Marathon Vert (10 km), ce samedi

Dix-neuf ans ont passé depuis la dernière fois que Gaëlle Muderhwa (Stade Brestois) a foulé le bitume rennais. Le temps d’une vie d’athlète, d’une carrière interrompue, d’une passion mise entre parenthèses. À 42 ans, elle a choisi de revenir là où elle avait perdu le goût de courir, au Marathon Vert, ce samedi.

Celle qui a découvert la course à Crozon, chez ses grands-parents, a toujours couru par passion et a été formée au Quimper Athlé, où elle s’est toujours sentie « chez elle ».

Une transition douloureuse entre Quimper et Rennes

Sauf qu’à 22 ans, fatiguée des trajets et des contraintes liées à ses études de lettres modernes à Rennes, la Montpelliéraine de naissance et Bretonne de cœur doit pourtant quitter son cocon finistérien pour une structure plus grande : le Haute Bretagne Athlétisme. « L’esprit familial de Quimper, je ne l’ai jamais retrouvé à Rennes. C’était trop grand, je ne me sentais pas incluse dans le groupe et les entraînements étaient ultra-durs. J’ai tenu six mois, puis j’ai arrêté. »

Au départ, je ne voulais pas revivre ce que j’avais connu au HBA. Et puis, très vite, je redeviens accro. Je veux plus !

Sans repères, elle délaisse les stades. « Je ne trouvais plus de sens. Quand on court, il faut qu’il y ait quelque chose qui nous pousse. Et là, rien. » En avril 2006, elle range ses pointes, change d’études, de vie. « En juniors, j’étais très forte, j’avais plein de rêves. Mais j’ai compris que rien ne se réaliserait. » La passion disparaît au point qu’un 31 décembre, elle réalise qu’elle n’a pas couru de l’année. « Alors je suis sortie avant le réveillon, juste pour dire que j’avais couru. »

Devenue maman, après un passage à Lyon, elle revient en Finistère et reprend par quelques footings timides, avant que sa sœur ne la convainque, en 2019, de rejoindre Les Semelles de vent à Bohars. « Je voulais surtout un environnement calme, sans pression », sourit-elle. Mais la flamme revient vite. « Au départ, je ne voulais pas revivre ce que j’avais connu au HBA. Et puis, très vite, je redeviens accro. Je veux plus ! »

« À 30 ans, je pensais que l’athlétisme, c’était fini »

Et ce n’est pas son âge avancé par rapport à ses partenaires d’entraînement qui pose problème. « À 30 ans, je pensais que l’athlétisme, c’était fini. Mais on a tous une réserve, et je n’avais pas utilisé toute la mienne. » Sous la houlette de Benoît Nicolas, au Stade Brestois Athlétisme, elle retrouve alors son meilleur niveau. « À mon âge, je bats presque tous mes records de juniors », glisse-t-elle, sourire en coin. Récemment, elle a même surpris Marion Le Goff lors du 5 km de la Leclerc-Gouesnou.

Ce samedi, elle s’élancera sur le 10 km du Marathon Vert. En passant devant son ancien « chez-elle », elle compte bien tourner définitivement la page et repartir de Rennes avec le sourire. « De toute façon, dès que tu me mets sur une ligne de départ, je veux gagner. »