et cinquante euros. Les créateurs, eux, s’acquittent d’une faible participation (dès cent euros), car ils sont souvent des passionnés obligés d’exercer un emploi en parallèle. L’objectif de la Toulouse Fashion Week est de programmer des créatifs n’ayant “pas les moyens de se faire connaître”, et de leur offrir une certaine visibilité. “Les trois quarts des créateurs vont vendre leur collection dans le mois qui suit”, assure le président de l’association.
Tenue issue d’une collection de la marque Véronique Magny – Toulouse Fashion Week/Johan Photographie
Ce qui a commencé par un gala de danse et de mode pour les marques Fabos et Swarovski en 2016 est devenu la Toulouse Fashion Week en 2019. 150 personnes avaient réservé leur place pour sa première édition, organisée à l’hippodrome de la Cépière, avec l’appui de la mairie de Toulouse. Intitulée “Nuit d’Orient”, elle avait réuni des créateurs venus de Toulouse, Montpellier, Perpignan, mais aussi du Maroc, d’Ouganda, d’Algérie et de Tunisie, autour de la mode et de performances artistiques. Édition après édition, l’association et son événement ont grandi. Aujourd’hui, Fabrice Sauriat compare la TFW aux défilés Victoria’s Secret, où mannequins et public interagissent dans une ambiance de cabaret.
La TFW change de dimension
Parmi les figures créatives de la semaine de la mode toulousaine se trouve Tonye Aka, marraine de cette édition 2025 et maître-artisan. Inscrite depuis 2020 à la TFW, la créatrice est à l’origine de la marque Tonye’s Fashion et de la Tonye’s Fashion Academy, un centre de formation aux métiers de la mode basé à Toulouse. L’événement a également mis la lumière sur Charlotte Bardou et son label de création de sacs upcyclés Bi Ethic, ainsi que Jenia Gala et sa marque éponyme, à l’origine de deux ateliers de couture à Toulouse.
Tenue issue d’une collection de la marque Agnès Wuyam – Toulouse Fashion Week
En quelques années, la Toulouse Fashion Week s’est construit une réputation locale qui tend à changer de dimension. Elle aura même attiré l’attention de Serge Carreira, directeur des marques émergentes à la Fédération de la Haute Couture et de la Mode. Mais l’Institut des arts et de la mode souhaite désormais aller au-delà de la TFW, et travaille sur de nouveaux projets mêlant mode internationale et arts du spectacle, dont certains pourraient voir le jour dès 2026.
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