Eric Champ, ancien joueur du RCT : « J’ai perdu un père »
« Le rugby français et mondial a perdu un frère. Moi, j’ai perdu un père. Pour moi, André est le général de Gaulle du Rugby club toulonnais. Tantôt joueur, entraîneur, ou président, il a impulsé ce qu’est le RCT. C’était un homme de caractère. Toulon, c’était sa vie. Il n’a pas eu peur de claquer la porte de l’équipe de France pour ses convictions. C’était tout lui. Sa plus grande qualité était d’être un exemple. Et pas que sur un terrain de rugby. Dans la vie de tous les jours aussi. J’ai encore en tête cette image au moment où il demande à mon père, alors que j’ai 17 ans, s’il m’autorise à jouer pour l’équipe première. C’était au Besagne, je m’en souviens très bien. Mon père n’avait même pas répondu tellement il n’attendait que ça depuis ma naissance (sourire). Et si je dois livrer l’un des derniers souvenirs, il se passe à Mayol. Je le croise, il avait sa canne. Je lui ai dit : “André Herrero ne monte pas au stade avec sa canne. Alors lâche ça, accroche-toi à mon bras et on grimpe.” C’est une légende qui avait incontestablement le RCT dans ses veines. Alors, oui, nous sommes tous extrêmement tristes mais, au fond, je suis persuadé que ces gens-là ne meurent jamais. »
Gilles Delaigue, ancien coéquipier au RCT : « Il vous emmenait d’un simple regard »
« C’est une triste journée. André faisait partie des meilleurs. Il était fait pour être adoré du public toulonnais. Il était rugueux, faisait mal. C’était quelqu’un de dur avec tout le monde. Dans une équipe, il vous emmenait d’un simple regard. Il insufflait un état d’esprit, montrait l’exemple. On ne pouvait faiblir. S’il fallait partir à la guerre, il valait mieux l’avoir avec soi. Car, avec lui, on ne craignait « dégun ». Je me souviens d’un match contre Narbonne, en huitième ou en quart de finale. Sous le tunnel, il y avait en face Walter Spanghero. André l’avait toisé du regard en disant : ‘‘ Ça va être dur pour vous’’. C’était tout lui. Après, en dehors du terrain, il pouvait aussi être très affectif. L’affectif, ça jouait beaucoup à l’époque. S’il voyait qu’on n’était pas bien, il était là pour nous rassurer. Et cette finale de championnat en 1971, on aurait dû la gagner. Pour lui, pour les anciens. André Herrero méritait d’être champion de France. »
Noël Vadella, ami, ancien coéquipier au RCT et à Nice : « André ne trichait pas »
« Le Grand a été mon mentor. C’est celui qui a fait de moi, petit joueur de La Seyne en troisième division, un talonneur de Toulon et un joueur de l’équipe de France B. Il m’a mis sur le bon chemin. Quand il te disait quelque chose, il fallait écouter. Ce n’était pas du bla-bla. J’ai toujours ce souvenir de lui qui disait : “Tu sais, le rugby, c’est comme un orchestre. Le chef d’orchestre, c’est moi. Et toi, tu joues de ton instrument.” Alors, on pouvait prendre des initiatives, oui, mais toujours avec le respect de ce que lui avait dit de faire. Le Grand, ce n’était pas le beau jeu d’arrières. Pour le Grand, il fallait d’abord gagner. Et surtout, ne pas tricher. André ne trichait pas. Il a même joué avec deux côtes cassées… Ce traquenard contre Béziers, en 1971, il l’a mal vécu. Après ça, il voulait tout arrêter. Le regret que j’ai, c’est que les Biterrois n’ont jamais eu le courage de dire qui lui avait filé ce coup de pompe dans les côtes. »
Yann Delaigue, ancien joueur du RCT : « Il avait ce rôle de patriarche, de guide »
« Beaucoup de joueurs de toutes les générations l’ont pris en exemple. C’était quelqu’un de très charismatique, avec des yeux bleus puissants, profonds, qui vous faisaient souvent baisser le regard. André avait un caractère bien trempé, avec beaucoup de certitudes. Il ne fallait pas le contredire ou le chatouiller (rires). Je l’ai déjà vu coller des mecs contre un mur. Mais ce qu’on retient quand on a connu ce bonhomme, c’est son courage et ses valeurs d’engagement. On ne s’en rappellera pas pour sa tactique et ses techniques. On s’en rappellera pour son caractère, son leadership. Il a toujours été convaincu que le rugby, c’était d’abord des hommes qui se retrouvent pour gagner ensemble. Il nous avait mis ça dans la tête. »
« André était mon président quand j’ai débuté en équipe première. Il avait ce rôle de patriarche, de guide. J’ai souvenir qu’avec Patrice Teisseire, gamins, on allait buter à Mayol entre midi et deux, pendant que lui sortait du restaurant. Il savait qu’on était là donc il remontait son pantalon, enlevait ses chaussures, se mettait derrière les poteaux, et nous expliquait comment il fallait taper les coups de pied. “Lâche le pied”, disait-il. Avec Patrice, on en rigolait. Mais il avait toujours ce petit mot pour nous encourager. »
