Adjoint en charge des enjeux bretons à Nantes, Florian Le Teuff a adressé, ces derniers jours, une lettre aux procureurs de la République de Quimper, Brest, Rennes, Saint-Malo, Lorient, Vannes et Saint-Brieuc. Dans celle-ci, l’élu nantais leur demande de « mettre un terme aux activités du Parti national breton (PNB) ». Cette interpellation fait suite à un premier courrier envoyé par Florian Le Teuff au procureur de la République de Nantes, le 21 février 2025, resté sans réponse, avant une nouvelle relance ce 12 octobre 2025.

Dans ce courrier, l’adjoint rappelle avoir écopé, l’an passé, de six jours d’ITT après avoir été victime d’une agression par un membre du PNB, lors d’une manifestation organisée à Nantes par l’association Bretagne réunie. Plusieurs plaintes avaient alors été déposées. Mais depuis, l’adjoint s’inquiète de voir le mouvement d’extrême droite identitaire, qu’il qualifie de « néonazie », agir « à visage découvert » et en organisant « des rassemblements publics ». L’élu fait ici référence à l’hommage qui sera rendu, ce samedi 25 octobre 2025, à Olier Mordrel (1901-1985).

Une figure de l’ultra-nationalisme breton

À Quimper, ce dernier est connu pour avoir conçu plusieurs bâtiments emblématiques, dont l’immeuble Kodak, sur les bords de l’Odet. Derrière l’architecte, on retrouve en premier lieu une figure de l’ultra-nationalisme breton, engagée dans la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Cofondateur en 1931 du Parti national breton (PNB), il affiche son soutien au Troisième Reich. Condamné pour cette connivence après la dissolution du parti, en 1939, il se réfugie en Allemagne avant de revenir en Bretagne, un an plus tard, au sein d’un PNB reconstitué. Rédacteur à « L’heure bretonne », il plaide pour l’indépendance de la Bretagne tout en soutenant l’Allemagne. Écarté par l’occupant, il poursuit sa propagande avant d’être condamné à mort à la Libération. Réfugié en Argentine en 1948, il y vit 23 ans avant d’être gracié et de finir sa vie à Treffiagat, où il est enterré depuis 1985.

Est-ce dans cette commune du Pays bigouden qu’aura lieu la cérémonie de samedi ? Contacté, le PNB n’a pas donné suite à nos sollicitations. « Organiser un événement rendant hommage à ce personnage, incarnation de la violence meurtrière, raciste et antisémite, est une abjection », tempête Florian Le Teuff. « J’avais alerté sur le fait que cette organisation s’est reconstituée illégalement sous l’appellation “Parti national breton”, malgré la dissolution de ce mouvement le 19 octobre 1939, en raison de ses liens actifs avec l’Allemagne nazie », signale-t-il. Une cérémonie également dénoncée par Yvon Ollivier, président de Koun Breizh, qui pointe « l’entreprise de déstabilisation » du mouvement breton par le PNB.

En attente d’un procès

Florian Le Teuff attend désormais les résultats de l’enquête le concernant. Un membre du PNB l’ayant insulté et menacé sur les réseaux a été identifié et entendu par les enquêteurs. « J’ai porté plainte contre lui et je suis en attente du procès », informe l’élu. Quant à la personne l’ayant frappé à coups de manche de pioche, elle n’a pour l’heure pas été identifiée.