Il est encore un peu tôt pour de faire un discours conclusif de l’année écoulée, néanmoins, on peut d’ores et déjà remercier les plateformes de streaming de nous avoir provoqué beaucoup d’émotions tout du long. On aura souffert dès les premières lueurs de 2025 avec Le Jardinier ; on aura pas mal somnolé gentiment avec une bonne partie du reste, en n’ayant oublié la grande majorité depuis ; et on s’approche de la fin avec un petit coup de cœur prénommé A House of Dynamite.

Sur Netflix, ce thriller explosif est déjà l'un des meilleurs films de l'année© Netflix

Un projet que l’on suivait depuis un petit moment puisqu’il s’agit du nouveau bébé de Kathryn Bigelow, réalisatrice oscarisée et émérite à qui l’on doit Point Break, Démineurs, Zero Dark Thirty… Et qui avait disparu des écrans radars depuis l’échec injuste de son Détroit en 2017. Comme souvent dans l’industrie, c’est donc sur Netflix que la cinéaste rebondit. Et quel rebond !

Le synopsis d’A House of Dynamite

Depuis la fin de la Guerre froide, la menace nucléaire semble être confinée à sa nature d’hypothèse. Mais que se passerait-il si, un matin, une bombe était envoyée sur une ville américaine ? Pendant dix-huit minutes, tout l’appareil étatique et militaire va se retrouver bouleversé. Dix-huit minutes dans le regard de celles et ceux qui doivent prendre soudainement des décisions cruciales qu’ils ne pensaient jamais prendre.

Sur Netflix, ce thriller explosif est déjà l'un des meilleurs films de l'année© Netflix Un thriller mené d’une main de maître

Appuyée par le scénario de Noah Oppenheim et le montage de Kirk Baxter, Katheryn Bigelow sait comment nous installer une situation sous haute tension en une poignée de minutes. Une situation qui va se répéter par trois fois, suivant un chemin différent comme pour brosser le portrait global d’une institution prête à imploser de l’intérieur face à un danger extérieur.

La mise en scène caméra à l’épaule va s’attacher à donner une crédibilité à l’ensemble pour une approche quasi documentaire de l’exercice. Les décors, les acronymes, le film entend être le plus réel possible sans nous prendre par la main, sans nous perdre non plus. Il enferme ses personnages en retournant un lieu qu’ils maîtrisent contre eux, comme s’ils étaient désormais prisonniers de leurs incertitudes. Bureaux, bunkers ou moyens de transport, tout ce qui apportait réconfort devient soudain cause d’une claustrophobie insoutenable.

Sur Netflix, ce thriller explosif est déjà l'un des meilleurs films de l'année© Netflix

Et pour incarner ses figures dépassées, A House of Dynamite peut compter sur un casting XXL avec des pointures telles que Rebecca Ferguson, Idris Elba, Gabriel Basso, Jared Harris, Tracy Leets, Jason Clark, Greta Lee… Le beau monde s’accumule à chaque scène et autant de personnalités dont on va égratigner la surface pour enlever tout contrôle. Quand trop de monde pense avoir la solution, c’est peut-être de là que né le problème.

Le film va constamment remettre des pièces dans la machine, créant une certaine redondance, pour mieux l’enrailler. On a l’impression d’assister à un thriller digne des grandes œuvres d’espionnage où soudain, un méchant sera trouvé et un héros viendra sauver le monde. L’impression seulement.

L’apanage d’un grand film

Ce qui rend le cinéma de Bigelow si captivant, et ce film-ci en particulier, c’est la façon qu’a la réalisatrice de partir d’une situation précise pour dresser un portrait cynique de l’appareil américain, sans pour autant pointer du doigt une administration. Là où il aurait été finalement facile de taper sur la fragilité apparente de la gouvernance trumpiste, le récit d’A House of Dynamite préfère toucher l’universalité. L’important n’est pas de dénoncer qui est au pouvoir, mais l’impuissance de ce même pouvoir face à une menace nucléaire.

Sur Netflix, ce thriller explosif est déjà l'un des meilleurs films de l'année© Netflix

Bigelow entend bousculer notre sentiment de sécurité factice et nous ramène à notre condition d’être humain. Peu importe l’électronique, les satellites, l’armement ou notre place sur la chaîne de commandement… tout cela n’est qu’un costume qu’on enfile pour avoir l’illusion du contrôle. Tout est faux, y compris un président showman formé à l’urgence, mais pas prêt à celle-ci. Et lorsque la réalité devient inévitable, le regard s’éloigne de l’écran froid pour embrasser la chaleur d’un proche.

Ce n’est pas parce qu’elle déploie ses ailes sur Netflix qu’il fallait compter sur la réalisatrice pour s’accommoder d’un cahier des charges imposé. Non, ici le service SVoD n’est qu’un outil de diffusion Kathryn Bigelow s’étant accordé le droit de mener sa barque comme elle l’entendait, quitte à bousculer un peu les habitudes d’un public non préparé à ce qui va suivre.


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Et cela nous donne cette fameuse conclusion qui se refuse au message moralisateur autant qu’à satisfaire le spectateur. Elle est brutale, frustrante, unique. L’objectif n’est pas d’apporter des réponses, il est de disséquer une situation avec un réalisme quasi documentaire. A House of Dynamite ne nous prépare pas à ce qui nous attend, il nous dépeint froidement le comment cela va se passer. Loin d’un divertissant blockbuster, le long-métrage vient de remettre la menace nucléaire au centre de nos peurs. On ne sait pas si on doit applaudir ou trembler.

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