Kirill Dmitriev, émissaire du Kremlin pour les questions économiques, a annoncé vendredi 24 octobre se trouver aux États-Unis. Une visite qui intervient deux jours après l’annonce par Washington de nouvelles sanctions contre la Russie sur les hydrocarbures.

 

« Arrivé aux États-Unis pour poursuivre le dialogue entre les États-Unis et la Russie – visite prévue il y a quelque temps sur la base d’une invitation du côté américain. Un tel dialogue est vital pour le monde et doit se poursuivre avec la pleine compréhension de la position de la Russie 🇷🇺 et le respect de ses intérêts nationaux », a écrit M. Dmitriev sur X.

L’émissaire du Kremlin a affirmé de son côté ce vendredi qu’il ferait valoir la position de Moscou sur la guerre en Ukraine auprès de membres de l’administration américaine, selon les agences russes. « L’Ukraine empêche malheureusement le dialogue nécessaire, et le fait à la demande des Britanniques, à la demande des Européens, qui veulent que le conflit continue », a affirmé M. Dmitriev selon l’agence publique TASS.

Commentant le dernier train de sanctions américaines, M. Dmitriev, un ancien banquier de Goldman Sachs passé par l’université de Stanford, a affirmé qu’elles se retourneraient contre les États-Unis en faisant monter les prix des carburants pour les consommateurs américains. « Il y a toujours un potentiel de coopération avec la Russie, mais seulement si les intérêts russes sont traités avec respect », a-t-il dit.

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La stratégie de la pression collective accrue sur Moscou

Cette visite intervient au moment où la direction américaine a de nouveau fait part de sa frustration à l’égard de la Russie et de son refus d’envisager un cessez-le-feu dans la guerre lancée en 2022 en Ukraine. Mardi, le président américain Donald Trump a reporté sine die une rencontre tout juste annoncée avec le président Vladimir Poutine, disant ne pas vouloir de discussions « pour rien ».

« Face au refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée » en Ukraine, les États-Unis ont annoncé mercredi un gel de tous les actifs de Rosneft et de Lukoil sur le sol américain ainsi qu’une interdiction faite à toutes les entreprises du pays de faire des affaires avec ces sociétés « qui financent la machine de guerre du Kremlin », a expliqué le secrétaire au Trésor Scott Bessent.

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S’exprimant devant la presse à la Maison Blanche mercredi 22 octobre, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, avait estimé que cette pression collective accrue sur Moscou était à même de « changer les calculs » de Vladimir Poutine et de « l’amener à la table des négociations » en vue d’un cessez-le-feu.

La Grande-Bretagne a appelé vendredi à un ensemble de mesures contre la Russie destinées à renforcer la position de l’Ukraine en vue de potentielles négociations de paix, alors que Londres accueillait une réunion de la coalition des volontaires, en présence du président ukrainien Volodimir Zelensky.

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Les dirigeants européens ont demandé jeudi à la Commission d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés. Cette proposition a minima sera à l’ordre du jour du prochain sommet européen en décembre, repoussant de facto les arbitrages les plus difficiles.

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Dmitriev et le projet de « pont de la paix » entre l’Alaska et la Russie

Jeudi 16 octobre, Kirill Dmitriev, avait évoqué sur le réseau X un projet de « pont de la paix » entre l’Alaska, État américain du nord-ouest, et la Russie, remontant à la Guerre froide.

« Avec la technologie moderne de Boring Company cela peut devenir un tunnel Poutine-Trump » sous le détroit de Béring, a-t-il écrit sur cette plateforme appartenant d’ailleurs à Elon Musk. Boring Company est une autre entreprise du patron de Tesla et SpaceX, qui entend révolutionner les transports urbains avec des tunnels. Kirill Dmitriev, qui dirige le fonds souverain russe, a explicitement invité Elon Musk à construire cette infrastructure comme « symbole d’unité », avec des schémas à l’appui. Il a estimé le coût d’un tel tunnel d’une centaine de kilomètres à 8 milliards de dollars.

Donald Trump a jugé « intéressante » vendredi cette idée d’un tunnel sous-marin reliant la Russie à l’Alaska. « Vous aimez cette idée? » a-t-il ensuite demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelenky, qu’il recevait pour un déjeuner de travail. « Je n’en suis pas ravi », a lancé ce dernier, ce qui a fait rire Donald Trump.