C’est un jeune prodige aux doigts de velours et au visage enfantin. Venu de Belgique, il est tombé amoureux de Paris. À seulement 25 ans, le pianiste Benjamin Ceyssens, alias James Malikey, donne pourtant le sentiment d’avoir déjà vécu plusieurs vies.

« Je n’ai jamais cherché à devenir célèbre, juste à créer mon propre univers et laisser une trace dans la musique », confie l’artiste né à Genk, aujourd’hui suivi par près de 500 000 personnes sur TikTok. Sur YouTube, les vidéos de ses solos cumulent des millions de vues.

Il y a un an encore, James Malikey sillonnait les rues de la capitale pour y installer son clavier et gagner sa vie en partageant sa musique auprès des Parisiens. Ce samedi soir, au 360 Paris Music Factory (XVIIIe), il se produira sur scène devant près de 300 personnes pour la toute première fois dans la Ville Lumière, là où sa carrière a sans doute pris un tournant décisif.

Lauréat de la version belge de « La France a un incroyable talent »

Le garçon n’a que 4 ans lorsqu’il pose les mains sur un clavier pour la première fois. « C’est ma grande sœur qui m’a appris », se souvient James Malikey. Le talent est précoce. Il remporte plusieurs prix locaux de musique classique, et est aussi suivi par la concertiste brésilienne Eliane Rodrigues, aujourd’hui professeure au conservatoire royal d’Anvers.

À 15 ans, il décide de s’éloigner du piano classique, pour composer ses propres morceaux. « Je dirais que mon style est plutôt néoclassique, je joue avec beaucoup d’émotion, de nostalgie », analyse l’artiste.

En 2019, il entre au conservatoire d’Anvers, mais n’y reste qu’un an à peine. Et pour cause, James Malikey remporte la même année l’émission « Belgium’s got talent », déclinaison belge du programme « La France a un incroyable talent ». Un succès qui devait lui ouvrir les portes d’une belle carrière musicale. Puis, la crise du Covid-19 frappe le monde entier. Impossible pour James de se produire en concert. Un coup d’arrêt.

« Paris possède une énergie, une lumière particulière »

Peu de temps après, le jeune homme est frappé par le décès de son meilleur ami. Une épreuve douloureuse qui pousse le pianiste à « tout plaquer ». Il décide de voyager à travers l’Europe, avec son clavier et son trépied, pour se produire dans la rue et gagner un peu d’argent « au chapeau ». Il découvre Barcelone, Vienne, mais surtout Paris, où il débarque en 2022.

Le jeune virtuose s’installe à Belleville et se produit aux quatre coins de la capitale : sur le pont d’Arcole (IVe), la place des Vosges, devant Notre-Dame de Paris et l’église Saint-Sulpice (VIe), le quartier de La Défense, dans des gares, des centres commerciaux… « Paris est une ville tellement inspirante, confie James. J’ai trouvé ici une lumière, une énergie particulière, notamment sur le pont d’Arcole, sous les candélabres et au-dessus de la Seine ».

Entre 2022 et 2024, James Malikey installait son piano dans divers lieux symboliques de Paris, comme ici au pont d'Arcole près de l'Hôtel de Ville (IVe), pour faire découvrir sa musique aux passants. DREntre 2022 et 2024, James Malikey installait son piano dans divers lieux symboliques de Paris, comme ici au pont d’Arcole près de l’Hôtel de Ville (IVe), pour faire découvrir sa musique aux passants. DR

C’est à Paris que l’artiste sort son premier album, « Illumination », en décembre 2022. En parallèle, le succès de ses performances de rue fait décoller son nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux. Et son virtuose séduit les Parisiens. « Je pense que les gens n’avaient pas forcément conscience que j’étais un pianiste professionnel, estime James Malikey. Certains me disaient que j’avais illuminé leur journée, ça m’a énormément touché et donné envie de persévérer. »

En concert à Lisbonne, Londres, Berlin, New York…

Le succès de ses performances de rues permet au pianiste de renouer progressivement avec la scène. En février dernier, il a foulé la scène mythique du Carnegie Hall de New York aux États-Unis. C’est lui qui a directement pris contact avec la salle de spectacle du 360 pour l’organisation de son concert de ce samedi à Paris.

« James cherchait une salle intimiste où se produire, et on a trouvé que son travail et ses compositions correspondaient bien à l’esthétique du lieu, salue Paul Balson, responsable du mécénat et des partenariats privés du 360 Paris Music Factory. On ressent beaucoup d’émotion dans sa musique, mais aussi une forte connexion avec la nature. »

Sa belle réussite actuelle, James Malikey ne la voit pas comme une forme de revanche, après des années compliquées. « J’ai appris que la vie était quelque chose de fragile. Il a fallu passer par des moments difficiles pour apprendre à rebondir. Je veux juste créer mon monde et y croire à fond », philosophe le jeune artiste belge. Cette première date parisienne n’est qu’un début, car James Malikey poursuit actuellement une tournée mondiale.

Il se produira notamment à Lisbonne en novembre prochain, avant de revenir sur scène chez lui, à Gand. Plusieurs dates sont également prévues en 2026 à Londres, Berlin, mais aussi à Varsovie en Pologne.

James Malikey, en concert au 360 Paris Music Factory, ce samedi 25 octobre à 20 heures, 32, rue Myrha (XVIIIe). Infos et réservation sur le360paris.com.