Bernard Lemaitre, président du RCT : « On ne peut pas parler de rugby à Toulon sans parler d’André Herrero »

« André Herrero était un personnage hors du commun. Depuis que je suis à Toulon, j’ai pu le rencontrer et discuter avec lui à de nombreuses reprises. C’est un géant du club et du rugby qui nous a quittés. Le Hall of Fame du RCT ? S’il y en a un qui devait y entrer, c’était bien lui. Au moins pour sa génération. André, c’était impossible de passer à côté. Je me souviens du joueur dans sa jeunesse. Sa rugosité, sa classe, son allant… On ne peut pas parler de rugby à Toulon sans parler d’André Herrero. »
Pierre Mignoni, coach du RCT et ancien joueur : « L’avant le plus emblématique »
« C’était pour moi l’avant le plus emblématique du RCT sur le dernier siècle. Je n’ai pas eu la chance de jouer avec lui, mais je l’ai eu comme dirigeant. Il était très exigeant et amenait l’excellence, l’envie de voir le club toujours au plus haut niveau. C’était un grand monsieur de Toulon et un grand monsieur du rugby. On perd aujourd’hui celui qui était pour moi l’avant le plus emblématique. André, quand il entrait dans une pièce, il prenait tout l’oxygène qu’il restait. Il avait du charisme, ce truc qui faisait que c’était un leader naturel. Il avait des excès, aussi. D’un côté, il était très dur, mais de l’autre, il nous aimait. On va lui rendre hommage ce week-end et bien sûr à Mayol le week-end prochain. »
Bernard Laporte, ancien manager du RCT : « Le plus grand guerrier »
« Il y a énormément de tristesse. André est quelqu’un que j’aimais beaucoup et pour lequel j’avais beaucoup d’admiration. J’ai évolué avec des joueurs de Gaillac qui avaient joué contre lui. Tous me disaient que c’était le plus grand guerrier qu’ils avaient connu. C’était une légende. Quand je suis arrivé à Toulon, c’est d’ailleurs l’une des premières personnes avec lesquelles j’ai déjeuné. Il voulait m’évoquer la ville, le club. Il était généreux et agréable en compagnie. C’était vraiment un bon mec. »
Michel Bonnus, sénateur du Var et ancien joueur du RCT (sur X) : « Une part de l’histoire de Toulon s’en va aujourd’hui »
C’est une triste journée pour #Toulon.
Nous venons de perdre André Herrero, une légende du rugby, un homme de cœur et de convictions.André, c’était le courage, le respect, la parole donnée. pic.twitter.com/ptNvGrnEOv
— Michel Bonnus (@MichelBonnus) October 24, 2025
« C’est une triste journée pour Toulon. Nous venons de perdre André Herrero, une légende du rugby, un homme de cœur et de convictions. André, c’était le courage, le respect, la parole donnée. Un meneur d’hommes, un exemple pour des générations entières, sur le terrain comme dans la vie. Nos familles ont grandi côte à côte, tout près du stade Mayol. Il a joué avec mon père, il m’a entraîné, et je garderai toujours le souvenir d’un homme juste, passionné, profondément humain. C’est une part de l’histoire de Toulon qui s’en va aujourd’hui, avec ses valeurs, son accent, sa générosité. Toute mon affection et mes pensées vont à la famille Herrero. Le rugby, Toulon et bien au-delà, ne l’oublieront jamais. »
Hubert Falco, ancien maire de Toulon et ami (sur X) : « Une présence fraternelle, inspirante, bienveillante »
#Toulon, le #RCT et le rugby français perdent une légende. Moi, je perds un grand frère.
C’est avec une immense tristesse et un chagrin profond que j’ai appris ce matin le décès d’André Herrero, à l’âge de 87 ans.
André, c’était bien plus qu’un immense joueur, c’était une… pic.twitter.com/JP5oTcofih
— Hubert Falco (@hubertfalco) October 24, 2025
« Toulon, le RCT et le rugby français perdent une légende. Moi, je perds un grand frère. André, c’était bien plus qu’un immense joueur, c’était une légende hors norme, une figure majeure du rugby français et de notre ville de Toulon. Le “Géant”, “Dédé”, comme tout le monde l’appelait avec affection, a marqué son époque par son caractère bien trempé, sa puissance, son intelligence de jeu… et cette manière unique de faire aimer le rugby à toutes les générations. Meneur d’hommes, visionnaire, il a su anticiper le rugby moderne, bien avant l’heure. Mais il était surtout cet homme profondément humain, passionné, engagé, fidèle à ses valeurs et à son club, le Rugby Club Toulonnais, qu’il n’a jamais cessé de porter dans son cœur. André Herrero, c’était Toulon, mais un Toulon qui dépasse les tribunes de Mayol. C’était une âme, une voix, une parole forte, libre et chaleureuse. C’était aussi une présence fraternelle, inspirante, bienveillante. Pour moi, il était plus qu’un ami : André était un grand frère, et je suis très triste ce matin. »