En quittant l’Australie, dimanche, galvanisé par la victoire de Raúl Fernández et le rythme impressionnant affiché par Marco Bezzecchi, Massimo Rivola peinait à masquer son impatience de voir ce que la suite réservait à Aprilia. Il se disait très curieux de confronter la RS-GP à la piste de Sepang et d’y juger son niveau, comme un marqueur important pour évaluer la portée des progrès accomplis tout au long de l’année.

Ce vendredi, les mines se sont quelque peu renfrognées, car un coup d’œil au classement suffit pour réaliser qu’Aprilia est le seul constructeur à manquer dans le top 10. Il faut descendre à la 14e place pour voir la première des motos de Noale, celle pilotée par Ai Ogura, qui devance ses acolytes Marco Bezzecchi et Raúl Fernández. Lorenzo Savadori, pilote essayeur et remplaçant de Jorge Martín pendant sa convalescence, est quant à lui 21e.

Comment expliquer un tel recul, cinq jours à peine après la deuxième victoire de la saison décrochée par la marque ? Les conditions, bien entendu, n’ont pas été des plus évidentes puisque la pluie a perturbé les deux séances, avec une averse très soutenue ce matin et beaucoup plus légère cet après-midi, mais suffisante pour interrompre et retarder le programme.

Mais cela n’explique pas tout, et Marco Bezzecchi l’assume pleinement. Lui qui était cinquième au moment où l’averse a frappé dans la phase décisive des Essais, à plus de trois dixièmes du leader, il avoue ne pas eu de très bonnes sensations.

« Ça a été une première journée difficile », admet-il auprès du site officiel du MotoGP. « Ce matin, ça n’était pas trop mal mais les conditions étaient déjà super compliquées. Cet après-midi, quand on a monté les bons pneus, j’ai progressé mais pas assez pour me rapprocher des autres. Pendant la séance, on a travaillé mais on n’a pas réussi à faire un pas en avant, surtout pour le time attack. »

« J’ai eu un peu de mal, surtout dans la phase de motricité, pour essayer de transférer la puissance au sol, et j’ai aussi eu beaucoup de mal à trouver la traction. Ça a été le principal souci pour moi. Et quand on a du mal avec la traction, on essaye de beaucoup forcer sur les freinages pour compenser, mais ça ne me permettait pas de mieux stopper la moto. On va essayer de comprendre si, par mon pilotage, je peux m’améliorer dans la manière d’aborder les virages, et on verra. »

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Ai Ogura a lui aussi expliqué sa performance modeste par une distribution de puissance faible, qui s’ajoute à une adhérence précaire. « C’est très difficile, en particulier dans le time attack. J’ai eu du mal à obtenir une bonne accélération dans la plupart des virages, donc ça n’a pas été facile », déplore le pilote Trackhouse Racing. « Je pense qu’aujourd’hui, le niveau de grip était extrêmement bas, et particulièrement sur le flanc du pneu où tous les pilotes Aprilia ont eu du mal. »

Ai Ogura, Trackhouse Racing

Ai Ogura (Trackhouse Racing)

Photo : Shameem Fahath / Motorsport Network

Fernández, seulement 19e des EL1 et 16e des Essais, a quant à lui surtout déploré des difficultés à extraire la performance de son pneu arrière, problème qu’il avait déjà rencontré l’an dernier. Il faut rappeler qu’il a beaucoup moins d’expérience récente que ses adversaires à Sepang, puisqu’il a été accidenté ici-même au début du test d’avant-saison.

« J’ai le sentiment qu’on a pratiquement le même problème que l’année dernière : on ne pas utiliser correctement le pneu arrière, ce qui signifie qu’on n’arrive pas à être vraiment rapides », explique le vainqueur de Phillip Island. « On a aussi une grosse dégradation sur le pneu arrière, ce qui ne facilite pas les choses dans l’optique de la course. Donc il faut qu’on travaille davantage. »

« La bonne nouvelle, c’est que toutes les Aprilia ont presque le même problème, donc on sait quelle voie prendre. Ce qui est compliqué, c’est que ça ne s’annonce pas facile demain pour tous les pilotes Aprilia. Mais quoi qu’il en soit, je continue de croire qu’ils peuvent trouver une solution. »

« C’est clairement assez étrange pour moi, parce que j’ai été plutôt compétitif lors des trois dernières courses, et maintenant j’ai l’impression de ne pas piloter la moto comme je le voudrais. Ça veut donc dire qu’on n’est pas vraiment compétitifs non plus », ajoute le pilote espagnol. « Il faut qu’on regarde bien ce que l’on peut faire. J’aimerais revoir les données et voir aussi ce que je peux faire, parce que dans un week-end comme celui-ci, il faut tirer le maximum. Il faut faire le pas en avant que la moto n’a pas et essayer de tirer le maximum du week-end. »

Raul Fernandez, Trackhouse Racing

Raúl Fernández (Trackhouse Racing)

Photo : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Compenser les difficultés par le pilotage ?

Bezzecchi a confirmé avoir lui aussi avoir eu « un peu de mal » à extraire la performance du pneu arrière, mais juge que « sur ce circuit, c’est normal » et s’estime plus gêné par ses difficultés dans la phase de traction, dont le reste découle selon lui. En revanche, il convient que dégradation de ce pneu arrière est déjà préoccupante.

« Oui, franchement, la dégradation a été assez importante aujourd’hui. Mais c’est aussi que les conditions de piste sont assez étranges par rapport aux autres fois où on est venus ici. Personnellement, j’ai connu une dégradation assez importante », pointe le pilote de l’équipe d’usine.

Comme Fernández, Bezzecchi pense qu’une part de la solution pourrait venir du pilotage, afin de compenser ce que la moto n’apporte pas. « Il est certain qu’il va falloir beaucoup gérer les pneus pendant la course, mais je pense que si j’arrive à faire un pas en avant au niveau du pilotage, sur la moto, en essayant d’être plus fluide et plus précis, alors les pneus auront également une meilleure durée de vie. »

La Q1 à laquelle participeront tous les pilotes Aprilia n’offrira que deux tickets de repêchage pour accéder à la phase finale des qualifications et ainsi espérer occuper une place sur les quatre premières lignes de la grille de départ. Pour tirer leur épingle du jeu, il faudra que les pilotes de la marque affrontent notamment Fermín Aldeguer, Luca Marini et Pecco Bagnaia, parmi les plus attendus dans l’exercice.

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