Une personne âgée hospitalisée à cause de la bronchiolite.Chez les personnes âgées de 65 ans et plus, on sait maintenant que le VRS peut donner des infections graves. © Freepik

D’après Santé publique France, les premiers signaux d’alerte de bronchiolite sont apparus à la mi-octobre 2025. L’Île-de-France et la Normandie sont désormais en phase dite de « pré-épidémie ». C’est-à-dire que le virus circule activement sans provoquer encore une explosion de cas.

Un scénario désormais classique. Chaque année, la bronchiolite s’invite dans les services d’urgence pédiatriques entre octobre et mars, avec un pic entre fin novembre et mi-décembre. Depuis l’an dernier, l’épidémie est heureusement mieux contenue, bien en-deçà des hivers de 2022 et 2023, où les hôpitaux avaient frôlé la saturation.

Cette accalmie, selon les autorités sanitaires, s’explique notamment par l’arrivée de nouveaux traitements préventifs, comme le Beyfortus (anticorps monoclonal) ou le vaccin Abrysvo, administré chez la femme enceinte. Ces deux innovations, disponibles depuis l’automne 2023, ont déjà permis de réduire de près de 80 % les hospitalisations de nourrissons liées au VRS. 

Le virus en cause : un « classique » de l’hiver

La bronchiolite, c’est d’abord une histoire de respiration : celle d’un tout-petit dont les bronchioles se bouchent sous l’effet du virus respiratoire syncytial (VRS). Chaque hiver, ce pathogène bien connu touche près d’un tiers des enfants de moins de deux ans, soit environ 480 000 nourrissons en France. 

Chez le bébé, les symptômes commencent par un rhume, avant de s’aggraver en toux sifflante, respiration difficile, voire épisodes d’apnée. Si la plupart guérissent spontanément, 2 à 3 % des nourrissons de moins d’un an sont hospitalisés chaque saison.

Le virus se transmet très facilement (un éternuement, une main mal lavée, un bisou maladroit) et reste plusieurs heures sur les objets du quotidien : jouets, tétines, poignées de porte.

La bronchiolite ne s’arrête plus à la crèche

Pendant longtemps, la bronchiolite était considérée comme un problème purement pédiatrique. Pourtant, la science a tranché, le VRS n’a pas d’âge préféré. Et chez les personnes âgées, il provoque souvent des symptômes trompeurs (toux, fièvre, essoufflement) qui ressemblent à une grippe ou à un « coup de froid »

Mais derrière cette apparente banalité, les conséquences peuvent être sévères. Aggravation de maladies respiratoires chroniques (comme la BPCO), décompensation cardiaque, voire pneumonie.

Selon le ministère de la Santé, les plus de 75 ans représentent 61 % des hospitalisations et 78 % des décès liés au VRS chaque hiver. 

Des chiffres inquiétants, d’autant que l’impact chez les seniors est encore sous-estimé. Il faut dire qu’un grand-parent contaminé par un petit-enfant est un scénario fréquent. Le virus circule dans les familles, les écoles, les maisons de retraite. Et si les enfants transmettent, ce sont parfois les grands-parents qui paient le prix fort.

Bronchiolite : les nouveaux outils de prévention changent la donne

La médecine a rattrapé son retard en termes de VRS. Depuis 2023, la France dispose de deux armes complémentaires. 

D’une part, le Beyfortus (nirsevimab). Cet anticorps monoclonal, administré en une seule injection, offre une protection de 5 mois contre le VRS. Il s’adresse à tous les nourrissons, qu’ils soient nés avant ou pendant la saison virale. Les premiers résultats sont éloquents : -80 % d’hospitalisations pour bronchiolite grave depuis sa mise en place.

D’autre part, le vaccin Abrysvo (Pfizer). Injecté pendant la grossesse (entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée), il permet à la mère de transmettre ses anticorps au fœtus. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), ce vaccin réduit de 81,8 % les infections sévères chez le nouveau-né dans les trois premiers mois de vie.

Et pour les plus âgés, la HAS a donné son feu vert à la vaccination des personnes de 75 ans et plus, ainsi que des 65-74 ans à risque, avec deux vaccins disponibles : Arexvy (GSK) et Abrysvo (Pfizer). (HAS, 2024)

Des gestes simples pour libérer des lits d’hôpital

Prévenir ne passe pas que par les aiguilles. Les bons vieux gestes barrières gardent toute leur efficacité. Se laver les mains avant de toucher un bébé, éviter d’embrasser un nourrisson en cas de rhume, aérer les pièces dix minutes matin et soir, porter un masque si nécessaire. Des gestes banals, presque oubliés depuis la fin du Covid, mais qui évitent bien des hospitalisations.

Et pour les aînés, les mêmes principes valent. Bien se couvrir, éviter les rassemblements en cas de symptômes, consulter tôt dès qu’une toux s’installe. L’hiver reste la saison des virus, mais aussi celle des bons réflexes.

À SAVOIR

Le Beyfortus n’est pas arrivé par hasard dans les services de maternité. Cet anticorps monoclonal a reçu son feu vert européen à l’automne 2022, avant de faire son entrée en France dès septembre 2023. À l’époque, les premières injections étaient administrées aux nouveau-nés nés à partir du 6 février 2023, dans un silence presque clinique. Peu de parents savaient alors qu’ils participaient à une première médicale.

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