« Enfant, je prenais ce chemin avec mon grand-père. » Face aux clôtures qui lui barrent le passage, Marin, habitant de Saint-Louis, aimerait « revenir en arrière ». Plus précisément, avant qu’un chantier qui s’étend en bas de chez cet ouvrier retraité depuis avril ne vienne barrer le « chemin des bestiaux« .
Cette voie historique sans plaque de rue est utilisée de 1894 à 1989 pour mener les bêtes – vaches, mais aussi moutons et chevaux – aux abattoirs de Marseille, aujourd’hui les habitants de Saint-Louis aiment la prendre pour aller attraper le B2, le 70 ou encore le 32 qui relient les quartiers Nord au centre-ville. Résultat, les piétons doivent trouver un chemin de substitution.
Descendu du B2, Marin marche « 15 minutes supplémentaires », ou bien descend à l’arrêt suivant. « Mais dans ce cas, ça reste la galère, parce que je dois traverser deux parkings de résidences privées. Quand une rue ferme, ce sont toujours les pauvres qui s’adaptent », se désespère-t-il. « Le chemin des bestiaux était en pente douce, c’était parfait pour revenir avec mes courses », complète Lina, une femme âgée qui porte son chariot pour monter les escaliers devenus glissants par temps de pluie.